Collectivité de Saint-Martin : une gestion, des recrutements et des choix politiques à l’origine d’un gouffre financier

Rue de la Collectivité, Marigot, Saint-Martin
Un rapport de la Chambre territoriale des comptes évoque "une situation financière très inquiétante" à la Collectivité territoriale de Saint-Martin. Les magistrats en ont scruté les finances, à partir de 2019. Si le dossier du traitement des sargasses est plutôt bien maîtrisé, la gestion et certains choix politiques risquent de réduire très nettement la marge de manœuvre de la majorité actuelle.

À propos de la collectivité de Saint-Martin, le rapport de la Chambre territoriale des comptes décrit une administration qui peine, malgré certains progrès, à gérer son fonctionnement et le développement du territoire.

Des projets en souffrance

Sept ans après le passage dévastateur de l’ouragan Irma, seuls 53 millions d’euros ont été engagés pour la reconstruction des infrastructures publiques, sur un total prévisionnel de 230 millions. Ce cas concret est une illustration, selon la Chambre, de difficultés chroniques, relevées dans tous les services de la Collectivité, à définir les besoins, contrôler la passation de marchés, le suivi et la réalisation du service effectué.
Autre exemple récent : la construction du collège 900 de La Savane. Ce projet a pâti de quatre années de retard et d’un surcoût de près de 35 millions d’euros, largement financé cependant par l’Etat.

Des recrutements qui interrogent

La Chambre note une dégradation "spectaculaire et inquiétante de la situation financière" depuis 2022, date du changement de gouvernance. En cause, l’effondrement des ressources d’environ 20 millions d’euros et l’explosion des charges de personnel, avec le recrutement de 188 agents dont, notent les magistrats, plusieurs membres de la famille du président et du premier vice-président ; ces embauches représentent un total de 17,5 millions d’euros.
La trésorerie substantielle de 2022 a fondu comme neige au soleil.

La CTC juge que la Collectivité ne dispose plus aujourd’hui de recettes propres pour couvrir son cycle de fonctionnement ; elle n’est plus potentiellement en capacité de rembourser sa dette, ni de financer ses projets d’investissement.

Des choix politiques coûteux

La reprise partielle de la compagnie aérienne Air Antilles, jugée risquée financièrement, tout comme la création d’une école de management public aux contours imprécis, viennent grever davantage les capacités budgétaires de la Collectivité, selon les magistrats financiers. Ces initiatives ont été prises alors que les comptes sont estimés non fiables et les résultats de la gestion insincères, faute d’outils et d’actions pour les rendre conformes.