Le conflit autour de la frontière entre Saint-Martin et Sint Maarten résolu avec la signature d'un accord le 26 mai

Saint-Martin
La France et les Pays-Bas sont enfin arrivés à un consensus concernant la frontière séparant les deux parties de l'île de Saint-Martin. La signature officielle d'un accord est prévue le 26 mai prochain, ont annoncé le président de la Collectivité, Louis Mussington et le préfet, Vincent Berton.

En partie française, l'annonce a été faite mercredi (17 mai 2023) lors d'une conférence de presse à laquelle participait également le préfet de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Vincent Berton.

Louis Mussington, président de la Collectivité de Saint-Martin et Vincent Berton, préfet de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, le 17 mai 2023


Même exercice du côté hollandais, où la Première ministre de Sint Maarten, Silveria Jacobs a convoqué la presse la semaine dernière pour cette déclaration historique. 

Un accord historique

Ainsi, l'accord fixant juridiquement le tracé de la frontière d'Oyster Pond, entre Saint-Martin et Sint Maarten sera signé le 26 mai prochain.
Un accord longtemps attendu, qui devrait "définir de manière précise et claire notre frontière avec Sint Maarten, tout en préservant la libre-circulation établie par le traité de Concordia de 1648" s'est félicité Louis Mussington, président de la collectivité de Saint-Martin. 

Et pour cause, cela fait plusieurs années que ce problème cristallise les tensions. L'emplacement de la frontière n'a jamais fait l'objet d'un consensus entre la France et les Pays-Bas.
D'où l'importance de cette signature annoncée.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et Jean-François Carenco, ministre délégué en charge des Outre-mer, seront les représentants de l'Hexagone. La partie hollandaise sera représentée par la Première ministre de Sint Maarten, Silveria Jacobs. 
Cette dernière a par ailleurs déclaré que les changements n’affecteront pas la superficie des deux parties de l’île. 

Des tensions depuis des années

Le tracé de la frontière de Cupecoy à Oyster Pond comportera 348 points. Les modifications les plus visibles seront à Oyster Pond qui constituait jusqu'ici un problème majeur, causant des désaccords entre les deux pays depuis plusieurs années.
Cette "frontière d'usage" n'a jamais été officiellement délimitée, ni confirmée par les deux Etats, a précisé Vincent Berton. Chaque Etat revendiquait pourtant une partie plus ou moins importante de l'étang d'Oyster Pond, malgré les termes du Traité de Concordia. Pour les Hollandais, la mer appartient à Sint Maarten et la terre à Saint-Martin, la frontière passant au niveau du littoral. Mais côté français, on estime que la frontière passe au milieu de l’étang, en vertu du droit public international.

En 2016, les relations s'étaient tendues en raison d'un contrôle réalisé par la gendarmerie française sur un chantier de rénovation de la marina du Captain Oliver, réalisé par les Hollandais. 
Un chantier illégal et des ouvriers non déclarés avaient poussé les autorités françaises à cesser les travaux, ce qui avait provoqué la colère du Premier ministre de Sint Maarten de l'époque, William Marlin, qui avait crié à la "violation de souveraineté". 

Aucune partie lésée 

Les deux parties sont depuis revenues à de meilleurs sentiments... Des discussions ont abouti à cet accord dont la signature permettra un tracé clair.
"La frontière traversera désormais le milieu de l'étang, donnant ainsi une part égale de l'eau aux deux côtés. La partie sud d'Oyster Pond sera conservée par Sint Maarten et la partie nord par Saint-Martin" a affirmé Silveria Jacobs.

Pour Louis Mussington, "il s’agit d’une excellente nouvelle pour tous les Saint-Martinois, français et néerlandais. La question de la frontière d'Oyster Pond a suscité des préoccupations et des questions pendant longtemps. Et sa résolution ouvrira la voie à une relance économique et urbanistique tant attendue".

Ce texte à visée juridique devrait permettre le développement et la reconstruction d'Oyster Pond, particulièrement touché par le cyclone dévastateur Irma, en 2017. Un quartier "dont la reconstruction n’a pas pu avoir lieu depuis, dû à ce manque juridique, à savoir si c’est le droit français ou hollandais qui s’applique sur les questions d’urbanisme, environnementale etc." a expliqué le préfet, lors de la conférence de presse.