Bien qu’avec une liste de moins qu’en 2017, la bataille des élections territoriales, qui opposera sept têtes de liste, s’annonce très disputée à Saint-Martin.
Il n'en est pas moins vrai que ces candidatures sont proposées à un électorat qui montre une certaine désaffection, voire de la méfiance envers la classe politique.
Lors du dernier scrutin, l’abstention avait dépassé les 55% en moyenne, sur les deux tours.
Cela laisse peu de chances à une victoire dès le premier tour, fut-ce pour le président sortant Daniel Gibbes, vainqueur au second tour, en 2017, en raflant 18 des 23 sièges de la Collectivité.
Daniel Gibbes
L’explosion de la majorité de Daniel Gibbes, en début d’année, avec un total de huit dissidents, n’a pas rendu aisée la tâche du leader de "Team GIBBS 2022". Seuls cinq élus sortants l’accompagnent à nouveau. Les autres colistiers, plus jeunes, font pour certains leurs premiers pas à ce stade de la politique.
Ce qui n’entame pas la confiance de la tête de liste, qui a selon ses dires "une mission à terminer (...) celle que vous m’avez confiée en 2017". Une mission gravement entravée par l’ouragan Irma et les crises sociale et sanitaire, martèle-t-il pour justifier la nécessité d’un nouveau mandat.
Les élus partis de la majorité ont choisi des trajectoires diverses.
Valérie Damaseau
La première vice-présidente de la Collectivité, Valérie Damaseau, a longtemps hésité avant de se lancer, ne s’y retrouvant pas dans l’offre politique actuelle. Elle dit ne pas vouloir "trahir (des) valeurs" que la cheffe d’entreprise de 38 ans dit avoir cultivé, dès son plus jeune âge, au sein d’une famille de huit enfants, qui ont grandi sans père, dans le village populaire de Quartier d’Orléans. Des valeurs d’union, d’écoute et de fraternité, qui sont partie prenante de son programme à l’intitulé explicite : "Alternative".
Yawo Nyuiadzi
Deuxième vice-président et président directeur général de la SEMSAMAR, l’opérateur immobilier saint-martinois implanté aux Antilles et en Guyane, Yawo Nyuiadzi mise lui aussi sur l’unité. Originaire du Togo, cet ancien expert comptable fait équipe avec des colistiers issus de toutes les communautés.
"L’avenir de Saint-Martin ne peut se construire qu’avec chacun de nous", précise-t-il.
Et les nombreux et nouveaux arrivants de sa liste seront encadrés par Sofia Carti-Codrington et Maud Ascent-Gibbs, autres dissidentes de la majorité sortante, ainsi que par un vieux lion de la politique, côté coulisses : l'homme d’affaires Jean-Paul Fischer, premier directeur général de la SEMSAMAR. Ce dernier fait donc son entrée sous les projecteurs, motivé par "la désespérance et la misère qui règne à Saint-Martin". "Il faut réagir', affirme-t-il.
Jules Charville
Alliés au second tour et élus en 2017, les conseillers territoriaux d’opposition Jules Charville et Louis Mussington partent cette fois chacun de leur côté.
Jules Charville, leader de "Hope Party", veut "restaurer la confiance et reconstruire Saint-Martin" que le président sortant "a mené au crash", selon ses propos.
Pour cela, l’entrepreneur, entouré lui aussi d’une équipe plutôt jeune, prévoit de mettre en place, dès son élection, "un plan d’urgence de 100 jours", constitué essentiellement de mesures économiques et sociales.
Louis Mussington
Le "Rassemblement Saint-Martinois" a réussi à mettre de côté la rivalité entre Louis Mussington et Alain Richardson, qui n’ont pas réussi à faire alliance au deuxième tour du précédent scrutin.
L’ancien président de la Collectivité est désormais derrière celui qu'il qualifie de "futur président Mussington", en compagnie notamment de Frantz Gumbs, lui aussi ex-premier exécutif et du Dr Hubert Petit, dont le père fut maire de Saint-Martin. Pour le RSM, "le pays est en crise" et il faut avant tout s’occuper de la jeunesse.
Jacques Hamlet
La jeunesse est également au cœur des préoccupations de Jacques Hamlet, alias Billy D sur SOS Radio, station sur laquelle il tient débat à longueur d’année.
L’homme d’affaires s’indigne de la situation actuelle d’une île qui a un gros potentiel de développement. "Il faut tout faire pour garder nos jeunes sur place et faire revenir les autres, pour assurer l’avenir du pays".
Pour lui, le tourisme doit rapporter bien plus qu’aujourd’hui. Une croissance qui permettrait de porter le SMIC à 2000 euros par mois. Un bon salaire, conforté par une éducation performante, autre cheval de bataille du chef de file de "I Love Saint-Martin, Saint-Martin with you", permettrait aux jeunes en marge de la société de concrétiser un projet de vie.
Julien Duclos
Eduquer oui, mais d’abord aux droits civiques. Julien Duclos se dit convaincu que les Saint-Martinois, particulièrement ceux des quartiers défavorisés de Sandy Ground et Quartier d’Orléans, doivent prendre conscience de leur rôle, pour pouvoir peser sur les décisions qui les engagent.
A la tête de "Social SXM Power 4 All", le jeune chef d’entreprise cultive une empathie qui trouve ses sources dans le caractère "friendly island" de son île.
Parmi les propositions du candidat : un allègement fiscal, la priorité à l’emploi local, un plus grand essor du tourisme et une agriculture durable.
"Je ne serai pas un président pour dire qu’il faut faire, mais pour écouter et répondre à cette jeunesse (...) qui n’est pas forcément mise en avant".
Au programme également : la lutte contre l’insécurité et la corruption, mais aussi la construction d’une prison, au chapitre des infrastructures à mettre en place.