Mobilisation des parents d’élèves de Terre-de-Haut : "On veut une maîtresse !"

Mobilisation des parents d'élèves devant l'école primaire de Terre-de-Haut - 09/01/2025.
Elèves du premier degré à Terre-de-Haut réclament désespérément des enseignants ! Ils font les frais de l’absence de professeurs titulaires et du va-et-vient des remplaçants, ils manquent des heures de cours et leur suivi éducatif laisse à désirer ; cela, depuis septembre 2024. Pour leurs parents "Ça suffit !". Ces derniers se sont mobilisés, ce jeudi. Ils ont laissé éclater leur colère.

"Vous avez vu ma maîtresse ?"
"Mon maître ne me connaît pas".
"On veut un enseignant !"
Les slogans affichés sur les palettes bloquant l’accès à l’école primaire de Terre-de-Haut, ce jeudi matin (9 janvier 2025), sont éloquents !

Mobilisation des parents d'élèves devant l'école primaire de Terre-de-Haut - 09/01/2025.

Parce qu’une enseignante manque à l’appel depuis la rentrée scolaire de septembre 2024, les parents d’élèves sont mobilisés sur place aujourd’hui. Cette situation est "désastreuse" estiment-ils ; elle impacte les élèves de la classe de CM1/CM2, qui ont déjà manqué un grand nombre d’heures de cours cette année scolaire.
Et ils ne sont les seuls de cet établissement...

Une enseignante titulaire absente, des remplaçants épuisés de faire l’aller-retour

Les CM1/CM2 n’ont jamais vu la titulaire du poste, en arrêt maladie depuis le 1er septembre.
Celle-ci a certes été remplacée, mais les cinq professeurs des écoles qui ont été ponctuellement affectés à cette mission, ont exercé dans des conditions difficiles. Obligés de faire quotidiennement l’aller-retour depuis la Guadeloupe dite "continentale" et "contraints par les horaires des bateaux", ils arrivent sur l’île à 8h45 et repartent à 15h30, alors que la classe va officiellement de 8h00 à 16h00, expliquent les parents qui dénoncent "Une véritable valse des enseignants !".

Non ! Ce n’est pas viable ! Quelqu’un qui a une famille ne peut pas faire l’aller-retour, tous les jours, et arriver, être frais et dispenser un enseignement identique à celui qui réside sur place. C’est matériellement et physiquement impossible !

Christelle Judes, parent délégué de la classe de CM1/CM2

Une des remplaçants, après avoir été soumise à ce régime et mis toute sa bonne volonté au service des élèves durant plusieurs jours, a jeté l’éponge après les vacances de la Toussaint. Idem, pour les autres collègues.

Les élèves de CM1/CM2 sont régulièrement dispatchés dans les autres classes, déjà surchargées et à niveaux multiples.

Le rectorat a proposé une récupération des heures de cours perdues, lors de "stages de réussite" qui seraient organisés durant les vacances scolaires.

Donc, ces enfants, qui n’ont rien demandé, mais qui perdent des heures de cours, vont perdre une partie de leurs vacances pour avoir une scolarité ! Non ! Ce n’est pas une solution !

Christelle Judes, parent délégué de la classe de CM1/CM2

Mobilisation des parents et des élèves devant l'école primaire de Terre-de-Haut - 09/01/2025.

 

3 enseignants sur 5 en arrêt maladie

Cette situation n’est pas la seule qui pose problème, dans cette commune doublement insulaire.
Les tout-petits sont eux aussi privés d’enseignant, notamment.
Sur les cinq professeurs du primaire de l’île, trois sont en arrêt maladie, selon les parents d’élèves.

Parmi les propositions des autorités académiques, il est question de la mobilisation d’un assistant d’éducation venu du collège, pour "surveiller" les élèves de la classe entière de maternelle, soit les 30 élèves des trois niveaux. La professeure documentaliste du second degré serait aussi à cheval sur le primaire et le collège...
Mais, dès lors, ce sont les collégiens qui sont victimes de carences...

C’est donc un "enseignement au rabais" qui est réservé aux jeunes de l’île, s’interrogent les parents, qui voient souvent les enfants dans la cour de récréation, comme si l’école n’était qu’une garderie ? 

On a le sentiment d’être délaissés ! On ne va plus accepter cela ! Terre-de-Haut, on la voit comme la carte postale, elle est affichée dans tous les médias pour faire de la pub à la Guadeloupe. Mais qu’en est-il de la population qui est sur place et qui demande à avoir les mêmes droits fondamentaux de la République que tout Français ?

Christelle Judes, parent délégué de la classe de CM1/CM2

Statu quo

En l’absence de la directrice de l’école, c’est le principal du collège de Terre-de-Haut qui est venu au-devant des parents très en colère, comme facilitateur. L’échange s’est révélé houleux.

Les parents d’élèves, très remontés, ont participé à une visio-conférence à 10h00, dans les locaux de la mairie de Terre-de-Haut, en présence du maire Louly Bonbon et de représentants du rectorat.

Leur objectif était qu’une solution soit trouvée urgemment et pour le long terme, avec un enseignant qui dort sur l’île.
Au final, ils ont été très déçus, une fois de plus.

La solution qui est proposée par l’inspectrice est la même qu’au mois de septembre, en fait. Ce sont des bricolages, avec des enseignants du collège, qui viennent enseigner en primaire : une professeure documentaliste, qui n’était même pas au courant qu’elle changeait de poste. Elle n’est pas arrivée à l'heure ce matin. Une AED du collège doit s’occuper de 30 élèves de maternelle. Nos enfants ont droit à de la garderie ! Les différents enseignants ont refusé le logement mis à disposition par le maire.

Rémy Cassin, parent d’élève de la classe de CM1/CM2

Les parents ont opposé une fin de non-recevoir. Leur mouvement est maintenu.
Les élèves, quant à eux, patientaient à l’extérieur...