À Kerangon, un secteur isolé, en pleine campagne, entre Sainte-Anne et Le Moule, l’absence de réseau électrique a longtemps contraint les habitants à se tourner vers des solutions alternatives comme les panneaux solaires.
Pour Françoise Thima, 78 ans, cette situation fait partie du quotidien depuis vingt ans. "Tous les soirs, je ferme mes portes très tôt. Il fait nuit noire... Il y a des insectes et des animaux à l'extérieur. Je ne veux pas qu'ils entrent chez moi", confie-t-elle.
Ses panneaux solaires, bien qu'indispensables, ne suffisent pas toujours à alimenter sa maison. "Lorsqu'il pleut, nous devons tous gérer pour que certains ne soient pas sous le coup de délestages. Je suis habituée, je fais avec... C'est ce que j'ai à ma disposition", ajoute Françoise.
Pourtant, un changement majeur est en cours, grâce à la détermination des résidents. Après six années de démarches et de mobilisation collective, les habitants de Kerangon, réunis au sein de l’association "Douvan Douvan Pou Kerangon", ont obtenu le lancement d’un projet d’extension et de mise en conformité du réseau électrique.
La mobilisation des riverains
Gladys Thima, fille de Françoise, est à l’origine de cette mobilisation. Vivant hors du quartier, elle s’est lancée dans ce projet pour améliorer la qualité de vie de sa mère et de ses voisins. "Je suis passée de maison en maison. Je leur ai dit : je vous présente un dossier que j'ai commencé il y a deux ans. Tout le monde était là. Nous étions plus de 100", raconte-t-elle.
En unissant les habitants, Gladys a permis la création de l'association, qui est devenue un moteur essentiel pour sensibiliser et défendre les intérêts de ce quartier isolé.
Avec le soutien du Sy.MEG et de la municipalité de Sainte-Anne, cette organisation a ainsi pu concrétiser la première phase des travaux : l’installation d’un poste haute tension, indispensable pour raccorder le quartier au réseau électrique.
Un défi collectif
Les résidents de Kerangon, n’ayant pas de permis de construire, ont dû prendre en charge le coût du raccordement basse tension, estimé à 200 000 euros.
Grâce aux efforts financiers des habitants, plus de la moitié de cette somme a déjà été couverte. "Ce sont des pétitionnaires qui sont sans autorisation d'urbanisme, donc sans permis de construire donc, il a fallu qu'ils prennent entièrement à leur charge le coût du raccordement basse tension. Ils ont déjà payé plus de la moitié des 200 000 euros dus. Quand ils auront soldé cette somme, nous allons pouvoir passer à la deuxième phase qui est le raccordement des maisons au réseau électrique", explique Daniel Dulac, président du Sy.MEG.
Ce projet, dont le coût total s’élève à 504 292,09 euros, vise à connecter Kerangon au réseau d’ici la fin de l’année.
Une réalisation qui changera radicalement la vie quotidienne des 52 foyers concernés, apportant enfin l’électricité à des familles habituées à s’éclairer avec parcimonie.
Ce projet d’envergure est le fruit d’une collaboration tripartite entre les habitants, la mairie de Sainte-Anne et le Sy.MEG. Afin de réduire les coûts, le syndicat encourage les usagers des zones rurales de Guadeloupe à se regrouper pour faire une demande commune, comme l’ont fait les habitants de Kerangon.