Sécurité routière : un spot choc, contre le refus de priorité

"An ké ni tan pasé" : spot choc sur le refus de priorité ©Moto-école Malik Maximin / Association K13
Trop souvent, sur la route, les deux-roues se voient refuser leur priorité, par les automobilistes. Parfois, l’accident est inévitable. Les motocyclistes, qui n’ont ni pare-chocs, ni airbag, sont alors bien davantage exposés que les occupants des voitures. Ce sont cette réalité et l’issue fatale possible de tels comportements, qui sont mis en exergue dans le clip réalisé par l’association K13.

"An ké ni tan pasé" [Traduction : "J’aurai le temps de passer"] est le titre d’un spot de prévention routière qui met en scène une situation dangereuse particulièrement fréquente, notamment sur les routes de Guadeloupe.
"An ké ni tan pasé", c’est ce que s’est dit un automobiliste arrêté à un "Stop", qui a vu venir à sa gauche un motard, mais qui s’est quand même engagé, refusant au deux-roues sa priorité.
Et parce que ce conducteur a faussement cru qu’il aurait eu le temps de passer, il a provoqué un accident. La suite est à voir dans la vidéo très éloquente, ci-dessus.

Un clip qui secoue et fait réfléchir

Le dialogue improbable post-accident entre les deux protagonistes, le conducteur et le motard, est dénué de ressentiment. Tous deux sont simplement désolés de ce qui est arrivé.
Comme chacun, après un accident, le fautif se dit qu’il aurait agir autrement, s’il avait su.
Mais le mal est fait.

Le pilote du deux-roues, qui ne roulait qu’à 60 km/h, a été éjecté au-delà de la voiture qu’il a percutée. L’issue est fatale.

Cette réalisation est signée par l’association K13 et la moto-école "Malik Maximin" du Moule.
Les rôles sont interprétés par le chanteur guadeloupéen Matieu White (le conducteur) et le co-porteur de projet Nico-Ludgy Olivier (le motard).

Cette équipe a répondu à l’appel à projets "Sécurité routière 2022", lancé en décembre 2021 et son dossier a été retenu. Elle a souhaité mettre en exergue des facteurs aggravants d’accidents courants : le refus de priorité, la sous-évaluation de la vitesse de la moto (même si elle ne roule pas vite), le mauvais partage de la route, le manque de considération pour l’usager vulnérable.

D’autres projets à venir

Une vingtaine d’autres projets a été validée et co-financée par l’Etat, pour 2022.
Une série d’autres vidéos pédagogiques, à l’initiative de l’association K13, est notamment à venir en 2023, sur la thématique des deux-roues motorisés.

La préfecture a retenu les dossiers portant sur des actions de prévention innovantes et efficientes, pour faire reculer les nombres d’accidents et de victimes de la route. Cette année, les trois enjeux locaux prioritaires définis étaients :

  • La vitesse, facteur aggravant présent dans 25 à 35% des accidents par an ;
  • Les deux-roues (cyclos, motos, vélos), catégorie d’usagers vulnérables représentant environ 50% des tués, chaque année ;
  • L’alcool et les stupéfiants, facteurs aggravants présents dans 30 à 40% des accidents mortels.

Encore trop de victimes

38 personnes sont mortes dans des accidents sur les routes de Guadeloupe, depuis janvier 2022.
Parmi elles, 2 étaient en cyclomoteur et 15 à moto. En comptant les 6 piétons tués, les usagers vulnérables représentent plus de 60% des morts.
Le dernier motard à perdre la vie avait 46 ans ; c’était hier (mercredi 9 novembre 2022), lors d’un accident avec une voiture, aux Abymes.

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Certes, le nombre de victimes est en baisse, par rapport à 2021 (51 tués à la même date, soit -26%). Mais pouvons-nous nous contenter de cette maigre satisfaction, quand encore tant de familles sont si subitement endeuillées ?

Et si nous passions tous du "An ké ni tan pasé", au "Ban atann tibwen, sé priorité ay" [Traduction : "J’attends. Il est prioritaire"] !