SEISME : le Big One, mythe ou réalité ?

Photo aérienne de l'OVSG-IPGP.
Le monde prédit la survenance d'un séisme Big One.
Autre idée reçue : l'interdépendance sismicité/volcanisme.
Quel est le mot du scientifique, sur ces questions ?


 
La prudence, quant aux annonces faites : telle est l’obligation à laquelle doivent se conformer les scientifiques.
Les séismes sont une réalité, dans notre zone géographique. Mais pas question de prédire, ni quand la terre va trembler, ni avec quelle force !
Les chercheurs s’appuient sur des statistiques, pour évoquer des probabilités... rien à voir avec des prédictions !

Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Roberto MORETTI, Directeur de l’OVSG-IPGP, l’Observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe – Institut de physique du globe de Paris.

Extrait de cette interview réalisée par Nadine FADEL :

Alerte Guadeloupe : Avec les séismes, c’est la double punition ; ils peuvent provoquer des réactions en chaîne ?

Roberto MORETTI :
On sait bien que l’on est sur une zone de subduction*. C’est la particularité des Antilles. C’est une zone
très active. Au niveau régional, il y a une forte sismicité et des volcans. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a une liaison de cause à effet séisme/éruption. Quoiqu’il en soit, les deux phénomènes font partie d’un ensemble turbulent, lié au fait d’être dans une zone de subduction. Concernant la Soufrière, certains ont essayé de démontrer une corrélation, mais il n’y a pas de relation directe entre les secousses et le volcan. Les choses sont assez indépendantes. Un gros séisme, en Guadeloupe ou en Martinique, ne va pas générer obligatoirement un problème volcanique.

A.G. : Est-ce que vous avez observé un regain d’activité ?
               
R.M. :
Non. Sur l’activité géophysique et sismique, non. Mais il faut regarder le catalogue (c'est-à-dire les informations connues sur ce type de phénomènes). Par exemple (j’invente), s’il y avait eu trois séismes proches de la Martinique, la semaine dernière... aujourd’hui, on serait tenté de parler de « regain d’activité ». Mais la réalité, c’est que ces repères ne suffisent pas à établir des statistiques ; ce n’est que perception personnelle. Mais non ! Il faut regarder sur plusieurs années pour tirer ce genre de conclusions.

« Au regard du phénomène de récurrence, on peut toujours s’attendre à ce qu’un séisme important survienne ; ce, dans chaque région géodynamique »

A.G. : Beaucoup parlent d’un « Big One »** (tremblement de terre de très forte magnitude) imminent...? Quel est l’avis du scientifique ?
               
R.M. :
Le « Big One » est effectivement évoqué dans plusieurs places de la planète. D’un point de vue sismique, il y a toujours un séisme important qui peut être attendu dans chaque région géodynamique. C’est une constante. C’est encore le catalogue qui le dit. Mais on ne connaît les séismes que depuis une certaine période de l’histoire humaine ; quand il y a eu quelqu’un pour mesurer et noter ces données. Donc, d’un point de vue statistique, il y a un manque d’information. Mais, par rapport au savoir actuel, on sait qu’il y a eu des séismes, de magnitudes importantes, enregistrés dans chaque zone géodynamique... et qui peuvent se reproduire. Elles sont là les références, pour le « Big One », dans chaque région. Mais attention ! Ce ne sont que des probabilités !
Pour aller plus loin /
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* La subduction est le processus d’enfoncement d’une plaque tectonique sous une autre plaque ; aux Antilles, une plaque tectonique océanique s’incurve et plonge sous une plaque continentale.

** A lire l’article aussi « Séismes aux Antilles : le risque du "Big one" [DECRYPTAGE] »