SOUFRIÈRE : regain d’activité, mais niveau de vigilance inchangé, début 2018

La chaîne montagneuse basse-terrienne vue depuis Petit-Bourg.
Les éruptions phréatiques sont les plus fréquentes, sur la Soufrière. La période de récurrence de ce type de scénario serait comprise entre 20 et 50 ans. Or, la dernière du volcan qui surplombe le Sud Basse-Terre, de ses 1 467 mètres d’altitude, a eu lieu en 1976… il y a 42 ans.
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Roberto MORETTI, Directeur de l’OVSG-IPGP, l’Observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe – Institut de physique du globe de Paris. 

Extrait de cette interview réalisée par Nadine FADEL :

Alerte Guadeloupe : La Soufrière... une épée de Damoclès, sur la tête des Guadeloupéens ?

Roberto MORETTI :
Haaaa... je vous dirai que n’importe quel volcan est une épée de Damoclès sur la tête des citoyens qui se trouvent autour ! On peut s’attendre à ce qu’un jour – un « jour » générique... cela ne veut
pas dire demain, ou après-demain – il fasse le volcan, c'est-à-dire qu’il va avoir une activité éruptive.

A.G. : La dernière fois, c’était il y a 42 ans. Ça commence à faire long ? Est-ce que l’échelle de temps compte ?
               
R.M. : 
Votre demande est typiquement une question de prévision. C’est un concept « probabilistique », or, la probabilité est une chose méchante. Parce qu’une chose probable peut ne jamais arriver. Je vais découper ma réponse, en bon scientifique. Il y a la prévision sur le long terme et celle à court terme.
Le long terme se base sur un catalogue, qui reprend toutes les informations disponibles sur le phénomène. Sur la base de ce catalogue, on ne peut pas nier que la Soufrière se trouve dans une période de probabilité qu’il y ait une activité comme celle de 1976, phréatique... même si on ne peut pas exclure une autre probabilité, plus faible, quant à d’autres types de scénarios éruptifs (notamment avec émission de magma).
A court terme, la surveillance devient fondamentale. D’où le fait que nous fassions l’acquisition de tous les paramètres physiques et chimiques, qui permettent de suivre l’évolution du système. On fait du « monitoring », constamment, pour savoir quelle est la tendance. Ainsi, jour après jour, à chaque mesure ajoutée, on obtient des réponses un peu plus fiables que la veille. 

« Sur le long terme, on est dans une période de récurrence, par rapport aux évènements de 1976. Sur le court terme, on observe un regain d’activité. »

A.G. : Restons, donc, sur le court terme ; qu’observez-vous actuellement ?
               
R.M. :
Il y a eu un regain d’activité. A un certain moment, en début d’année 2018, l’activité du volcan est devenue un peu plus forte, d’un point de vue sismique. Une activité sismique qui s’est un peu calmée, après la grosse secousse de fin avril(1).
En plus des fumerolles, il y a beaucoup d’autres indicateurs scientifiques, qui nous permettent de comprendre l’état de température et de pression du système hydrothermal. Ils nous disent que la cloche – comme une cloche sous pression – est un peu plus sollicitée. Pour l’instant, on est encore dans le niveau « jaune »(2)... même si le changement peut arriver de manière soudaine. On est là pour essayer de comprendre quand est-ce que ça pourrait aller plus loin. Mais nous flirtons toujours avec une certaine probabilité. On ne peut pas avoir de certitude totale, avec certains phénomènes.

 
Pour aller plus loin /
http://www.ipgp.fr/fr/ovsg/observatoire-volcanologique-sismologique-de-guadeloupe
https://fr-fr.facebook.com/ObsVolcanoSismoGuadeloupe/

(1) De nombreux Guadeloupéens ont ressenti un séisme de magnitude 4,8 sur l’échelle de Richter, le 17 avril 2018 ; une autre secousse de magnitude 3,8 a suivi, le 27 avril, localisée à 8 km de profondeur, dans le Sud Basse-Terre.

(2) A consulter, sur Alerte Guadeloupe, les niveaux d'alerte volcanique, dans l'article "ÉRUPTIONS VOLCANIQUES/ Les infos pratiques".

A lire aussi, sur le BLOG DES EXPERTS : « SOUFRIERE / Regain d'activité en début d'année 2018. »
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