Le cycliste guadeloupéen Yohann Gène, évoluant à Direct Energie, dans l'Hexagone, a accordé une interview à l'Equipe, dans laquelle il évoque le racisme dans le cyclisme. Racisme dont a également été victime Kévin Reza, en avril dernier, sur le Tour de Romandie.
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C'est une interview sans tabou qu'a livré Yohann Gène, au magazine l'Equipe. Pour la première fois, il parle sans détour de son quotidien, dans le monde du cyclisme. Pour mettre en garde contre les dérives racistes.
S'il est le sport roi chez nous, difficile d'imaginer ce qu'il s'y passe, à des milliers de kilomètres pour nos compatriotes. Toutefois, ce n'est pas un secret, outre-atlantique, le monde du vélo n'est pas un univers où s'affiche la diversité.
Yohann Gène et Kévin Reza évoluent dans l'Hexagone depuis de nombreuses années. En plus des efforts et sacrifices exigés par leur sport, ils ont également dû faire face aux remarques, réflexions et comportements racistes au sein du peloton.
Des propos qui n'ont pas choqué le cycliste... Bien au contraire, "c’était plutôt une source de motivation supplémentaire." En effet, sa réponse au racisme ambiant, travailler encore plus dur.
"Ça n’a pas toujours été facile, on entendait les réflexions de certains étrangers, qui demandaient ce que deux noirs faisaient là. D’ailleurs, ils ne parlaient pas vraiment de Noirs, ce n’était pas leur terme exact."
Et pour cause, le terme est plus humiliant. Ils parlent de "négro". "Oui, on m’a traité de négro… Ça faisait mal car ça rappelle toujours l’histoire de nos ancêtres."
Le Guadeloupéen a également essuyé des remarques au sein de sa propre équipe. Avec toujours ce sentiment de devoir prouver sa valeur, plus que les autres, de se battre plus qu'un Blanc pour justifier sa présence chez les pros.
Gène veut aujourd'hui sensibiliser les consciences. "Je n’ai pas fait ces sacrifices pour tout garder pour moi. J’ai envie de partager ce que j’ai vécu, ce que j’ai appris chez les pros."
En attendant que les mentalités changent... Mais ce n'est pas pour tout de suite... Il y a quelques mois, il avait été révolté par les insultes racistes adressées à Kévin Réza sur une étape du Tour de Romandie.
Ce n'était pas la première fois que le coureur de la FDJ, qui a côtoyé Yohann Gène, lors de leurs années à Europcar, était victime de ce type de comportement.
En 2014, sur le Tour de France, le Suisse Michael Albasini avait déjà proféré des insultes racistes à l’encontre de Réza, alors que les deux coureurs appartenaient à une échappée à quatre. "J’ai compris son énervement. Je ne relayais pas. J’avais des consignes. Albasini m’a dit: "F... Negro" Je lui ai demandé de répéter. Il s’est tu. Je l’ai senti mal à l’aise. Ailleurs qu’au Tour, je pense que je me serais arrêté et qu’on en serait venu aux mains. On ne se dit plus bonjour."
Heureusement, le coureur peut compter sur le soutien indéfectible de certains coéquipiers et dirigeants, comme Jean-René Bernaudeau. Il avait publiquement accusé Albasini, à l'époque. "Je ne tolère pas le racisme. Après le dopage, c’est l’autre fléau de ce sport... C’est inacceptable, inadmissible.", racontait alors Bernaudeau.
Réza confie à L’Equipe: "Là aussi, j’aurais voulu régler l’affaire sans qu’elle prenne d’énormes proportions. C’est très grave, mais je ne suis pas le porte-parole d’une organisation qui lutte contre le racisme. Je veux qu’on parle de moi comme d’un coureur cycliste."
Il veut juste continuer à faire du vélo, sa passion.
S'il est le sport roi chez nous, difficile d'imaginer ce qu'il s'y passe, à des milliers de kilomètres pour nos compatriotes. Toutefois, ce n'est pas un secret, outre-atlantique, le monde du vélo n'est pas un univers où s'affiche la diversité.
Yohann Gène et Kévin Reza évoluent dans l'Hexagone depuis de nombreuses années. En plus des efforts et sacrifices exigés par leur sport, ils ont également dû faire face aux remarques, réflexions et comportements racistes au sein du peloton.
Sa réponse au racisme, le travail
Pour Gène, l'aventure commence grâce à Jean-René Bernaudeau, son directeur sportif, qui lui a permis de lancer sa carrière en Hexagone, et en Europe. Bernaudeau croit en deux Guadeloupéens, Yohann Gène et Rony Martias, l'Ansois, qu'il intègre à l'effectif de stagiaires au sein de la formation Brioches La Boulangère. Une décision que le coureur de Direct Energie qualifie de culottée, "parce qu'on était noirs. Rony et moi entendions des gens parler dans le dos de Jean-René et même plus tard, quand on est passés professionnels, certains managers racontaient que c’était plus un coup marketing de sa part."Des propos qui n'ont pas choqué le cycliste... Bien au contraire, "c’était plutôt une source de motivation supplémentaire." En effet, sa réponse au racisme ambiant, travailler encore plus dur.
"On m'a traité de négro"
Des comportements inqualifiables qui durent, même quand le coureur est passe professionnel."Ça n’a pas toujours été facile, on entendait les réflexions de certains étrangers, qui demandaient ce que deux noirs faisaient là. D’ailleurs, ils ne parlaient pas vraiment de Noirs, ce n’était pas leur terme exact."
Et pour cause, le terme est plus humiliant. Ils parlent de "négro". "Oui, on m’a traité de négro… Ça faisait mal car ça rappelle toujours l’histoire de nos ancêtres."
"Oui, on m'a traité de négro... Ça faisait mal car ça rappelle toujours l'histoire de nos ancêtres."
Yohann Gène
Le Guadeloupéen a également essuyé des remarques au sein de sa propre équipe. Avec toujours ce sentiment de devoir prouver sa valeur, plus que les autres, de se battre plus qu'un Blanc pour justifier sa présence chez les pros.
Gène veut aujourd'hui sensibiliser les consciences. "Je n’ai pas fait ces sacrifices pour tout garder pour moi. J’ai envie de partager ce que j’ai vécu, ce que j’ai appris chez les pros."
En attendant que les mentalités changent... Mais ce n'est pas pour tout de suite... Il y a quelques mois, il avait été révolté par les insultes racistes adressées à Kévin Réza sur une étape du Tour de Romandie.
"Je veux qu'on parle de moi comme d'un coureur cycliste"
Le 28 avril dernier, à Payerne, lors de l'arrivée de la course à étapes, Kevin Réza, d'origine guadeloupéenne a été la cible de commentaires racistes de la part de Gianni Moscon, coureur de la Sky.Ce n'était pas la première fois que le coureur de la FDJ, qui a côtoyé Yohann Gène, lors de leurs années à Europcar, était victime de ce type de comportement.
En 2014, sur le Tour de France, le Suisse Michael Albasini avait déjà proféré des insultes racistes à l’encontre de Réza, alors que les deux coureurs appartenaient à une échappée à quatre. "J’ai compris son énervement. Je ne relayais pas. J’avais des consignes. Albasini m’a dit: "F... Negro" Je lui ai demandé de répéter. Il s’est tu. Je l’ai senti mal à l’aise. Ailleurs qu’au Tour, je pense que je me serais arrêté et qu’on en serait venu aux mains. On ne se dit plus bonjour."
"Ailleurs qu’au Tour, je pense que je me serais arrêté et qu’on en serait venu aux mains".
Kévin Réza
Heureusement, le coureur peut compter sur le soutien indéfectible de certains coéquipiers et dirigeants, comme Jean-René Bernaudeau. Il avait publiquement accusé Albasini, à l'époque. "Je ne tolère pas le racisme. Après le dopage, c’est l’autre fléau de ce sport... C’est inacceptable, inadmissible.", racontait alors Bernaudeau.
Réza confie à L’Equipe: "Là aussi, j’aurais voulu régler l’affaire sans qu’elle prenne d’énormes proportions. C’est très grave, mais je ne suis pas le porte-parole d’une organisation qui lutte contre le racisme. Je veux qu’on parle de moi comme d’un coureur cycliste."
Il veut juste continuer à faire du vélo, sa passion.