Timoun an Mas-la : jusqu’à 20h00 c’est suffisant, pour le Mouvman Kiltirèl Akiyo

Du premier dimanche de l’année aux jours Gras, les défilés et déboulés carnavalesques s’éternisent jusqu’à tard dans la nuit, les dimanches, en Guadeloupe. Sauf que des enfants y participent. Plusieurs groupes prennent des dispositions que les plus jeunes puissent participer à cet évènement culturel, de façon proportionnée à leur âge. Zoomons sur l’exemple d’Akiyo, qui appelle les parents des enfants de moins de 12 ans à leurs responsabilités.

Chaque année, durant la période carnavalesque qui s’étale sur plusieurs semaines, la présence de nombreux jeunes enfants dans les défilés pose question, d’autant que la grande majorité des festivités sont organisées le dimanche, jusqu’à tard dans la nuit. Les enseignants se plaignent d’avoir à gérer des élèves fatigués, le lundi. Par ailleurs, débouler au milieu de dizaines de milliers de personnes (carnavaliers et spectateurs), n’est pas sans risque ; il arrive que l’on déplore des débordements, des comportements dangereux et autres mouvements de foule.

Conscients de cette problématique, plusieurs groupes ont pris des dispositions, afin de limiter la durée de présence des plus jeunes, dans les défilés. C’est notamment le cas du Mouvman Kiltirèl Akiyo.

La nécessaire prise de conscience collective, notamment des familles

En ce début de saison carnavalesque 2024, le Mouvman Kiltirèl Akiyo appelle à une prise de conscience collective, en particulier des parents d’enfants de moins de 12 ans, sur les réseaux sociaux. Le groupe prône le retrait des plus petits (y compris des jeunes fouettards) au-delà d’une certaine heure. Ceux qui resteront devront se positionner derrière la banderole, soit devant la marée humaine qui suit ce Mas.

Depuis quelque temps, nous constatons qu’il y a de plus en plus d’enfants dans les déboulés, qui restent jusqu’à tard ! Nous avions déjà évoqué cela en réunion et il est temps de prendre des dispositions pour y mettre un terme ! Pour leur sécurité et leur santé, les enfants de moins de 12 ans ne doivent pas rester après la première pause (...).

Communiqué du Conseil d’administration du Mouvman Kiltirèl Akiyo [Traduction du créole]

Conmmuniqué du Conseil d'administration - 10/01/2024.

Les responsables d’Akiyo ont trop souvent constaté la présence d’enfants en bas âge, même après 21h00, dans leurs déboulés. Parfois, ils ne savent même pas où sont leurs parents ! Quand ceux-ci sont dans le groupe, en train de défiler, ils ne doivent, quoi qu’il en soit, pas être loin. Mais il arrive que les papas et mamans soient de simples spectateurs ; impossible alors de savoir où ils sont.

(...) On voit bien toute la pagaille qu’il y a les dimanches, en marge du Mas. Nous n’avons pas envie de dire aux parents comment ils doivent éduquer leurs enfants, mais une chose est sûre : nous, dans Akiyo, il y a longtemps que nous demandons que les enfants soient récupérés à 20h00 et, si vous êtes dans le Mas, positionnez votre enfant derrière la banderole, pour qu’il soit en sécurité. Ceux qui gèrent la sécurité sont débordés parce qu’on ne peut pas mettre une personne derrière chaque enfant (...).

Patrick Coquerel, président du Mouvman Kiltirèl Akiyo [Traduction du créole]

Deux options sont donc laissées par le Mouvman Kiltirèl aux parents : récupérer leurs enfants dès 20h00 ou, au-delà, les encadrer en prenant leurs responsabilités.

Oui à l’ancrage culturel des jeunes... mais de façon adaptée

Il n’est bien sûr pas question d’empêcher les enfants de participer au carnaval, évènement Ô combien important du calendrier culturel de la Guadeloupe. Mais il s’agit de les protéger, en mettant des garde-fous.

Élodie est une maman quadragénaire et membre d’un autre Group a Po. Elle partage pleinement l’avis des responsables d’Akiyo.

C’est tout à fait normal que l’on puisse et que l’on veuille intégrer nos enfants à notre culture. Maintenant, en fonction de l’âge, il faut qu’on soit en mesure, nous parents, de limiter et de réguler cette participation.

Élodie, membre d’un Group a Po

Pour le psychologue Raphael Spéronel, le carnaval participe à un ancrage culturel nécessaire à la construction de l’identité. Mais il faut garder le contrôle.

Ce moment est une parenthèse. Cela ne peut pas durer tout le temps. Mais, dans la parenthèse culturelle, je pense que la maîtrise est bonne. Ça fait passer des savoirs, ça fait vivre des émotions intenses, il faut aussi que ce soit cadré, il faut aussi qu’au niveau sécuritaire il y ait une forte attention qui soit portée.

Raphaël Spéronel, psychologue

Reste à voir si cet appel au bon sens sera entendu et respecté, lors des prochains défilés de la saison.