"On va rempiler, sans hésiter", après sept jours de compétition intense sur l'île sœur, les quatre yoleurs guadeloupéens sont rentrés à la maison, avec l'envie de repartir. Leur participation à cette 37ème édition du Tour de Martinique de Yoles Rondes, s'est déroulée à bord de la yole Sapro/Pneus Cash. Une parenthèse enchantée pour ces skippeurs, experts de la Saintoise, qui ont tout simplement été charmés par la yole.
Rencontre avec Joris, Nicolas, Mattéo et Théo qui viennent tout juste de poser les pieds sur terre.
Joris, yoleur pour la 3ème fois
Joris Dintimille, 24 ans, navigue depuis l'âge de 12 ans. Actuellement, membre de l'équipage d'Hugo Thélier sur L'ordinaire/Bigmat Audebert, le Sainte-Rosien vient de réaliser son troisième tour des yoles. La première fois, il avait 16 ans, et il occupait déjà le poste de "bwa dressé".
Sur la yole, parmi les 14 équipiers, plusieurs d'entre eux occupent cette position.
Les bwa dressés ont pour mission d'assurer l'équilibre de l'embarcation. Quand le vent se lève, ils sont perchés sur les extrémités des longs morceaux de bois, parfois avec les jambes suspendues au-dessus de la mer.
L'adrénaline, la sensation de glisse. Quand tu es sur le bwa dressé tu survoles l'eau.
Joris Dintimille
Nicolas second matelot d'écoute
Nicolas Moulanier, coéquipier de Joris sur L'ordinaire/Bigmat Audebert, participait lui à son 2ème tour des yoles avec Laurent Mas, patron de la Yole Sapro/Pneus Cash. Le Sainte-Rosien de 27 ans occupait le poste de second matelot d'écoute. Sa mission, aider, le premier matelot d'écoute à régler la grande voile le moteur de l'embarcation.
Le vent, il change, en angle et en intensité, donc il faut constamment s'adapter pour toujours aller au maximum du potentiel de l'embarcation.
Nicolas Moulanier
Théo, l'éclaireur
Deuxième participation également au Tour des yoles pour le Saint-Franciscain,Théo Astorga. Le sportif de 28 ans a très vite été séduit par cette compétition, où il a occupé plusieurs postes spécifiques, comme la pagaie : "c'est ce qui dirige l'embarcation, on est trois à la tenir, accrochés à des harnais, pour utiliser le poids de notre corps sur cette pagaie", ou encore la bassine "quand il n'y a plus de vent, certains se placent au fond de la yole, côté sous le vent, et ils pagaient avec leurs mains, on a aussi des bassines dans nos mains pour avoir une plus grande amplitude pour faire avancer la yole". Une pratique interdite sur la saintoise.
Sur cette 37 ème édition du Tour des yoles, le skippeur du canot Ya Sa La a eu la lourde tâche d'être l'éclaireur. Sa mission consiste à relever des paramètres météorologiques qui permettront au patron de la yole d'adapter sa stratégie de course.
45 minutes avant le départ de chaque étape, je partais en jet-ski, sur les points stratégiques pour relever la météo, notamment le sens et la puissance du vent, la force du courant, les creux, la houle, etc.
Théo Astorga
Une fonction prise à cœur par Théo, qui aurait aimé pouvoir accomplir sa mission avec plus de rigueur.
Mattéo baptême au bwa dressé
Lorsqu'il a su que des Guadeloupéens pouvaient participer au Tour des yoles, Mattéo Hector a sauté sur l'occasion. Le Saint-Franciscain de 20 ans, qui a pratiqué la planche à voile au haut niveau, a dû réapprendre un sport nautique. Un challenge relevé par le coéquipier de Théo Astorga, sur la saintoise Ya Sa La, qui a été attiré par la sensation de vitesse ressentie à bord de la yole.
La yole peut aller jusqu'à 15 nœuds, c'est impressionnant. Être au bwa dressé, c'est une super sensation. On est au-dessus de l'eau et en même temps accroché au bois.
Mattéo Hector
Joris, Nicolas, Théo et Mattéo sont unanimes, la participation de Guadeloupéens au Tour des Yoles est une expérience enrichissante et contribue au partage de la culture sportive entre les îles sœurs.
Laurent Mas, le fédérateur
L'opération séduction a débuté lors du Traditour 2020. Laurent Mas, yoleur martiniquais, participe à la compétition avec l'équipage Léwop sé nou osi. En parallèle, il fait part de son projet de créer son équipage de l'Appaloosa, composé d'hommes et de femmes, et de Guadeloupéens. Ni une, ni deux, l'objectif est atteint puisque 7 femmes rejoignent l'équipage et 11 coursiers guadeloupéens intègrent l'association Vini vwè sa. En 2022, l'aventure débute pour quatre équipiers guadeloupéens Hugo Thélier, Nicolas Moulanier, Joris Dintimille et Théo Astorga. Cette année, rebelote, avec cette fois Mattéo Hector.
Le but c'est de faire vivre les deux îles à travers le sport. Je suis satisfait de la très bonne performance guadeloupéenne. Ils apprennent vite, ils sont sérieux, déterminés et hargneux.
Laurent Mas, patron de la Yole Sapro/Pneus Cash
La Yole Sapro/Pneus Cash a fini 10ème au classement général de cette 37ème édition. En cause, une pénalité due au dessalage qu'a subi l'embarcation Lanmè 2 Bodé à la Caravelle (Trinité), qui a dû être remorquée.
Un seul bémol, le manque d'entraînement
C'est la seule fausse note de cet échange inter-îles, le manque d'entraînement des yoleurs guadeloupéens avec leurs équipiers martiniquais.
Cette année, Joris Dintimille et Nicolas Moulanier ont pu s'entraîner quatre jours en Martinique, et seulement, deux jours pour Mattéo Hector et Théo Astorga. La raison principale est le coût financier que représentent ces voyages sur l'île sœur, une problématique qui demeure un frein à cette passion sportive.