Le déplacement en Guadeloupe d’Emmanuelle Wargon est axé autour de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2024-2033. Ce cadre précise les axes de la politique énergétique régionale en matière de maîtrise d’énergie, de développement des énergies renouvelables et développement des transports propres. Le programme de la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) est donc fait de rencontres, notamment avec les deux présidents des collectivités régionale et départementale, Ary Chalus et Guy Losbar, ainsi que de visites de terrain.
L’énergie subventionnée en Guadeloupe
Le PPE est en cours de finalisation.
Côté Région Guadeloupe, le processus est bien entamé ; les élus de la collectivité ont délibéré, fin 2023, afin d’arrêter des projets. Le plan est désormais entre les mains de la CRE, pour chiffrage et avis.
Avis sur les grandes orientations ; c’est un avis d’experts. Et chiffrage, parce que la production d’électricité, en Guadeloupe comme dans tous les Outre-mer, coûte plus cher que le prix d’achat des Guadeloupéens et, donc, cet écart est une subvention qui vient du budget de l’Etat. Nous, nous validons le principe et, après, l’application de cette subvention.
Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie
La délibération de la CRE est annoncée pour avril prochain.
Vers un important développement de la géothermie
Emmanuelle Wargon s’est rendue, hier (vendredi 23 février 2024), sur le site de la centrale géothermique de Bouillante, la seule usine de France à produire de l’électricité à partir de ressources profondes locales, en l’occurrence dans ce cas à partir de la chaleur venue des entrailles du volcan la Soufrière. L’archipel est donc pionnier, à l’échelle nationale, dans ce domaine. L’énergie renouvelable produite est accessible à moindre coût, a souligné Emmanuelle Wargon ; ce qui en fait une source d’énergie d’autant plus appréciable.
C’est une bonne nouvelle pour le territoire. On vient de valider, il y a quelques mois, à la Commission de régulation de l’énergie, l’extension de cette centrale (un nouveau puits baptisé B1bis), avec une nouvelle turbine, qui va pouvoir produire plus d’électricité. Et, dans la programmation pluriannuelle de l’énergie qui arrive, sous l’égide de la Région et de l’Etat, il y a encore le développement de plus de géothermie prévu. Ça laisse la place à de nouveau projets, pas seulement à Bouillante.
Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie
À ce jour, la Guadeloupe bénéficie de 14 mégawatts de puissante installée, via la géothermie. Le nouveau puits B1bis, qui devrait être opérationnel d’ici 2 ans, devrait générer 10 MW supplémentaires.
Le PPE prévoit d’aller jusqu’à 75 MW. De nouveaux projets seront donc validés, pour atteindre cet objectif, dans les dix ans à venir.
À VOIR/ Le reportage de Thierry Philippe, sur la visite d’Emmanuelle Wargon à la centrale géothermique de Bouillante.
Quant au souhait du maire de Bouillante, Thierry Abelli, d’entrer au capital de la société Géothermie Bouillante, majoritairement détenue par Ormat Technologies, à hauteur de 60 %, ainsi que par la Caisse des dépôts et consignations (21 %) et le BRGM (15 %), la présidente de la CRE apporte une réponse contrastée :
C’est toujours du domaine du possible qu’un porteur de projet privé ou public associe les collectivités. En général, c’est un gage de durée, de sérieux, c’est une bonne chose. Ça veut dire que la collectivité elle-même est complètement à l’intérieur du projet. Après, là où ce n’est pas le cas, les collectivités doivent quand même être associées. Quand un projet vient sur leur territoire, ç doit être en plein accord avec la collectivité, la mairie et dans un partenariat gagnant-gagnant.
Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie
Énergie solaire : quand les entreprises contribuent
La présidente de la CRE visite, ce samedi, la centrale Albioma au Moule. Celle-ci s’inscrit dans le processus de décarbonation de l’électricité, en passant notamment par le photovoltaïque.
Justement, une centrale photovoltaïque a été installée sur les toits de l’usine sucrière Gardel. Cette installation va générer 1380 MWh par année ; de quoi satisfaire les besoins énergétiques d'environ 365 foyers.
À VOIR/ Le reportage d'Eric Stimpfling, sur les premiers pas de Gardel dans le photovoltaïque.
L’occasion pour Emmanuelle Wargon de préciser qu’un tiers de l’énergie est issu de sources renouvelables, en Guadeloupe. Les deux tiers sont donc fossiles (charbon, fuel). L’objectif est d’en finir avec ces dernières.
L’objectif collectif est que, dès 2028, 100% de l’électricité soit produite de façon renouvelable. Pour arriver à cela, il faut plus de solaire ; donc c’est très bien de continuer à mettre des panneaux solaires sur les toitures des hangars, des entreprises, mais aussi des particuliers (il y a un tarif de rachat qui permet à un particulier qui veut s’équiper d’avoir un soutien), c’est bien de continuer sur l’éolien, sur la géothermie. Après, le reste, c’est la transformation du fuel et du charbon vers des biocarburants dont le bilan carbone est neutre.
Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie
Pour reprendre l’exemple d’Albioma, cette société, qui exploite aussi une centrale alimentée en partie au charbon, va prochainement user de biomasse. Cette évolution est considérée par Emmanuelle Wargon comme "un pas très important pour la transition écologique en Guadeloupe".