Trois familles évacuées après un impressionnant glissement de terrain à Deshaies

Glissement de terrain à Deshaies
Un glissement de terrain majeur a eu lieu mardi (3 décembre 2024), dans un quartier de Deshaies, emportant avec lui, au moins deux maisons et plusieurs m³ de forêt.

Hier soir, aux alentours de 19 heures, un glissement de terrain d’une ampleur exceptionnelle a dévasté la zone de Savane Paille, perchée sur les hauteurs de Deshaies.
Sur près de 200 mètres de long et 200 mètres de haut, la coulée de terre a emporté la chaussée, plusieurs habitations ainsi qu'un gîte touristique. En tout, plus de 150 000 m³ de terre ont dévalé la montagne, laissant derrière eux un paysage de désolation.

La ville de Deshaies a mis en place un périmètre de sécurité autour de la zone, interdisant tout accès aux véhicules et aux randonneurs. En effet, la zone reste particulièrement instable, comme en témoignent des images prises ce matin par l’un des sinistrés, retourné sans autorisation sur place pour nourrir ses animaux. Les clichés montrent l’étendue des dégâts : des maisons disloquées, une route coupée...

Glissement de terrain à Deshaies, 3 décembre 2024 ©Images amateur

Trois familles évacuées avant le glissement de terrain

Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer. Trois familles, soit dix personnes, avaient été évacuées hier après-midi (3 décembre) sur décision des autorités.

Mais pour ces sinistrés, c'est le drame. Julie Garcia, l’une des habitantes de Savane Paille, a retrouvé ce matin sa maison réduite en décombres. Elle a tout perdu. 

Quant à David Questel, exploitant agricole, il ne peut plus accéder à sa vanilleraie, ses avocatiers et ses cacaoyers.

Les sinistrés évoquent des signes avant-coureurs

Les familles sinistrées dénoncent une tragédie annoncée. Selon elles, des fissures étaient apparues dans leurs habitations depuis plusieurs semaines déjà, s’élargissant chaque jour un peu plus.
Elles attribuent ces dégradations à l’activité d’une carrière voisine, pointant du doigt des vibrations constantes. "Cela fait plusieurs mois que je préviens le directeur de la carrière", déclare Julie Garcia, amère.

Je leur ai montré les différentes fissures qui se créaient et qui évoluaient très vite dans la maison. On a eu plusieurs rendez-vous. A chaque fois, ils étaient dans le déni. 

Julie Garcia, sinistrée

La carrière en cause ?

Reste à comprendre maintenant les causes de ce glissement de terrain majeur.

Contactée, la direction de la carrière, la société antillaise de granulats, n’a pas souhaité faire de commentaire. À défaut, elle a indiqué qu’elle suspendait son exploitation jusqu’à l’arrivée, prévue demain, d’une équipe d’experts du BRGM, le Bureau de recherches géologiques et minières.

De son côté, la préfecture évoquait hier à la mi-journée un premier glissement de terrain survenu quelques heures plus tôt et lié à des infiltrations d’eau.

Nous attendons les analyses et les résultats des études qui vont être portés par le BRGM. Donc, toutes les pistes sont possibles. Peut-être la carrière, peut-être les infiltrations d'eau. Peut-être d'autres phénomènes qui auraient pu survenir au cours du temps et qui ont généré l'apparition de ces failles.

Maurice Tubul, sous-préfet de la Basse-Terre

Une hypothèse prudente, en attendant les résultats de l’enquête judiciaire ouverte pour mise en danger de la vie d’autrui. Le procureur de la République de Basse-Terre a confié cette enquête à la brigade de recherches de Saint-Claude.

Ce mercredi, une réunion de crise s’est tenue à la mairie de Deshaies, présidée par Maurice Tubule, sous-préfet de la Basse-Terre. Y assistaient plusieurs services de l’État ainsi que la direction de la carrière.