L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a mené une enquête européenne, en 2019, sur la santé mentale des populations. Une enquête qui, pour la première fois, intègre des données des départements d'Outre-mer.
Le rapport publié le mois dernier (octobre 2021) met en exergue l'extrême fragilité des habitants de Guadeloupe et de Martinique. Dans ces deux départements, un individu sur six souffre de dépression. C'est beaucoup plus que dans l'Hexagone, où une personne sur dix présente de tels troubles.
Disparités selon l'âge, du sexe et le niveau de vie
Avant le début de la pandémie, 97.600 Antillais âgés de 15 ans et plus (16% de la population) souffraient de symptômes dépressifs : de fatigue et de manque d'énergie, de troubles du sommeil et/ou de l'appétit, de manque d'intérêt, de tristesse, ou encore de difficultés à se concentrer.
Les femmes et les séniors (22% des hommes et 26% des femmes, après 75 ans) sont davantage concernés.
Le niveau de vie influe aussi sur les indicateurs. Les chiffres sont moindres, plus les revenus sont élevés et plus les personnes sont diplômées. Ceux qui pratiquent une activité physique sont aussi moins sujets à la dépression. Idem : plus le logement est grand, moins le taux de trouble est élevé.
Philippe Winnicki, attaché statisticien, chef du service territorial de l'INSEE de la Guadeloupe, zoom sur les grands enseignements à tirer de cette enquête :
La pandémie ne peut qu'aggraver la situation
Et, depuis, la crise sanitaire est passée par là...
Les principaux facteurs qui expliquent la dégradation de la santé mentale, depuis l'apparition de la Covid-19, sont l'isolement, la situation financière, ou encore les symptômes évocateurs de Covid-19.
Docteur Ibrahim Aboud, chef de service psychiatrie adulte, à l'établissement public de santé mentale (ESPM) de la Guadeloupe, s'inquiète des répercussions de cette longue période anxiogène, y compris pour les soignants, chargés d'accompagner les patients :
Une situation qui vient aggraver, un peu plus, un secteur déjà en déficit de moyens.
Le plan régional de la santé mentale, basé sur les besoins enregistrés il y a déjà plus de 10 ans, est largement dépassé. Dans ce contexte, les derniers centres médico-psychologiques créés, ces dernières années, auront du mal à faire face à cette fragilité qui s’installe dans nos populations.