La cargaison, soit 3 680 kg de produits de la mer en provenance du Venezuela, terminera le lendemain entre les mains d’une société d’équarrissage sous le contrôle de la Direction de la mer.
Préjudice estimé : quelque 50 000 euros pour lesquels Jonathan Maselli et son équipage demandent aujourd’hui justice et réparations. Un mareyeur et 4 marins-pêcheurs sont poursuivis pour entrave concertée avec violence à l’exercice de la liberté du travail.
Or parmi les prévenus présents ce matin à l’audience, il y a Bruno Marcel, ancien 1er vice-président du comité régional des pêches mais il y a aussi Loic Tonton, l’actuel maire de la Désirade, son frère Frédéric et son oncle Frantz. Tous tiennent le même discours: Non, ils n’ont menacé personne. Oui, les importations vénézuéliennes représentaient à l’époque une concurrence déloyale qui déstabilisait le marché local. Oui, l’objectif de la mobilisation était d’interpeller les autorités.
En face, le principal intéressé est absent. L’armateur Jonathan Maselli ne s’est pas présenté à l’audience. Reste alors les témoignages de son capitaine et du salarié chargé de la manutention. Les deux soutiennent avoir été victimes à l’époque d’une ambiance délétère et dénoncent l’appât du gain de certains professionnels de la filière. Les deux hommes aujourd’hui ont quitté la pêche.
Dans sa plaidoirie, Me Bourjac a dénoncé les prévenus: en quoi ces gens peuvent-ils s’ériger en donneurs de leçons ? Une analyse partagée par le ministère public pour qui l’action du 3 décembre était une action de police privée qui n’était pas légitime. "Ce dossier relève davantage d’une guerre de territoire et de marché" a insisté la représentante du Parquet qui a demandé a requalifié la prévention en menace de violence et menace de destruction des biens.
En conséquence, le ministère public a requis une peine d’emprisonnement d’un an avec sursis pour les 5 prévenus auxquelles s’ajoutent des amendes entre 100 et 1200 euros, assorties pour certaines d’un sursis simple.
En réponse, Me Sylvestre s’est dit "sonné" par les réquisitions. "Est-ce un délit désormais en France de manifester, de s’exprimer, de faire valoir ses opinions ? Visiblement dans ce dossier, il s’agit de punir mes clients d’où le changement de qualification en pleine audience par le ministère public". Et l’avocat de la défense d’ajouter : "où sont les menaces, où sont les détériorations, où sont les preuves ?" Et de conclure : "je demande la relaxe".
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 26 janvier prochain à 8 heures.