Le temps d’une journée, ce vendredi 13 octobre 2023, les médecins généralistes de France raccrochent leurs stéthoscopes. Ils sont en grève, notamment pour dénoncer le tarif des consultations, qu’ils jugent insuffisant.
À l’échelle nationale, treize organisations syndicales réclament une revalorisation à au moins 30 euros, plutôt que les 25 euros actuellement instaurés. Ce mouvement est aussi suivi en Guadeloupe. Cette unanimité, pour un "vendredi noir", des organisations représentatives des médecins libéraux, des syndicats de jeunes médecins et d’internes, ainsi que du collectif Médecins pour demain est d’ailleurs historique.
Tous ont, dans leur viseur, la loi Valletoux sur l'accès aux soins et la revalorisation des tarifs des consultations de base. Le texte correspondant doit être examiné par les Parlementaires la semaine prochaine.
Si jamais cette loi était adoptée, elle risque de graver dans le marbre la coercition, au niveau de la profession médicale et, en particulier, de la médecine libérale. Il est annoncé dans ce projet de loi, des obligations qui contraindront les médecins. Cela risque de créer un départ en retraite de bon nombre de confrères qui exercent encore pour renforcer les effectifs actuels et, surtout, un désamour des plus jeunes générations.
Frédérique Dulorme, médecin pédiatre, présidente de l’URPS* médecins et vice-présidente de la CSMF**
Pour l’heure, une hausse à 26,50 euros pour les généralistes et, par ailleurs, de 30 à 31,50 euros pour les spécialistes, est prévue, à partir du 1er novembre prochain, dans l’Hexagone.
En Guadeloupe, le tarif de la consultation de base est d’ores et déjà de 29,00 euros ; la hausse d’1,50 euro est aussi valable pour les praticiens locaux.
Quoi qu’il en soit, pour les professionnels concernés, l’augmentation annoncée est moindre que le niveau d’inflation, alors que les généralistes font face à des charges diverses et variables, d’un cabinet à l’autre.
"On ne fait pas cela de gaieté de cœur, mais on ne peut plus laisser se dégrader notre secteur sans réagir. On ne peut plus exercer la médecine dans ces conditions", explique Frédérique Dulorme.
Si la médecine séduit moins les jeunes générations, la problématique d’accès au soin sera accentuée, au fil du temps, avertit la pédiatre :
Les patients ont déjà du mal des médecins, pour les voir, quand il y a des soins semi-urgents. Au final, on ne fera qu’aggraver l’accès aux soins et je tiens à alerter tout le public : il se joue quelque chose qui, non seulement, va nous toucher nous les médecins de façon directe mais, indirectement, ce sont les patients qui vont en pâtir.
Frédérique Dulorme, médecin pédiatre, présidente de l’URPS* médecins et vice-présidente de la CSMF**
Dans ce contexte, les patients ont été avertis, dans la mesure du possible, par leurs praticiens. Les consultations ont été étirées, sur les jours précédents et ultérieurement.
L'Agence régionale de santé (ARS), quant à elle, rappelle qu'avant tout déplacement aux urgences hospitalières, réservées aux cas les plus graves, il faut composer le 15 et, donc échanger avec un médecin regulateur.
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*URPS : Union régionale des médecins libéraux
**CSMF : Confédération des syndicats médicaux français