Justine Bénin mesure pleinement l’ampleur de la tâche qui lui a été confiée, par le décret du 17 juin 2023 : l’ex-député et ancienne secrétaire d’Etat chargée de la mer, a été nommée coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer. Un mandat qu’elle devra assumer pour une durée d’un an renouvelable.
Le fait est que les femmes, dans les territoires ultramarins, y compris en Guadeloupe, sont encore trop nombreuses à subir de mauvais traitements, au sein même de leur foyer.
Une feuille de route déjà établie
Les missions de Justine Bénin seront déclinées dans les douze territoires français d’Outre-mer et ses actions articulées autour de plusieurs axes stratégiques :
- Diagnostiquer l’ampleur des violences faites aux femmes et les dispositifs mis en place dans chacun des territoires ultramarins ;
- Favoriser l’autonomisation des femmes victimes ;
- Améliorer l’efficacité de l’action de l’Etat, en adaptant les politiques publiques dans les Outre-mer ;
- Piloter la création d’un observatoire Outre-mer des violences faites aux femmes.
Justine Bénin juge cette mission très importante. Si bien que, parmi les propositions qui lui ont été faites, c'est celle-ci qu'elle a choisie :
Contrairement aux idées reçues, j’ai eu plusieurs propositions. Mais j’ai voulu avoir à travailler pour le besoin de mes compatriotes (...).
Justine Bénin, coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer
Lutter contre les violences intrafamiliales, équivaux aussi à soulager des enfants pris entre deux feux, notamment. Cette mission est donc plurielle.
Trop de vies volées, trop d’enfants malheureux, trop de familles détruites. Ces violences intrafamiliales en Outre-mer interrogent sur la configuration de dispositif familial à l’œuvre dans nos sociétés (...).
Justine Bénin, coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer
À VOIR AUSSI/ Justine Bénin était l’invitée de Laetitia Broulhet, dans le journal "Guadeloupe Soir" de ce dimanche 18 juin 2023, sur l’antenne télé de Guadeloupe La 1ère :
Violences faites aux femmes : une réalité qui interpelle en Guadeloupe
Dans le huis clos des couples, la violence trouve encore trop souvent des brèches pour s’engouffrer. Dans les relations entre conjoints, les clignotants sont au rouge. On dénombre, localement, 20% de femmes battues, victimes de harcèlement ou de dénigrement, avec deux facteurs de risque prépondérants : le chômage et la précarité.
Dans les lieux publics, en Guadeloupe, un peu plus de la moitié des femmes (54%) sont victimes d’insultes ou d’actes de harcèlement ; c’est quasiment deux fois plus que dans l’Hexagone. 8% sont victimes de propositions sexuelles insistantes, contre 1% en France d’outre-Atlantique. Les étudiantes, les jeunes femmes sont particulièrement visées par ces actes et par ces comportements.
Au travail, la violence a plusieurs visages. Humiliations, harcèlement ou violences sexuelles ; 1 femme sur 4 dit en être la cible, soit presque deux fois plus qu’au national. Les auteurs sont principalement des collègues (48%), mais un quart sont des supérieurs hiérarchiques (24%).
Les jeunes femmes en situation précaire sont les plus exposées.
Mais, bémol : bien souvent, les femmes se murent dans le silence. Seule une victime sur 4 pousse les portes d’un commissariat, ou de la gendarmerie.
Entre 2019 et 2020, les services de police et de gendarmerie ont enregistré un accroissement des actes de violence de près de 18%, au sein des familles.