Visite de Bruno Le Maire en Guadeloupe : fortes attentes d’une économie sous perfusion

Vue de Pointe-à-Pitre et Jarry
Les acteurs du tissu économique local, majoritairement composé d’entreprises à taille humaine, attendent surtout que les moyens leur soient donnés de développer leurs activités et de nouveaux projets, notamment autour des énergies vertes. Cela doit passer par une fiscalité adaptée. Le modèle actuel rend la Guadeloupe trop dépendante de l’Hexagone.

Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique est attendu ce mercredi 24 mai 2023, en Guadeloupe. Bruno Le Maire doit rencontrer les élus locaux, ainsi que les acteurs du monde économique. Ces derniers ont bien des doléances à soumettre au membre du gouvernement.

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Photographie de l’économie en Guadeloupe

La crise sanitaire, les dégâts causés par la tempête Fiona… l’actualité récente est venue nous rappeler, à bon escient, les fragilités d’une économie guadeloupéenne sous perfusion.

14 ans après la mobilisation sociale historique de 2009, les palabres, les conclaves et les mesures ponctuelles assimilables à un cautère sur une jambe de bois n’ont rien changé à la réalité économique. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pas étonnant, la Guadeloupe, qui importe quasiment 90% de ce qu’elle consomme, reste dans une économie de type colonial : distante mais dépendante de l’Hexagone.

La conséquence est un chômage endémique, qui touche 17% de la population active en 2021, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) ; les principales victimes sont les jeunes, puisqu’un tiers des 15/29 ans est sans emploi.

Les inégalités et les retards de développement persistent. La vie chère et la crise du pouvoir d’achat, à l’origine d’un climat social tendu, sont symptomatiques d’un profond malaise : près de 35% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.

Avec l’un des produits intérieurs bruts (PIB) les plus bas des régions françaises, la Guadeloupe reste adossée aux filières agricoles traditionnelles (banane, canne-sucre-rhum) au demeurant de plus en plus fragiles. Le secteur du bâtiment/travaux publics (BTP), grand pourvoyeur d’emplois, a connu des jours meilleurs. Quant au secteur touristique, bien que la destination soit prisée, il reste assujetti à beaucoup d’impondérables.

Les doléances des TPE

Les thématiques qui seront abordées lors de cette visite ministérielle porteront sur la situation économique, l’offre touristique, le projet de loi Industrie Verte, ainsi que sur les travaux en matière de résilience du système assurantiel face au changement climatique, a-t-il été annoncé dans le programme sur place de Bruno Le Maire.

Le président de la Fédération de très petites entreprises (FTPE) a l’intention d’interpeler le ministre, sur le projet de loi Industrie Verte. C’est, pour Alan Nagam, un des dossiers prioritaires du moment.

Le projet de loi Industrie Verte ignore totalement les régions d’Outre-mer et la mer (...). Quand le gouvernement français prendra en compte notre potentiel de production énergétique, industrielle (...) ?

Alan Nagam, président de la FTPE Guadeloupe (au micro de Chantal Horn)

La FTPE compte aussi aborder la question de la fiscalité des entreprises, source de problématiques localement, pour bon nombre de structures économiques, prises à la gorge.

Nous souffrons, depuis la décentralisation, de difficultés fiscales, dans nos territoires (...). On a vu un certain nombre de rapports (...) et jusqu’à aujourd’hui, 40 ans plus tard, rien qui peut permettre le développement économique et industrielle de la Guadeloupe. Parce que nous n’avons pas une fiscalité adaptée (...).

Alan Nagam, président de la FTPE Guadeloupe (au micro de Chantal Horn)

Une table ronde, entre Bruno Le Maire et les acteurs économiques locaux, est prévue au complexe World Trade Center (Jarry, à Baie-Mahault), demain (jeudi 25 mai 2023), à partir de 10h00.