Son cours est scruté avec attention par les experts financiers, mais également, par de plus en plus de personnes reconverties en "trader autodidacte". Pour la première fois de son histoire, le Bitcoin, une monnaie virtuelle de jeton numérique sur Internet, connaît une envolée spectaculaire, n'atteignant pas moins de 85 000 euros, ces derniers jours. Pire : les spécialistes font le pari d'un cours Bitcoin à 100 000 euros d'ici la fin de l'année 2024.
"Les monnaies traditionnelles perdent de la valeur dans le temps"
Pour expliquer ce phénomène, il faut se tourner du côté des États-Unis. Pendant la campagne électorale, Donald Trump, le candidat victorieux, n'a cessé de vanter les avantages du Bitcoin, la plus connue des cryptomonnaies. "Donald Trump l'a compris : il souhaite acheter du Bitcoin pour les réserves stratégiques, afin de conserver cette utilité des réserves de valeur contrairement aux monnaies traditionnelles qui perdent de la valeur dans le temps" détaille Jonathan Herscovici, le fondateur de StackinSat, une plateforme d'épargne en Bitcoin pour les particuliers et les entreprises.
Un engouement qui s'est traduit jusque chez nous, avec la tenue, le 12 novembre dernier, d'une conférence intitulée "Bitcoin : une réponse à la vie chère en Guadeloupe", au Café Papier à Jarry, Baie-Mahault. Face à 150 personnes, Jonathan Herscovici, 38 ans, a dépeint le Bitcoin, vulgarisé les mécanismes à l'œuvre derrière cette cryptomonnaie et expliqué en quoi, selon lui, Bitcoin constituait une alternative solide pour protéger son patrimoine.
L’euro et les monnaies traditionnelles sont inflationnistes et donc perdent de la valeur dans le temps. Pour les Guadeloupéens, qui subissent encore plus l'inflation qu'ailleurs, plutôt que d’épargner sur des produits classiques de type Livret A ou assurence vie, qui ne rapportent rien. Il vaut mieux placer sur cet outil qu'est Bitcoin pour préserver la valeur dans le temps.
Jonathan Herscovici, fondateur de StackinSat, une plateforme d'épargne en Bitcoin pour les particuliers et les entreprises
Le monde de la cryptomonnaie n'est plus seulement réservé à un public averti. Désormais, le grand public s'y intéresse. C'est le cas, d'Anne-Gaëlle Lubino, la fondatrice du Café Papier. Septique au départ, la jeune entrepreneure s'est laissée convaincre par le discours de Jonathan Herscovici : "La première chose que je lui ai dite c'est : nous allons voir si tu arrives à rendre le Bitcoin, un peu sexy, un peu intéressant" glisse-t-elle dans un sourire. "J'ai assisté à la conférence, et Jonathan arrive à avoir un langage simple, il parvient à vulgariser. Ça m'a rendu curieuse, ses propos m'ont aidée à comprendre" poursuit-elle.
Je ne vais pas mettre tout ce que j'ai comme moyen dans le Bitcoin mais je suis curieuse parce que, force est de constater, que ce que dit Jonathan Herscovici est étayé par des faits et des statistiques. Je me dis que ça peut être une opportunité d'avoir des fonds qui prennent de la valeur avec le temps.
Anne-Gaëlle Lubino, fondatrice du Café Papier
Bitcoin, un emballement risqué ?
Le Bitcoin est une cryptomonnaie très volatile car son cours est susceptible de plonger du jour au lendemain : "On a quand même eu des mauvaises aventures dans ce secteur, il y a notamment eu une grosse faillite en 2022, qui a chamboulé le marché. Depuis cet épisode, la réglementation européenne s’est un peu durcie en la matière. Pour moi, il est utile de protéger les utilisateurs par rapport à des escroqueries potentielles" reconnaît Jonathan Herscovici.
Dans un communiqué publié en janvier 2024, l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) alerte sur les précautions à prendre en matière d'investissements en cryptoactifs.
Les cryptoactifs représentent un investissement. C'est de l'investissement risqué en perte de capital. Il faut savoir que si l'on choisit de diversifier son épargne, c'est possible avec les cryptoactifs, c'est légal mais c’est très risqué. On risque de gagner beaucoup, certes mais on risque aussi de tout perdre.
François Groh, directeur de l’agence de l’IEDOM de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélémy
Pour aller plus loin, l'analyse de Kenny Chammougon, conseiller en innovation territoriale, invité de Christelle Théophile, le 19 novembre 2024 :