Washington ordonne le départ d'Haïti de son personnel non essentiel

Fuyant les gangs armés, des Haïtiens se sont installés devant l'ambassade des Etats-Unis, à Port-au-Prince, 25 juillet 2023
Les Etats-Unis ont ordonné le départ de leur personnel non essentiel à Haïti, ainsi que des familles, en raison de l'insécurité due à la violence des gangs, selon le département d'Etat.

Le département d'Etat a "ordonné le départ des membres des familles des employés gouvernementaux et le personnel non essentiel", selon un communiqué diffusé jeudi soir, qui appelle les ressortissants américains à quitter le pays "le plus vite possible".

Les Etats-Unis déconseillent depuis des mois à leurs citoyens de se rendre en Haïti, en raison des risques d'"enlèvement, de la criminalité, des troubles civils et d'une infrastructure de santé défaillante".
L'avis de voyage, qui est régulièrement actualisé par le département d'Etat, recommande un niveau de sécurité 4, soit le niveau le plus élevé en raison des risques encourus.
Il n'a pas été précisé combien de personnes sont concernées, mais le gouvernement américain indique n'avoir qu'une "capacité extrêmement limitée" de venir en aide aux Américains qui seraient victimes de violences dans le pays.
Aucune raison n'a non plus été donnée pour cette décision alors que l'insécurité règne depuis des mois dans le pays.

Selon des images prises par l'AFPTV mardi, des Haïtiens déplacés se sont installés devant l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince.
"On est là depuis dimanche dernier, on se réfugie ici à l'ambassade y cherchant un peu de sécurité parce que c'est le seul endroit où on pense pouvoir être en sécurité", a assuré Aris Louima, un habitant.
Le personnel de l'ambassade américaine vit déjà dans des conditions de sécurité draconiennes, confiné dans une zone résidentielle protégée et avec l'interdiction de circuler à pied dans la capitale ou encore d'utiliser les transports publics ou taxis.

Tireurs embusqués sur les toits, viols utilisés comme arme de terreur, enlèvements, meurtres: les violences des gangs qui contrôlent environ 80% de la capitale ne cessent de s'aggraver dans le pays où se cumulent une crise politique, sécuritaire et humanitaire.

Des appels pressants d'Haïti et de l'ONU pour y envoyer une force d'intervention multinationale en appui de la police haïtienne, débordée, sont pour l'instant restés lettre morte.

Lors d'une audition parlementaire jeudi, un haut responsable du département d'Etat en charge des Amériques, Brian Nichols, avait reconnu la difficulté de mettre en place une telle force, aucun pays ne s'étant encore porté volontaire pour la diriger.
"C'est le défi auquel nous faisons face mais nous pensons avoir réalisé des progrès en la matière", a affirmé Brian Nichols, sans toutefois donner de précisions. "Il est vital de le faire".
"Je suis confiant sur le fait que tout pays qui en prendra le commandement aura le soutien de pays contributeurs clés, ainsi que des Etats-Unis, du Canada et de la France", a-t-il encore dit.

Le Conseil de sécurité, qui a récemment renouvelé le mandat de la mission onusienne à Haïti, a demandé au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de présenter d'ici mi-août un rapport sur les "options" possibles. 
"Haïti est un désastre", a affirmé le sénateur républicain Marco Rubio lors de cette même audition.