Guerre dans la bande de Gaza : le collectif Martinique-Palestine appelle au boycott d'Israël

Widad Amra, une représentante de la communauté palestinienne en Martinique
Depuis la frappe israélienne du 26 mai 2024 qui a fait au moins 45 morts à Rafah dans le sud de la bande de Gaza, les manifestations de soutien au peuple palestinien se multiplient aussi en Martinique. Les associations pro palestiniennes appellent la population à se mobiliser “pour stopper ce massacre par tous les moyens légitimes nécessaires”. Un appel au boycott de l’État d’Israël à l'échelle locale a été lancé. La poétesse Martinico-Palestinienne Widad Amra, répond à nos questions.

 ⁠Pourquoi ce boycott général ?

Compte tenu du drame qui se joue actuellement en Palestine, il est évident que nous essayons par tous les moyens de dénoncer ce drame, de réclamer un cessez-le-feu, de réclamer une solution politique et surtout avant tout d’arrêter immédiatement ce massacre. Le boycott apparaît véritablement comme un moyen d’action de par le monde, même en Martinique. Nous ne sommes pas très investis dans cette voie actuellement.  Le boycott peut être économique, peut toucher le domaine de la recherche, de l’acheminement des armes, les médias, il peut toucher le domaine de la culture et également le domaine sportif. Il ne faut pas oublier qu’il y a deux exemples dans l’histoire qui ont prouvé que le boycott pouvait être efficace avec l’Inde vis-à-vis de l’Angleterre et également l’Afrique du Sud. Donc, la société civile palestinienne a lancé cette opération de boycott, il y a de nombreuses années et ça a été repris de par le monde. Ça a même été parfois interdit, ça a été sanctionné, diabolisé. Le boycott s’appelle “BDS ”, c’est-à-dire Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

Comment ce genre d’action peut être pertinent ?

Sur le plan économique, il s’agirait que les gouvernements européens, coupent, par exemple, les accords économiques avec les produits qui arrivent d’Israël et plus particulièrement, les produits qui arrivent des colonies israéliennes. Il faut savoir qu’il n’y a pas de frais de douane. Donc si l’Europe coupait les accords à ce niveau là, ce serait une sanction. Mais on ne voit pas cette sanction avancer. Le domaine économique concerne également les consommateurs. Il faut amener les consommateurs à prendre conscience qu’ils peuvent agir en refusant d’acheter les produits israéliens. Actuellement, Israël est en train de mener toute une campagne pour changer son code-barres de façon à échapper à cette possible sanction. À notre petite échelle, chacun peut boycotter les produits qui arrivent d'Israël.Le domaine de la recherche peut être concerné. Les jeunes de par le monde qui sont révoltés par ce qu’ils voient, agissent pour demander un cessez-le-feu, la reconnaissance d’un génocide, une solution politique. Et le moyen qu’ils veulent mettre en œuvre, c’est de faire en sorte que leurs universités soient dans un désinvestissement par rapport aux universités israéliennes. De boycotter notamment les partenariats universitaires qui touchent les domaines de la recherche concernant les armes, les renseignements et l’intelligence artificielle qui est largement utilisée pour massacrer des milliers de Palestiniens. Mais aussi dans certaines entreprises. Tout ce qui pourrait être impliqué dans la guerre à Gaza. Il y a également des entreprises qui aident différemment en nourrissant les soldats israéliens.

Comment ce boycott s’organise sur le plan local ?

Si les États-Unis arrêtaient d’envoyer, de vendre des armes en Israël, de voter un budget important pour la livraison d’armes, la guerre pourrait s’arrêter en 48 heures.  Quand on voit un tel acharnement à vouloir éliminer un peuple, vouloir le chasser de sa terre, à le tuer avec la complicité des Grands, on peut se poser la question de l’égalité des hommes. C’est une question qui a été posée dans le Discours sur le colonialisme de Césaire. Les hommes sont-ils tous égaux ? Il semblerait qu’on en soit arrivé à une conception très proche de celle de Gobineau qui est celle des races supérieures et inférieures. Donc, oui. Il faut appeler à un boycott. Aujourd’hui en Martinique, nous n’y sommes pas encore parce qu’on a vu l’échec du boycott concernant le chlordécone. Nous essayons de mettre en place des actions qui seraient de l’ordre de l’information. La Palestine a été tellement diabolisée, l’histoire a été tellement refaite, la propagande a été tellement forte qu’il faut maintenant essayer de ramener la réalité à la visibilité de tous et ne pas accepter qu’un État puisse tuer un peuple en faisant un pied de nez aussi bien à la cour pénale internationale qu’à la cour internationale de justice. Ne pas accepter que le seul véto américain fasse que les résolutions de l’ONU ne soient jamais appliquées. Il faut que nous, les citoyens, puissions œuvrer pour la paix parce que ce qui se passe aujourd’hui peut engendrer une 3e Guerre Mondiale, si elle n’a pas commencé de façon feutrée. Il faut qu’on se mobilise pour que ce massacre s'arrête et le boycott peut aider à cela.

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