« Citoyens, en vertu du décret de la république du 27 Avril 1848, au nom du peuple français, nous proclamons l’abolition de l’esclavage à la Guyane française, Vive la république ! » c'est en ces termes qu'a été proclamée le 10 août 1848 la fin de l’esclavage en Guyane.
« Citoyens, en vertu du décret de la république du 27 Avril 1848, au nom du peuple français, nous proclamons l’abolition de l’esclavage à la Guyane française, Vive la république ! »C’est en ces termes, qu’André Aimé Pariset le commissaire général de la République en Guyane de l’époque, a proclamé le 10 août 1848 la fin de l’esclavage en Guyane. Depuis, chaque année, le 10 Juin, est commémorée en Guyane, l'Abolition de la traite négrière.
Peu d'esclaves
En 1848, année de l’Abolition, la Guyane ne comptait que 14 000 esclaves. Un chiffre peu important eu égard, à la traite négrière aux Antilles, Saint Domingue ou même au Surinam. Plus de 700 000 esclaves ont été ainsi déportés aux Antilles françaises entre 1673 et 1789, dont 600 000 mille à Saint Domingue. Les autres furent envoyés aux Antilles et à Saint Kitt et Névis. Des hommes, des femmes, parfois des enfants, arrachés de leur terre natale ou vendus. Ils viennent du Bénin, du Sénégal, du Congo. Ils sont donnés en échange de fusils, poudre, alcool, couteaux, barres de fer. Plus de 12 millions d’individus ont été déportés, dont 1,6 million aux Antilles françaises entre le début du 16è siècle et le milieu du 19e siècle.
Un peuplement difficile
De nombreuses expéditions pour peupler la Guyane, furent menées dès 1500, mais, elles échouèrent, faute de préparation nécessaire : les fortes pluies, les mauvaises conditions d’hébergement, les épidémies, et les guerres avec les premiers amérindiens, décimèrent les colons. Aussi, les enjeux économiques n’étaient pas assez importants pour faire venir plusieurs milliers d’esclaves. En 1772, un millier de colons étaient installés en Guyane, et 8 500 noirs. La main d’œuvre de la Colonie a pu prospecter les forêts, établir des plantations de sucre et exploiter le sous sol. Les esclaves noirs, plus nombreux, devinrent la communauté la plus importante en Guyane en termes de population.
Article 44 : "Déclarons les esclaves être meubles"
Les colons, avaient l’obligation de suivre le règlement édicté par le code noir. Un recueil de règles et d’ordonnances initié par le ministre Colbert, sous Louis XVI, afin de protéger les esclaves contre les mauvais traitements infligés par leurs maitres en 1685. 60 articles, destinés à maintenir la paix sur les exploitations. Le code noir restera en vigueur aux Antilles-Guyane jusqu’à l’abolition. Ce code, définit le statut juridique des esclaves, ses obligations, les punitions en cas de vol, fuite ou violences, le statut familial. Ils étaient dépouillés de toute identité et étaient considérés comme un bien meuble. Le Négre changeait d’identité, était marqué au fer rouge et se muait en main d’œuvre servile et malléable.
Deux Abolitions
En 1794, la Convention de Paris, vota un décret qui abolissait l’esclavage. Jusqu’en 1805, la Guyane servit de lieu de déportation pour les différents opposants politiques. En 1802, le rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte, provoqua la fuite d’une grande partie de la population noire. Ce n’est qu’en 1814, après une brève invasion du Portugal, que la colonie à nouveau française connut une période de stabilité et de développement économique dans les plantations agricoles. L’abolition de l’esclavage à la suite du décret du 27 Avril 1848 mit fin à cette prospérité. Devenus libres, les esclaves ne travaillaient plus gratuitement. Ils reprirent leur liberté, une liberté chèrement payée.