11-Novembre : 103 ans après l'Armistice, le souvenir du sacrifice d'une génération de soldats guyanais

Ce 11 novembre partout en France est commémoré l'Armistice. Une célébration qui symbolise la fin de la guerre 14-18. La Première guerre mondiale a fait des millions de morts. Parmi eux 257 Guyanais.

Cette année encore le musée Territorial des Cultures Guyanaises innove et prose une série de portraits de poilus guyanais visibles dès ce jeudi 11 novembre. Ce 11 novembre partout en France est commémoré l'Armistice. Une célébration qui symbolise la fin de la guerre 14-18. La Première guerre mondiale a fait des millions de morts. Parmi eux 257 Guyanais. Ils faisaient partie des 535 000 hommes constituant l'ensemble des troupes coloniales. 

 

La fin d'un long conflit 

Le 11 novembre commémore l'arrêt des combats signé le même jour en 1918, entre l'Allemagne et les Alliés. La Première Guerre Mondiale dura du 28 juillet 1914 jusqu'au 11 novembre 1918. En Europe, elle opposa principalement les Alliés (la Russie, la France et le Royaume-Uni), à l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Jusque-là alliée avec l'Allemagne et l'Autrice-Hongrie, l'Italie choisit de rester neutre, avant de rejoindre la France, la Russie et le Royaume-Uni. En 1918, l'Allemagne subit de plus en plus de défaites. Face à la situation, l'empereur Guillaume II est contraint d'abdiquer, le 9 novembre.
En Guyane, les travaux de Virginie Brunelot chercheuse en histoire permettent d’en savoir plus sur cette période de l’histoire. En Guyane, 1 200 Guyanais ont été mobilisés à terme, 92 d'entre eux se sont engagés volontairement. Une mobilisation tardive car au début du conflit le ministère des Armées estime que la guerre sera de courte durée. Seulement des renforts humains sont nécessaires, les créoles, ressortissants des colonies viennent grossir les troupes.

Le Livre d’or de l’effort colonial français fait état de 2 500 Guyanais mobilisés. Un chiffre contesté, un peu plus d’un millier de Guyanais des classes de 1895 à 1918 partent en France au sein du contingent créole. Ils reçoivent un entraînement militaire rapide à la caserne Loubère à Cayenne.

Virginie Brunelot 

 

Défendre la mère patrie

Le contingent créole regroupant des Guyanais, Antillais, Réunionnais et Néocalédoniens, permet de différencier les originaires des vieilles colonies, des colonisés plus récents d’Afrique, englobés sous l’appellation « tirailleurs Sénégalais ». En mars 1915, les premiers départs sont salués pour leur élan patriotique. Les soldats partent de la Guyane pour défendre la mère patrie, en paquebot et font escale à Fort de France. Le plus âgé a 47 ans, le plus jeune 17. 

Rassemblés avec des conscrits martiniquais et guadeloupéens, ils sont embarqués pour Saint-Nazaire, d’où ils sont envoyés dans les dépôts de régiments d’infanterie coloniale du sud de la France (climat plus clément) pour parfaire leur préparation militaire. Les rapports des instructeurs ne sont guère flatteurs et le contingent créole est qualifié d’indolent, d’indiscipliné. Pour cette raison, les Guyanais sont peu incorporés dans les régiments techniques (artillerie, aviation, génie, artillerie d'assaut).

Virginie Brunelot 

 

Le retour des héros

Selon les travaux de Virginie Brunelot, 40% des soldats guyanais sont envoyés sur le front d’Orient au cours de la guerre. Sur le front occidental, les Guyanais participent aux grandes batailles de Verdun, de la Marne et de la Champagne, de Belgique. Ils sont 257 soldats guyanais à avoir péri dans les combats. Le premier s’appelait Louis Negole, il est mort sous les tirs de l'ennemi, le 22 août 1914. Enfin, ils sont 14 faits prisonniers par les Allemands.

A la fin du conflit, le retour en Guyane des désormais « anciens combattants » s’échelonne de février à septembre 1919. Ces combattants guyanais, certains mutilés, reviennent dans l’indifférence. Le Foyer du retour, sensé leur apporter une aide financière pour leur réinsertion professionnelle, n’est pas très efficace.

Virginie Brunelot historienne

 

Se souvenir

Un siècle après, il ne reste plus de poilus encore en vie. Aujourd'hui, ils sont tous considérés comme des héros morts pour la nation. La guerre 14-18 mondiale aurait fait 10 millions de morts.