Mi-carême, carnaval, les traditions évoluent en Guyane

Plus de chars dans les rues à l'occasion de la mi-carême mais tout de même un défilé d'écoliers cette année jeudi 7 mars à Cayenne. L'occasion de s'interroger sur l'évolution du carnaval guyanais.
Le carnaval guyanais est un des plus long au monde. Il démarre juste après l'épiphanie pour s'achever le mercredi des cendres. Il se caractérise par l'organisation de défilés de grandes bandes costumées tous les dimanches après-midi et de bals parés-masqués le samedi soir. Pour beaucoup d'observateurs et de carnavaliers, le carnaval de nuit avec la multiplication des bals parés-masqués a pris le pas sur le carnaval de rue. Les activités de nuit se sont développées au détriment des cavalcades de groupes costumés les dimanches. Les week end se sont rallongés et les festivités démarrent dès le jeudi. Une manne commerciale semble t-il aux profits d'organisateurs avisés.

Des bals parés-masqués de touloulous...

Le temple du bal paré-masqué reste sans contestation possible « Le soleil levant », la salle créée en 1952 par Evelyna Modika surnommée Nana. D’autres salles ont vu le jour  à Cayenne comme la Moïna, le Mogador (depuis disparues)  ou encore Polina créée en 1995. Ce sont ajoutés La Matador à Kourou et le Camp de la transportation à Saint-Laurent depuis 2 ans.
En 70 ans d’existence le bal paré masqué a perduré, s’est démocratisé voire vulgarisé. Dans ces lieux, le répertoire musical est essentiellement axé sur la musique traditionnelle : biguine, mazurka, valse et le piké djouk apparu dans les années 90. La femme touloulou en est la reine et régente la soirée qui dure jusqu’à l’aube. Si tout s'articule autour de la danse et de la transgression qui donne tous les pouvoirs à la femme, la codification reste néanmoins stricte avec des commandements qui permettent aux nouveaux carnavaliers de vivre un rite d’initiation.
Ces traditions ont été rigoureusement respectées jusque dans les années 90 avant que naissent d’autres pratiques comme celle du fameux bal tololo.

...Aux bals parés-masqués des tololos

En 1991, une bande de copains organise le premier bal « tololo ». Les hommes déguisés en touloulou donc habillés en femme, inversent la tendance. Seuls les tololos invitent les femmes non déguisées et non masquées. Un événement où tout le monde n’a pas accès car il faut  être parrainé. Le succès de ce bal n’est pas immédiat. Il se déroulait le dernier vendredi de carnaval dans deux salles situées à Cayenne. Début des années 2000, ce bal se transporte également à Macouria puis à Kourou et enfin à Saint-Laurent depuis 2013.
Aujourd’hui, incontestablement, le bal tololo connaît un engouement populaire de la part des hommes comme des femmes. Pourtant participer à ces soirées dansantes reste largement plus coûteux que d’être au bal paré-masqué du touloulou. Sur ce plan des organisateurs affairistes ont su faire d’un événement privé et marginal, une excellente affaire commerciale. La tradition semble muer et il y a fort à parier que 2014 verra l’organisation du bal tololo chaque vendredi.  A l’instar des jeudis du carnaval qui se sont imposés naturellement dans les boîtes de nuit afin d’offrir le répertoire de musique traditionnelle à ceux qui n’apprécient pas forcément d’être déguisés et qui pour autant aiment danser.

 

Définition touloulou - tololo
Touloulou : Personne déguisée. C'est un personnage clé du carnaval en Guyane. Dans les bals parés-masqués, le touloulou est une femme entièrement masquée et déguisée. Il se caractérise essentiellement par son anonymat.

Tololo : Personne déguisée. C'est un homme entièrement masqué et déguisé. Il invite les femmes à danser dans les bals parés-masqués. Il doit également respecter l'anonymat.