Vers une collectivité à une tête

Hier durant 10 heures et 40 minutes élus régionaux, généraux et parlementaires en congrès, ont débattu de sujets importants. Les résolutions adoptées ne marquent pas la fin du travail mais un grand pas a été réalisé dans la préparation de la collectivité territoriale de Guyane prévue pour 2015
La première passe d’armes de ces travaux a porté sur les langues du congrès ou comment faire en sorte que le message de chacun soit accessible à tous, y compris quand le locuteur utilise le bushe tongo. D’où la question de la définition des langues du congrès soulevée par le sénateur Antoinette.
Des échanges en phase avec le sujet du moment à savoir qui doit assumer la rémunération des autorités coutumières. La résolution adoptée réaffirme l’existence d’un fait coutumier en Guyane. Elle manifeste aussi une volonté de l’organiser juridiquement avec la création d’une commission qui devra faire des propositions aux décideurs. Le débat autour de ce point aura pris la moitié du temps de la séance de travail du congrès.
Autre point délicat et qui ne faisait pas l'unanimité le choix de la gouvernance pour la nouvelle collectivité, à une tête ou bicéphale? Au terme d'échanges vifs, le choix des élus  à l’autre bout de la journée a confirmé par 23 voix contre 22, que la Guyane reste sur la loi déjà votée. La collectivité unique sera donc dirigée par un président et une commission permanente représentative des forces politiques de l’assemblée.
A mo ki di
Plus de 10 heures de travaux. Une très longue journée de congrès mais enfin, des sujets politiques de fond ont été abordés et même ceux qui n’étaient pas formalisés dans l’ordre du jour. Je pense à ce premier débat autour des langues du congrès. Comme radio Guyane 1ère aussi bien que télé Guyane 1ère voire Internet ont la vertu de démultiplier la parole jusqu’aux coins les plus reculés du pays, Touine Kwata et Diana Jojé Pensa, élus régionaux originaires du Maroni, ont tenu à s’exprimer dans leur langue maternelle.
Ceci sur un sujet important : la rémunération des autorités coutumières. Du coup, le congrès a du se pencher sur un aspect jusque là pas ou peu abordé en son sein. Comment faire pour que les messages, tous les messages deviennent accessibles à chacun. Définir une ou des langues du congrès et du coup prévoir des traductions.
Ce semble une évidence et pourtant on n’y est pas. Voilà l’éclatante démonstration des capacités de résilience de la Guyane. Malgré l’histoire déchirante ou tourmentée ou hostile qui est la sienne, le pays a la force de se réinventer quand ailleurs dans de plus vieilles civilisations ce type de sujets se termine en pugilat quand cela n’est pas plus grave. Le tout sera de définir le nombre d’interprètes et rien que pour les amérindiens par exemple il en faudra six.

Bertrand Villeneuve