« La vie sans fards »

« La vie sans fards » de Maryse Condé paru chez Lattés, aurait pu être une biographie non autorisée de l'auteure guadeloupéenne. Maryse Condé casse son  propre mythe. Elle raconte sa vie avec une franchise déconcertante parfois bouleversante. 
Elle n'a pas peur de paraître sous un mauvais jour : pas d’angélisme, de glorification personnelle, de vérité arrangée, embellie, l'auteur de « Segou », se raconte sans fards, dans une brutale vérité. Et quelle vérité!


Une vie cahotique

De son enfance au sein d'une famille bourgeoise guadeloupéenne qui l'idolâtre puis la méprise à l’Afrique sa terre promise qui la décevra tant, Maryse Condé raconte sa vie. Elle commence par  évoquer son parcours de fille mère dans les années 50 à Paris,  trahie par son amant, le journaliste militant haïtien  Jean Dominique. Il l’initie à la cause noire avant de l’abandonner enceinte. Elle se retrouve sans un sou, continuant ses études tant bien que mal, confiant un temps son garçon,  Denis, à  l’Assistance publique puis à une nourrice. Un déchirement.
 

La réalité dépasse la fiction

Puis elle rencontre son mari Mamadou Condé. Il lui redonne une virginité. Elle ne lui parle pas de son enfant. Ils se séparent une première fois au bout de trois mois de mariage. Après bien des souffrances et des péripéties, elle décide de partir seule en Afrique avec son fils. La suite est un véritable roman, la réalité dépasse la fiction. L’œuvre littéraire  de Maryse Condé se dessine, se comprend, à travers ses confidences.
L'auteure guadeloupéenne raconte sa vie avec retenue, mais sans pudeur, se montre sous son jour véritable, mesquine parfois, infidèle beaucoup, triste mauvaise mère, inconsciente, mélancolique mais aussi extrêmement téméraire et courageuse. La vie lui envoie tellement d'épreuves qu’ elle ne sait plus rire, ni sourire, résistant aux coups du sort et avançant sans cesse, faisant des rencontres incroyables telles Malcom X , Sekou Toure ,  Che Guevara , l'air de rien, tissant de vrais  liens d'amitié au fil de son cheminement. La vie d’une femme libre.
 

On n'échappe pas à son destin

Maryse Condé,  se construit intellectuellement et humainement au gré de ses coups de folies, de ses fuites,  de ses lectures. Elle est rarement raisonnable et se laisse aller aux affres de la passion au détriment parfois, de ses enfants. C'est à plus de 40 ans qu'elle écrit son premier livre « Ségou » qu'elle accouchera dans la douleur.
On n’échappe pas à son destin. En lisant ce livre, c’est une évidence « La vie sans fards » de Maryse Condé paru aux éditions Lattés