Chaque année à la fête de la Toussaint, les cimetières font peau neuve. L'occasion pour les travailleurs occasionnels, souvent des jeunes, de se constituer une cagnotte en effectuant des travaux de nettoyage et d'embellissement des tombes. Une tradition bien ancrée en Guyane.
Catherine Lama•
A Montjoly, ce jeudi matin quelques djobeurs rassemblés à l’entrée du cimetière attendent des clients. Ils devisent tranquillement entre eux. Il n'y a pas foule et le cimetière resplendit de blancheur sous les rayons ardents du soleil.
Un peu plus loin, une jolie jeune fille brosse avec vigueur le carrelage d'une tombe. Celle de sa grand-mère. Chaque année Allison, 18 ans, étudiante en 2ème année de licence en droit, ne manque pas de venir s'occuper de la sépulture de sa grand-mère. Avec un grand sourire, elle explique qu'elle ne veut pas laisser ce travail à un djobeur. Le faire elle-même perpétue un lien affectif avec la disparue, qu'elle n'a pas beaucoup connue, certes, mais qu'elle vénère. Le jour de la Toussaint, elle sera présente avec tous ses frères et soeurs. Comme le veut la tradition, ils auront amené des fleurs et des bougies pour commémorer le souvenir de leur aïeule.
Pas trop loin de la sortie, une dame respectable, un large chapeau sur la tête, pantalon retroussé porte son seau d'eau jusqu'à la tombe de son défunt époux disparu depuis plus de 30 ans. La tombe est nue, tous les pots de fleurs et sa plaque funéraire ont été volés. La veuve nettoie elle-même le sépulcre cette année mais prévoit en souriant qu'avec l'âge qui avance (elle a 70 ans), elle devra sans doute confier cette tâche à quelqu'un d'autre.