Le carême vécu en Guyane

Après les festivités carnavalesques, vient dans la religion catholique un moment de calme et de recueillement : le carême. Comment les guyanais vivent ils cette période ? Et quelles pratiques adoptent ils jusqu’au dimanche de Pâques ?
Le carême commence le mercredi des cendres et s’achève le dimanche de Pâques. Une période de 40 jours durant laquelle les catholiques font pénitence, se recueillent et se privent en jeûnant ou remplaçant la consommation de viande par du poisson. Un acte qui symbolise les 40 jours du Christ passés dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique. En Guyane de nombreuses personnes se consacrent au temps du carême. Yoan (21 ans) et Odile (32 ans) deux catholiques guyanais pratiquants ont accepté de témoigner de leur expérience et ressenti durant cette période.


Comment vivez-vous la rupture carnaval/carême ?

Yoan : Je participe au carnaval par rapport mon filleul. C’est la tradition guyanaise. Je l’accompagne, on regarde et je trouve que c’est bien pour un enfant. Ce n’est pas quelque chose que j’apprécie plus que ça.
Odile : C’est vrai que je ne suis pas une fanatique du carnaval. Je vais aux parades du dimanche, mais je ne fréquente pas les dancings. Pendant le carnaval je réfléchis déjà à mon carême.


Êtes-vous allé récupérer les cendres ?

Yoan : J’ai vu  le prêtre qui me les a donnés lundi.
Odile : Oui vendredi je suis allée récupérer les cendres.


Comment vivez-vous votre période de Carême ?

Yoan : Je le vis bien. C’est un moment où on se pose des questions sur soi. C’est un moment de pénitence et de sacrifice. On se donne à Dieu. On doit faire pénitence sur ce que l’on aime vraiment. Moi mon sacrifice, c’est d’éviter les sorties entre amis.
Odile : Je m’arrête, je fais le point sur ma relation avec Dieu. Où j’en suis. Qu’est ce que je vais faire comme sacrifice. J’essaye de mettre de côté ce que j’aime les sorties, voir mes amis, etc. Et j’essaye de prier davantage, d’être au calme et de me consacrer uniquement à Dieu.


Quelles pratiques avez-vous pendant ce temps ?

Yoan : Je n’en ai pas vraiment. Pendant le carême je me focalise sur un projet professionnel. Au lieu de sortir avec mes amis, je vais chercher du travail, aller dans les boites d’intérim, être actif au niveau professionnel.
Odile : la prière personnelle devient plus intense. Je me consacre à des groupes de partage sur Facebook pour le carême. Je fais des chemins de croix. Je travaille également mon « oui ». En me disant que j’accepte de dire oui  à un service, des tâches de travail, sans me plaindre. Faire face à des changements. Enfin dire oui davantage.
 
Attendez-vous la fête de Pâques avec impatience ?

Yoan : Oui pour manger le bouillon d’awara. La Pâques c’est le moment où on s’autorise à nouveau des choses. Mais pour ma part je pense rester en famille.
Odile : Bien sûr. Pas que je sois en souffrance. Mais c’est la plus grande fête pour un chrétien. C’est l’occasion de renaitre avec le Christ. Durant le carême il y a des choses que je vais réussir et d’autres pas. 40 jours de sacrifices qui portent leurs fruits. A la fin du carême, c’est le début d’autre chose. Cela ne veut pas dire que je suis libérée ou débarrassée, mais plus que je ferais les choses autrement.


Après ces 40 jours de recueillement comment vous sentez vous ?

Yoan : Je me sens bien, c’est comme une bonne action que j’ai faite. C’est un moment de satisfaction, si j’ai fait ça je suis capable d’autre chose.
Odile : je suis dans une grande joie. J’espère que je me sentirais plus proche du seigneur. J’espère me rapprocher de Dieu.


Avez-vous des amis qui ne font pas le carême ? Quelle vision ont-ils sur ce sujet ?

Yoan : Ils le prennent plutôt bien, ils sont assez ouverts. Si tu veux faire le carême c’est ton choix, si tu ne veux pas c’est ton choix aussi.
Odile : J’ai beaucoup d’amis qui cheminent. J’ai eu une proposition pour sortir j’ai dit non je ne sors pas. J’ai des amis qui respectent d’autres qui râlent «  le carême personne ne fait ça ». Qu’on respecte ce que je vis c’est plus important pour moi. J’accepte et respecte quelqu’un qui ne chemine pas. Je suis pour le respect.
Qu'est ce que sont les cendres?
Le mercredi des cendres marque l’entrée en carême. Les cendres sont en principe les cendres des rameaux de l’année précédente qui ont été brûlés.
 Au cours de la célébration, après l’écoute de la Parole, le prêtre invite les fidèles à la prière et bénit les cendres faites, en principe, des rameaux bénis au dimanche des Rameaux de l’année précédente.
Puis chacun reçoit sur la tête un peu de cendres tandis que le célébrant lui dit : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile » (Marc 1, 15) ou « souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Genèse 3, 19).
Même si les cendres sont imposées sur le front ou la tête qui est le siège de l’intelligence et de la pensée, c’est aussi le cœur qui est visé. Les paroles que le célébrant prononce, invitent le croyant à se rappeler sa fragilité, à s’interroger sur sa destinée, à se convertir, c’est-à-dire à remettre sa vie en conformité avec l’Evangile. C’est tout l’enjeu du Carême.

Source: liturgiecatholique.fr