Les jeunes et les élections en Guyane

En ce premier tour des élections municipales, focus sur les électeurs de Guyane et plus particulièrement trois jeunes. Qui sont les votants juvéniles guyanais ?
On les qualifie souvent d’abstentionnistes, on peut avoir l’impression que le vote ne fait pas partie de leurs priorités. Les jeunes semblent être les outsiders des élections. Et pourtant certains ne résistent pas à l’appel des urnes et au devoir de citoyen. Marc, Jessie et Yann ont entre 24 et 26 ans et le vote ils s’y connaissent.


Est-ce que vous votez ?

Marc : Oui j’ai fait une procuration pour voter dans mon village en Dordogne. Je considère le  droit de vote comme un réel devoir du citoyen.
Yann : Oui.
Jessie : Oui je vote.


Depuis quel âge votez-vous ?

Marc : Je n’ai pas pu voter en 2007 pour les présidentielles parce que j’avais 17 ans. J’ai voté en 2008 pour les municipales.
Yann : Dès mes 18 ans. Il y avait des présidentielles, je ne pouvais pas rater ça !
Jessie : Depuis mes 18 ans à l’occasion des présidentielles de 2007.


Votre inscription sur les listes électorales était de vous-même ou sous l’influence parentale ?

Marc : C’était une décision personnelle.
Yann : Sous leur influence, ils ont dû me le rappeler.
Jessie : Mon inscription s’est faite sous l’influence parentale. Mon père m’a accompagné à la mairie et m’a également expliqué l’importance du vote. Pour lui j’approchais des 18 ans et il fallait absolument que je sois inscrite sur les listes électorales !


Pour vous est ce que le fait de voter à une importance ou une signification ?

Marc : Oui bien sûr. La première importance est que par ce vote on s’implique dans la vie publique et politique pour les 5 prochaines années.
Yann : Pas vraiment. Mais ça reste un devoir civique, alors plaisant ou non, il faut bien le faire!
Jessie : Je pense que ça a son importance. C’est l’occasion de faire entendre sa voix, son avis, d’exprimer une opinion. Pour nous cela paraît normal, mais dans d’autres pays où on n’a pas le droit de voter ou que le choix de vote est imposé, on se dit qu’on a quand même de la chance. Que c’est un droit acquis dont on doit profiter.


Comment expliquez-vous le fort abstentionnisme qui existe chez les jeunes ?

Marc : Ce n’est pas nouveau, le message politique a toujours eu du mal a passé chez les jeunes. Je pense que c’est dû au discours qui n’est pas adapté. Ce n’est pas la priorité quand on a 18 ans, on vit chez papa maman, on ne paie pas d’impôts, etc. Cela me parait concevable que ce ne soit pas la priorité mais c’est dommage…
Yann : Désintérêt pour la politique et ce qui s’y rapporte, pas conscience des effets du vote sur la vie quotidienne… Mais difficile de les blâmer: C’est seulement en commençant à prendre conscience des difficultés de la vie en société qu’on finit par voir le vote comme une solution potentielle.
Jessie : Je pense que certains jeunes ne se sentent tout simplement pas concernés par le sujet, qu’ils ont d’autres préoccupations ou qu’ils se disent que ça ne se résume qu’à des beaux discours mais rien de concrets en ce qui les concernent ou les intéressent vraiment.


Qu’attendez-vous de cette élection?

Marc : Au niveau de la Guyane j’espère une forte mobilisation et que les personnes élues se rendent compte qu’ils ont un gros challenge à relever et de grosses responsabilités en terme d’emploi, d’environnement et mesures sociales.
Yann : Du changement dans les municipalités! Même si ça tient plus de l’illusion que de l’attente…
Jessie : Des projets structurants ou novateurs dans l’intérêt de la commune et de ses citoyens.


Avec qui irez-vous voter : Seul, en bande ou en famille ?

Marc : Etant donné que j’ai fait procuration je n’irais pas dans un bureau de vote.
Yann : Seul, rarement avec des amis. En général, quand je me réveille, tout le monde chez moi y est déjà allé.
Jessie : Je me rends au bureau de vote seule ou en famille cela dépend.


Avez-vous discuté en famille ou entre amis sur le choix à faire? Ou cela reste une démarche toute personnelle?

Marc : Oui j’ai discuté des élections locales avec mes amis. Ici je ne parle pas trop du débat car ne je voterais pas en Guyane mais j’incite mes amis guyanais à aller voter.
Yann : Chez moi, chacun est libre de son choix. Petite anecdote : mon frère, qui vote pour la première fois cette année, a demandé à ma mère pour qui elle allait voter. Quand on lui a demandé pourquoi, il a répondu : «Oh mais attends! Je vais pas voter pour la même personne que toi!».
Jessie : Non pour moi c’est une démarche personnelle, le vote doit rester quelque chose de secret.