Temps fort du procès aux assises de l’enlèvement et du meurtre de l’entrepreneur Maurice Méthon, le témoignage jeudi 25 février à la barre de sa fille, Carole, et de sa veuve, Christiane. Ce vendredi, la cour va entendre les principaux accusés.
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Si des soupçons ont pesé sur elle en début d’enquête, fin 2011, Carole a été mise hors de cause l’année suivante : la chambre de l’instruction a annulé sa mise en examen, faute de preuves suffisantes. De plus, les deux accusés qui l’avaient présentée au départ comme commanditaire du crime de son père se sont ensuite rétractés. C’est donc comme victime, constituée comme partie civile qu’elle participe à ce procès, aux côtés de sa mère Christiane et de son oncle Arsène. (Le fils et la sœur de Carole sont aussi parties civiles, même s’ils ne sont pas présents à l’audience). Au sujet du braquage au domicile familial dans la nuit du 21 au 22 septembre 2011, Carole Méthon et sa mère, Christiane, ont décrit tour à tour cette soirée dramatique, où, tenues en joue par un braqueur, elles ont vu leur père et mari surpris à l’entrée de la maison, roué de coups, puis enlevé, alors qu’ils étaient ligotés dans une chambre. « J’ai vu mon mari partir, et on m’a rendu un homme carbonisé », conclue Christiane Méthon à la fin de son témoignage. Au sujet de la veuve, le psychologue expert qui l’a examiné en janvier 2013, évoque des « traces évidentes de manifestations post-traumatiques ». « On m’a enlevé la moitié de moi-même », a précisé Christiane au psychologue. Aujourd’hui âgée de 70 ans, elle a beaucoup de mal à trouver le sommeil, et, selon le psychologue « elle continue à travailler dans l‘entreprise familiale » - qu’elle a créé et développé avec son mari - « mais comme un robot, car cela a perdu de son sens ».
Chemise bleue sombre, voix douce mais déterminée, Carole Méthon, 41 ans, a témoigné pendant près d’une heure devant la cour ce jeudi. D’abord sur les faits. Vers 22h30, elle dit avoir été surprise par trois personnes devant le portail de la maison familiale alors qu’elle revenait en voiture du restaurant « Cric Crac », où elle travaille. « Ils m’ont forcé à désactiver l’alarme, puis à rentrer ». « J’ai pris un coup de crosse sur la bouche. Leurs visages étaient cachés, ils disaient : avance, tais toi…il y en avait un qui dirigeait les autres ». Sous la menace, elle rejoint le domicile où se trouve sa mère et son fils de douze ans, qui dort dans sa chambre. « L’un nous tenait en joue avec une arme, ma mère et moi. Les autres faisaient des vas et vient dans la maison, pour prendre des choses. Ils ont vu le coffre en haut, ma mère leur a ouvert, mais il n’y avait rien dedans. Ils nous ont dit : C’est tout ce que vous avez ? De peur d’être violentés, j’ai donné l’argent et les cartes bleues que nous avions. Puis on a entendu la voiture de mon père arriver. Deux d’entre eux lui sont tombés dessus et l’ont frappé. Mon père est tombé, ils l’ont traîné au salon, en lui demandant de l’argent. Il leur a dit : Je n’ai rien, c’est au Cric Crac. Là, ils sont devenus plus méchants, ils s’acharnaient sur lui à coups de pied. Il criait. Mon fils s‘est réveillé, il est sorti, effrayé, et voyant son grand-père, il leur a dit : ne le tuez pas ». Quand elle évoque cette scène, Carole Méthon a la voix tremblante d’émotion. « Ils nous ont ligoté dans une chambre, et là, on a juste entendu les voitures partir ». L’alerte a été donnée grâce à Facebook, depuis la chambre où ils étaient ligotés. Le fils de Carole a posté sur son ordinateur le message « SOS alerte braquage ». « Un ami de Saint Laurent qui était connecté l’a vu, et a donné l’alerte », indique Carole Méthon.
La suite de son témoignage porte sur son père, en réponse aux questions de la présidente de la cour.
« Il était autoritaire dans le travail, indique Carole Méthon à la barre. « Mais quand on est chef d’entreprise, on a pas le choix », précise t-elle. « Depuis petit, on a été élevé en faisant la différence entre le travail et la famille »…« Je n’ai jamais de problème avec lui, sauf à l’adolescence, car j’étais turbulente, mais j’ai eu des règles de vie »… « Je suis la fille d’un père qui a œuvré pour l’éducation de ses enfants. J’ai eu des bases, des valeurs.», ajoute Carole Méthon. « Nous étions une famille heureuse, nous avions nos moments à nous.». Interrogée par la présidente sur de supposés attouchements dont elle aurait été victime de la part de son père, allégation faite par un accusé au cours de l’enquête, Carole Méthon réplique : « en tant que femme, je n’ai jamais eu de problèmes d’attouchements, ni de mon père, ni de quiconque ». Quand la présidente l’interroge sur son apparente indifférence face à la disparition de son père le lendemain du braquage, elle répond : «Dans un premier temps, je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. c’était une forme de protection, de déni…je croyais que la vie allait continuer, que j’allais retrouver mon père assis à sa place, dans l’entreprise ». Spontanément, à la fin de son témoignage, Carole Méthon évoque le calvaire vécu par son fils. « A l’époque, il n’avait qu’un seul rein qui fonctionnait. Cette épreuve l’a fait compenser » - sur son seul rein valide, qui s’est donc détérioré. « Aujourd’hui, il est hospitalisé, en attente d’une greffe », précise sa mère, au bord des larmes.
Delcy Ney TAVARES CAMPOS, un membre du trio des braqueurs présumés a également été entendu hier. Il désigne ses deux complices, les surnommés « Nao » (Elcinado DA SILVA CAMPOS) et « Playboy » (Jose CARLO DA SILVA) comme les deux auteurs principaux des faits, et dit n’avoir pas participé à la mort de Maurice Méthon. Il était seulement là pour un cambriolage, proposé par « Nao », selon ses dires. Lors du meurtre, ne voulant pas « être mêlé à ça » il affirme s’être écarté de la voiture où se trouvait Maurice Méthon, enfermé dans le coffre. Il dit avoir entendu deux détonations, sans voir la scène. Il nie ensuite avoir aidé à mettre le feu à la voiture, comme le prétendent les deux autres membres du trio. Ces derniers ne l’impliquent pas dans le ou les tirs mortels. « Nao » et « Playboy » seront entendus ce vendredi par la cour sur les faits présumés.
Enfin, hier après-midi, l’audience a connu un premier moment de tension : comme ils l’ont fait au cours de l’instruction, « Playboy » et « Nao » ont incriminé Franssoa Da Silva Manciel, un accusé qui comparait pour complicité dans un autre braquage joint au dossier, commis le 8 septembre 2011 à Matoury. Tour à tour, « Playboy » et « Nao » ont indiqué à la barre que Franssoa avait « fourni les armes pour le braquage de Maurice Méthon », ce que dément l’intéressé. En revanche, devant la cour, Franssoa Da Silva Maciel a reconnu avoir amené Playboy jusqu’à Iracoubo, le lendemain du braquage, lequel dit avoir laissé chez Franssoa sa part du butin dérobée chez les Méthon, « pour ne pas se faire prendre ». Franssoa reconnaît aussi que Nao et Playboy lui avaient proposé d’ « aller braquer le gars du Cric-Crac », ce qu’il avait refusé. Il était donc au courant que quelque chose se tramait… Malgré tout, il n’est pas poursuivi dans l’affaire de l’enlèvement et du meurtre de Maurice Méthon. Il ne sera donc pas jugé pour ce volet, le plus lourd de l’affaire.
Le témoignage de Carole Méthon sur le braquage
Chemise bleue sombre, voix douce mais déterminée, Carole Méthon, 41 ans, a témoigné pendant près d’une heure devant la cour ce jeudi. D’abord sur les faits. Vers 22h30, elle dit avoir été surprise par trois personnes devant le portail de la maison familiale alors qu’elle revenait en voiture du restaurant « Cric Crac », où elle travaille. « Ils m’ont forcé à désactiver l’alarme, puis à rentrer ». « J’ai pris un coup de crosse sur la bouche. Leurs visages étaient cachés, ils disaient : avance, tais toi…il y en avait un qui dirigeait les autres ». Sous la menace, elle rejoint le domicile où se trouve sa mère et son fils de douze ans, qui dort dans sa chambre. « L’un nous tenait en joue avec une arme, ma mère et moi. Les autres faisaient des vas et vient dans la maison, pour prendre des choses. Ils ont vu le coffre en haut, ma mère leur a ouvert, mais il n’y avait rien dedans. Ils nous ont dit : C’est tout ce que vous avez ? De peur d’être violentés, j’ai donné l’argent et les cartes bleues que nous avions. Puis on a entendu la voiture de mon père arriver. Deux d’entre eux lui sont tombés dessus et l’ont frappé. Mon père est tombé, ils l’ont traîné au salon, en lui demandant de l’argent. Il leur a dit : Je n’ai rien, c’est au Cric Crac. Là, ils sont devenus plus méchants, ils s’acharnaient sur lui à coups de pied. Il criait. Mon fils s‘est réveillé, il est sorti, effrayé, et voyant son grand-père, il leur a dit : ne le tuez pas ». Quand elle évoque cette scène, Carole Méthon a la voix tremblante d’émotion. « Ils nous ont ligoté dans une chambre, et là, on a juste entendu les voitures partir ». L’alerte a été donnée grâce à Facebook, depuis la chambre où ils étaient ligotés. Le fils de Carole a posté sur son ordinateur le message « SOS alerte braquage ». « Un ami de Saint Laurent qui était connecté l’a vu, et a donné l’alerte », indique Carole Méthon.
Un père autoritaire mais qui a transmis des valeurs
La suite de son témoignage porte sur son père, en réponse aux questions de la présidente de la cour.
« Il était autoritaire dans le travail, indique Carole Méthon à la barre. « Mais quand on est chef d’entreprise, on a pas le choix », précise t-elle. « Depuis petit, on a été élevé en faisant la différence entre le travail et la famille »…« Je n’ai jamais de problème avec lui, sauf à l’adolescence, car j’étais turbulente, mais j’ai eu des règles de vie »… « Je suis la fille d’un père qui a œuvré pour l’éducation de ses enfants. J’ai eu des bases, des valeurs.», ajoute Carole Méthon. « Nous étions une famille heureuse, nous avions nos moments à nous.». Interrogée par la présidente sur de supposés attouchements dont elle aurait été victime de la part de son père, allégation faite par un accusé au cours de l’enquête, Carole Méthon réplique : « en tant que femme, je n’ai jamais eu de problèmes d’attouchements, ni de mon père, ni de quiconque ». Quand la présidente l’interroge sur son apparente indifférence face à la disparition de son père le lendemain du braquage, elle répond : «Dans un premier temps, je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. c’était une forme de protection, de déni…je croyais que la vie allait continuer, que j’allais retrouver mon père assis à sa place, dans l’entreprise ». Spontanément, à la fin de son témoignage, Carole Méthon évoque le calvaire vécu par son fils. « A l’époque, il n’avait qu’un seul rein qui fonctionnait. Cette épreuve l’a fait compenser » - sur son seul rein valide, qui s’est donc détérioré. « Aujourd’hui, il est hospitalisé, en attente d’une greffe », précise sa mère, au bord des larmes.
L’un des trois braqueurs présumés nie le meurtre
Delcy Ney TAVARES CAMPOS, un membre du trio des braqueurs présumés a également été entendu hier. Il désigne ses deux complices, les surnommés « Nao » (Elcinado DA SILVA CAMPOS) et « Playboy » (Jose CARLO DA SILVA) comme les deux auteurs principaux des faits, et dit n’avoir pas participé à la mort de Maurice Méthon. Il était seulement là pour un cambriolage, proposé par « Nao », selon ses dires. Lors du meurtre, ne voulant pas « être mêlé à ça » il affirme s’être écarté de la voiture où se trouvait Maurice Méthon, enfermé dans le coffre. Il dit avoir entendu deux détonations, sans voir la scène. Il nie ensuite avoir aidé à mettre le feu à la voiture, comme le prétendent les deux autres membres du trio. Ces derniers ne l’impliquent pas dans le ou les tirs mortels. « Nao » et « Playboy » seront entendus ce vendredi par la cour sur les faits présumés.
Mis en cause, un accusé échappe aux poursuites
Enfin, hier après-midi, l’audience a connu un premier moment de tension : comme ils l’ont fait au cours de l’instruction, « Playboy » et « Nao » ont incriminé Franssoa Da Silva Manciel, un accusé qui comparait pour complicité dans un autre braquage joint au dossier, commis le 8 septembre 2011 à Matoury. Tour à tour, « Playboy » et « Nao » ont indiqué à la barre que Franssoa avait « fourni les armes pour le braquage de Maurice Méthon », ce que dément l’intéressé. En revanche, devant la cour, Franssoa Da Silva Maciel a reconnu avoir amené Playboy jusqu’à Iracoubo, le lendemain du braquage, lequel dit avoir laissé chez Franssoa sa part du butin dérobée chez les Méthon, « pour ne pas se faire prendre ». Franssoa reconnaît aussi que Nao et Playboy lui avaient proposé d’ « aller braquer le gars du Cric-Crac », ce qu’il avait refusé. Il était donc au courant que quelque chose se tramait… Malgré tout, il n’est pas poursuivi dans l’affaire de l’enlèvement et du meurtre de Maurice Méthon. Il ne sera donc pas jugé pour ce volet, le plus lourd de l’affaire.