Enfant, elle peignait sur des galets des phares qu’elle vendait aux touristes en Bretagne. Françoise Keryer a grandi mais la passion de la mer et de son environnement ne l’a jamais quittée. Après quelques années à Mayotte, elle est arrivée il y a quatre mois en Guyane. Vendredi, elle animera un atelier culturel autour de l’art qu’elle pratique depuis 2019 : le gyotaku. Cette pratique traditionnelle venue du Japon consiste à prendre l’empreinte de poissons, à l’aide d’encres ou de peintures. « À l’origine, c’est comme cela que les pêcheurs traditionnels du XIXème comparaient leurs poissons lors de concours, indique Françoise Keryer. Il n’y avait rien d’artistique, c’était une pratique populaire, réalisée à l’encre de Chine. »
Un apprentissage en Bretagne et au Japon
Depuis, la méthode s’est transmise et est désormais élevée au rang d’art. Après son séjour à Mayotte, où elle a pris plaisir à observer le fond du lagon, Françoise Keryer s’initie, en Bretagne, auprès de Marc Porrini « le plus grand artiste français », indique-t-elle. Son apprentissage, Françoise Keryer le complétera, pour son plus grand bonheur par un stage de trois semaines à Osaka, auprès du Maître Masatsu Matsunaga, celui-là même qui a formé Marc Porrini.
Des étapes précises à respecter
Intéressée par la biodiversité de la Guyane, elle s’y est installée il y a quatre mois. « C’est un environnement fascinant pour pratiquer ! J’en apprends énormément sur la biodiversité ! » Parmi les espèces qu’elle a déjà pu reproduire, Françoise Keryer nous présente un croupia et un atipa. Pour chaque poisson, sa méthode reste la même. La première étape consiste à mettre de la peinture ou de l’encre sur une des faces du poisson. Puis, Françoise Keryerlui applique le papier de son choix. « C’est un peu comme un moulage », avance-t-elle.
Tout l’art réside ensuite dans la pression exercée à certains endroits et non à d’autres, pour obtenir les différents dégradés qui redonnent vie à l’animal. « Ce n’est pas de la photographie, on ne cherche pas forcément à reproduire la réalité. Ici, c’est un peu comme si le dessin était en relief », s’enthousiasme Françoise Keryer. La touche finale seulement sera apportée au pinceau : la réalisation de l’œil qui donnera un côté encore plus expressif à l’ensemble.
Encre ou peinture
Dans l’art du gyotoku, tout compte pour parvenir au résultat souhaité. « Entre la peinture et l’encre, on n’a pas la même viscosité », détaille Françoise Keryer qui énumère plusieurs types de papier qu’elle fait venir de l’Hexagone ou de Japon et réalisés à base de fibres végétales ou intégrant parfois du sable.
Un poisson toujours consommable... en fonction du porduit utilisé
Pour pouvoir consommer le poisson une fois l’empreinte réalisée, deux options sont possibles : utiliser des produits comestibles, tels l’encre de seiche, ou prélever un filet sur l’autre face du poisson, celle qui ne sera pas enduite d’encre ou de peinture.
Aujourd’hui, Françoise Keryer travaille avec des poissons issus du marché de Cayenne. Mais elle espère pouvoir bientôt être en lien avec des pêcheurs et des scientifiques pour travailler notamment avec le produit des prises accidentelles.
Présentation au public
Vendredi le public pourra assister à une démonstration de gyotaku, sans doute avec un croupia pêché dans nos eaux. Quant au résultat… « Cela va aussi dépendre du vent et de l’humidité que ne connaît pas encore trop ici, reconnaît Françoise Keryer. J’espère que le public sera indulgent ! »
Apéro culturel au 32 bis à Cayenne (angle des rues Justin Catayée et Lieutenant Becker), vendredi 21 février entre 18h et 20h.