Affaire Balmokoun : l'ancien adjoint au maire condamné en appel à 22 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de son épouse

Salle d'audience n°1 de la Cour d'Assises de Cayenne
Le procès en appel de Germain Balmokoun s'est achevé ce 24 septembre à la Cour d'Assises de Cayenne. Après sept jours d'audience, l'ancien directeur d'école et adjoint au maire de Saint-Laurent du Maroni a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle. En première instance, il avait été condamné à 25 années. Il clame toujours son innocence.

Les avocats de la défense n'ont pas convaincu les jurés lors de ce procès en appel. Germain Balmokoun a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle ce mardi 24 septembre pour l'assassinat de son épouse, Thu Ha Tran Thi.

L'accusé a pourtant, une fois de plus, clamé son innocence à la fin de ces sept jours d'audience. "Je suis devant vous parce que je ne suis pas coupable des faits qui me sont reprochés. Je n'ai jamais eu l'intention de me séparer de mon épouse, je n'ai jamais eu l'intention de détruire la vie de mon épouse", a-t-il déclaré. Et d'ajouter :

Je suis de ceux qui pensent qu'aucun être humain n'a le droit d'enlever la vie à un autre. Je vous le dis aujourd'hui, je n'ai pas tué mon épouse, je n'ai fait aucun mal à Thu Ha. Ma vie a été basée sur l'amour et le respect. J'ai aimé Thu Ha, j'aime encore Thu Ha. Je me demande où les gens vont trouver ces histoires. C'est une hérésie de croire que j'ai tué mon épouse. Je n'ai tué personne. Ne me condamnez pas pour un crime que je n'ai pas commis"

Germain Balmokoun

Une enquête "basée sur des rumeurs", selon la défense

Les "histoires" et les "rumeurs", voici justement les mots-clés utilisés par la défense durant ce procès. Mardi après-midi, les quatre avocats de la défense se succèdent à la barre. Dans son plaidoyer, Me. Raphaël Lapin affirme que le fil d'Ariane de l'enquête a été la "rumeur" et que c'est ainsi que naissent les erreurs judiciaires. La défense évoque notamment les imprécisions de la directrice d'enquête, entendue la semaine passée en audience.

Me. Émile Tshefu, dans un plaidoyer de plus d'une heure, lance "on ne lâchera pas" et "je ne peux pas accepter ça". Il rappelle aux jurés que l'on vit dans un pays de démocratie. Il conclut son propos avec cette citation de Voltaire : "Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que condamner un innocent" et leur demande - comme l'ont fait ses trois confrères de la défense - d'acquitter Germain Balmokoun.

Une peine de 30 ans requise par l'avocate générale

L'avocate générale requit quant à elle 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une interdiction de détenir une arme pendant 15 ans ainsi qu'une interdiction d'exercer une activité de représentation dans la fonction publique.

La représentante de la société et de l'intérêt général estime que la défense "salit les témoins" et déclare :

C'est pas le procès de la rumeur, c'est pas le procès des ragots, c'est le procès de monsieur Balmokoun ! Tout ce que pouvait être vérifié a été vérifié [...] Il est devant vous parce qu'il a été mis en examen suite à des éléments à charge.

Par ailleurs, elle note que M. Balmokoun avait dit à son amante qu'à son retour de son voyage au Vietnam avec Thu Ha Tran Thi, "il n'y aurait plus Mme Balmokoun" parce qu'elle lui "faisait chier" et qu'il en avait marre de ses crises de jalousie. "Il se vantait d'être revenu célibataire", dit l'avocate générale. Elle conclut en disant : "c'est un paradoxe d'avoir tué celle à qui on était lié pour le meilleur et pour le pire."

"Pour lui, tout est fabrication", selon la partie civile

L'avocate de la partie civile, elle, pointe du doigt les incohérences de Germain Balmokoun. "C'est un film, dont j'ai même l'intitulé : comment créer un innocent quand tout converge vers lui et l'accuse", lance-t-elle. Et de livrer cette expression :

On voit la queue de la souris dans la bouche du serpent et pourtant le serpent continue de nier avoir avalé la souris. Et monsieur Balmokoun est exactement comme ce serpent. Il continue de nier, même l'évidence.

"Le problème est qu'il a l'arrogance de penser que vous êtes dupes. Il a l'arrogance de penser pouvoir créer un innocent", ajoute Me. Corinne Yang-Ting Boulogne, avocate de la partie civile.

Et c'est finalement cette plaidoirie qui a convaincu les jurés. À 22h00, après plus trois heures de délibération, le jugement est rendu. Germain Balmokoun retourne au centre pénitentiaire. Il est condamné cette fois à une peine de 22 ans, soit trois ans de moins qu'en première instance.

Les avocats de la défense comptent demander un pourvoi en cassation.