Affaire « cocaïne sur les bateaux d’Ariane » : six personnes mises en examen, cinq placées en détention provisoire

Le navire le Toucan, transporteur des éléments de la fusée Ariane
Soupçonnées d’avoir fait passer de la cocaïne en Europe dans des caissons aimantés sur la coque des navires transportant les fusées Ariane et Soyouz, 6 personnes ont été mises en examen pour : trafic de stupéfiants en bande organisée, blanchiment de stupéfiants et association de malfaiteurs.
Dans cette affaire de trafic de drogue, l'enquête est pilotée par la JIRS, la Juridiction Interrégionale Spécialisée de Fort de France.


Un coffre aimanté repéré sur la coque d'un navire

Tout commence le 5 août dernier à Kourou : avant de lever l’ancre vers l’hexagone, le capitaine du MN Toucan, le navire qui transporte les éléments d’Ariane aperçoit sur la coque un coffret aimanté. Il contient 7 kilos de cocaïne. L’enquête est menée par l’antenne locale de l’Office Interministériel Anti Stupéfiants, et la brigade financière de l’Unité Territoriale d’Investigation Spécialisée. Un réseau présumé est soupçonné d’avoir transféré vers l’hexagone de la cocaïne achetée au Surinam, sur la coque des deux bateaux d’Ariane. Selon le parquet de Fort de France, la marchandise était récupérée dans les ports du Havre et de Rotterdam, via deux plongeurs.
 

6 personnes arrêtées le 14 mars

Après la saisie du 5 août, la filière présumée choisit une voie plus classique pour le trafic, avec des mules, par avion. La cocaïne est revendue notamment à Paris, Poitiers, Toulouse, Cahors, Agen. Le 14 mars, six personnes sont arrêtées en Guyane, placées en garde à vue, puis incarcérées à Rémire-Montjoly. Selon le procureur de Martinique, leur transfert vers Fort de France a été rendu impossible par la crise sanitaire. Mardi, un juge d’instruction de Fort des France les a mis en examen par visio conférence notamment pour « trafic de stupéfiants en bande organisé » Cinq des suspects habitent à Kourou, un autre en Haute Savoie. Deux sont chefs d’entreprise, deux autres travaillent en intérim, un cinquième à la mairie de Kourou, le dernier étant sans profession.
Les six mis en cause ont contesté hier leur placement en détention provisoire devant le Juge des Libertés et de la Détention de Fort de France, en invoquant notamment la crise sanitaire. Cinq ont été déboutés et restent en prison, un dernier a été remis en liberté, sous contrôle judiciaire.


La légitimité des incarcérations contestée par les avocats

A noter enfin que mardi dernier, les avocats des suspects ont contesté la légitimité de l’incarcération de leurs clients, estimant expiré le mandat d’amener délivré par le juge de Martinique, qui avait six jours pour l’appliquer. Selon l’avocat de l’un des mis en cause, le juge a évoqué des « circonstances insurmontables » - les contraintes de circulation liées au coronavirus – pour justifier ce retard dans le transfert vers la Martinique, un motif indiqué dans le code pénal. Saisi par la défense, le Juge des Libertés et de la Détention de Guyane a demandé l’avis de la cour de cassation pour savoir s’il était compétent pour trancher sur ce point.