Santé, recycling, or vert, transition énergétique... Huit catégories sont représentées au concours Innovation Outre-Mer 2024. La compétition s'est tenue du 18 au 22 novembre, à Paris. Parmi les nombreux Ultramarins venus présentés leurs projets innovants, trois Guyanais sont arrivés en finale.
Les huit gagnants bénéficieront d'un accompagnement de quatre mois dans un programme d’accélération du réseau Outre-Mer Network (incubateur à l'origine de ce prix) à Station F, La Ruche, Paris Saclay, etc. Ils auront aussi droit à un accompagnement à la levée de fonds.
Private Cashless de Mike Veldwatcher
Mike Veldwatcher concourt dans la catégorie Loisirs, culture et artisanat. Il souhaite faciliter la vie des festivaliers et autres participants à des événements culturels aux Antilles et en Guyane. Son projet, c'est Private Cashless FWI. "C'est avoir sa carte bancaire raccordée à son bracelet", explique le fondateur.
Private Cashless a été créé dans le but d'avoir un porte-monnaie au poignet pour faire des paiements instantanés, sécurisés, et même sans internet.
Mike Veldwatcher
Son projet est déjà sur le marché. Il a notamment couvert le concert de Kalash en Martinique le 14 août dernier. 23.000 spectateurs ont porté ses bracelets.
Cette innovation existe depuis plusieurs années. Seulement, aucun opérateur n’était installé dans la région, selon Mike Veldwatcher. "C’étaient des opérateurs de Métropole qui venaient, j'ai décidé de couvrir les événements de manière locale", dit-il.
Pour Mike Veldwatcher, le plus important n’est pas de remporter le prix Innovation Outre-Mer.
Je trouve que c'est un tremplin pour nous, ça peut me permettre de me lancer plus loin. Juste à côté de la Guyane, on a le Surinam, le Brésil, ça peut ouvrir des portes... À côté de la Martinique, on a Sainte-Lucie, on a la Dominique [...] Mais l'important, ce n'est pas forcément d'être le lauréat. En tant que finaliste, on a vraiment été accompagnés.
Cette expérience lui permet, dit-il, de viser le marché international.
Anthony Leveillé et la solution de collecte de données Leila
Il y a moins d'un an, Anthony Leveillé, ingénieur industriel de 30 ans, co-fonde la start-up Méthode Codes avec Christopher Servius. En novembre 2024, ils décident de présenter Leila, leur solution de collecte de données, au prix Innovation Outre-Mer dans la catégorie "start".
Leila permet de collecter des informations sur le terrain auprès des équipes. On a un système de stockage de la donnée et on va mettre tout ça sur des tableaux et des graphiques pour que les personnes qui bossent sur les lignes, sur le terrain, en front... aient de la donnée à analyser pour prendre des décisions.
"On a besoin de développer le tissu économique et ça passe par le développement d'activités industrielles qui consiste à exploiter les ressources qu'on a à disposition et faire en sorte que cela se passe des meilleures façons possible", ajoute Anthony Leveillé.
La start-up, localisée en Guyane, a déjà travaillé avec la compagnie Auplata, ainsi que La Brique de Guyane ou encore la SARA. Leur logiciel, qui s'adresse aux industriels, s'adapte aux différents secteurs pour répondre à leurs problématiques propres. Les deux entrepreneurs guyanais espèrent que Leila s’étendra au plateau des Guyanes et sur le continent africain.
S'ils participent au prix Innovation Outremer, c'est aussi pour se faire voir des potentiels investisseurs et clients pour développer leur projet. Ce vendredi soir, on saura si Leila, le projet d’Anthony et Christopher, a remporté le prix de leur catégorie.
En 2021, la société Bio Stratège, désormais bien implantée dans le paysage guyanais, avait remporté 2 prix dans le cadre de ce concours.
Fabien Granger et Amazon'Hydro Force
L’eau comme source d’énergie, c’est l’idée de la start-up Amazon'Hydro Force. Fabien Granger, créateur et développeur du projet, le porte aujourd’hui devant le jury du prix Innovation 2024. "On apporte une solution d'énergie renouvelable bas carbone à partir de la force de l'eau, grâce à des hydroliennes de surface qui sont transportables, modulables et adaptables", explique l'ingénieur.
Imaginez un moulin à eau en forme de triangle avec des palles en impression 3D, cela crée une force mécanique convertie en électricité via différents processus techniques. Et tout ça flotte sur un radeau. Il y a deux flotteurs de chaque côté de la plateforme. ça amène de l'électricité là où les gens n'en ont pas, ou bien là où les gens ont des moyens de production électrique contraignants, coûteux ou polluants.
Une solution pour résoudre les problématiques liées à l’accès à l’énergie grâce à l’eau qui a déjà fait ses preuves. "On a un brevet et une preuve de concept et on a fait un démonstrateur pour l'armée en Guyane [...] et on a une caution scientifique du LEGI-INP de Grenoble", avance Fabien Granger.
Aujourd'hui, Amazon'Hydro Force souhaite évoluer et s'industrialiser.
Cette innovation est partie d'un constat de Fabien Granger après plus de 15 ans de vie entre la Martinique et la Guyane.
J'ai constaté ce potentiel énorme des fleuves et rivières de nos territoires. Je me suis demandé pourquoi est-il inexploité, et la réponse, c'est : il n'y a pas de matériel adapté. Aujourd'hui, quand on veut faire de l'hydroélectricité, on fait un barrage, on met du béton dans la rivière, on tue des poissons, on ennoie des terres forestières et agricoles. Alors j'ai dit, "allons créer une machine qui va permettre d'exploiter ce potentiel proprement sans impacter l'environnement".
Finaliste dans la catégorie cleantech, la participation au prix Innovation Outre-mer représente une vitrine pour cet ingénieur, mais aussi l’occasion de se créer un réseau et de trouver des financeurs.