Affaire Lafont : l’association « pour la Vérité et la transparence dans le diocèse » confirme les informations de « La Croix » sur les mesures du Vatican

Affaire Lafont : les laïcs réagissent aux sanctions du Vatican
Monseigneur Emmanuel Lafont interdit d’exercer toute activité pastorale et assigné à résidence dans un monastère dans l’hexagone : selon le quotidien « La Croix » du 19 décembre, le Vatican a signifié ces mesures à l’ancien évêque. « L’Association pour la Vérité et la transparence dans le diocèse de Guyane » confirme ces informations.

Nicole NERON-PRIVAT, vice-présidente de l’association« pour la Vérité, la transparence et la moralisation dans le diocèse de Guyane», Patrick LOUIS-FERDINAND, président de l’association

Ils veulent faire la lumière sur les dysfonctionnements de l’Eglise catholique de Guyane et ils estiment avoir remporté une première victoire, l’association « pour la Vérité, la transparence et la moralisation dans le diocèse » dit avoir été informée par des autorités ecclésiales du résultat de l’enquête lancée par le Vatican sur le mandat de Monseigneur Lafont, évêque de Guyane de 2004 à 2020. 

Ainsi, selon l’association, Monseigneur Lafont se verrait interdit d’exercer toute activité pastorale, de porter les insignes d’évêque (mitre, crosse…), d’entrer en contact avec ses connaissances en Guyane ainsi qu’avec de jeunes migrants, et enfin assigné à résidence dans un monastère en métropole.

Dès sa création en 2020, l’association « pour la Vérité et la transparence » a réclamé au Vatican le lancement de cette enquête canonique…Elle a été menée à partir d’avril 2021 par Monseigneur David Macaire, archevêque de Martinique

Contacté, « l’enquêteur » désigné par le Vatican, Monseigneur David Macaire, n’a pas voulu communiquer sur le sujet, respectant en cela la règle de la confidentialité de ce type de procédure ecclésiale. Reste l’enquête judiciaire…Selon l’association, cinq plaintes ont été déposées contre Monseigneur Lafont. Une enquête préliminaire diligentée par le parquet est en cours pour traite d’être humain aggravée, aide au séjour irrégulier, abus de faiblesse, abus de confiance aggravé ou encore harcèlement moral.

Un témoignage édifiant

Certains plaignants sont d’anciens salariés de l’évêché qui disent avoir été harcelés pour avoir pointé des dysfonctionnements ou des dérives supposées sur les mœurs de l’évêque. Par ailleurs, un jeune majeur, migrant sans papier ni logement, hébergé à l’évêché en 2020, a porté plainte en 2021 pour abus de faiblesse contre Monseigneur Lafont. Il estime que l’évêque a pu profiter de sa vulnérabilité pour avoir des relations sexuelles avec lui. Nous l’avons rencontré…il s’est exprimé hors micro et hors caméra…selon lui, voilà ce que l’évêque lui aurait déclaré avant de l’héberger.

« Monseigneur Lafont me dit qu’il est homosexuel , donc si je veux, je peux coucher avec lui et il va me donner tout ce dont j’ai besoin, à manger, à dormir (…), mes papiers… » (…) « Je vois que c’est un vieux, ça me dégoute un peu, mais vu que je n’ai pas le choix… »

Selon ce jeune majeur, les relations sexuelles ont été fréquentes, pendant plusieurs mois…De son côté, Monseigneur Lafont a porté plainte contre lui pour agression en octobre 2020, agression démentie par le jeune…

L’évêque a toujours nié les accusations portées contre lui. Rappelons qu’il est présumé innocent. Contacté par nos soins, l’un de ses deux avocats, maître Jérôme Gay réagit suite à la conférence de presse de l’association « pour la Vérité et la transparence dans le diocèse » : " au niveau de la défense, nous n'avons aucun accès à la procédure pénale, nous n'avons pas non plus eu accès ni été informé d'une sanction canonique, Monseigneur Lafont a toujours nié les accusations portées contre lui et aujourd'hui il y a une seule vérité qui prospère c'est celle du tribunal médiatique (...) aujourd'hui au niveau de la vérité qu'ils recherchent il n'y a rien."