Le premier festival du livre de Papaïchton s’est tenu durant deux jours à la bibliothèque Saïfa.
Selon l’initiatrice du festival Courthney Pinson, responsable de la bibliothèque municipale, cette première tentative pour mettre le livre en valeur a permis de toucher le public scolaire et cela de la maternelle au secondaire. Entre l’atelier d’écriture et le concours de diction, les collégiens ont particulièrement apprécié leur rencontre avec l'écrivain aixois Delfino. Ils ne demandent qu'à recommencer l'année prochaine.
Jean-Paul Delfino l’affirme avec force : plus que jamais la jeunesse a besoin de la littérature pour se développer.
« La Guyane est une terre avec un mélange absolument incroyable de cultures venues des quatre coins du monde et après avoir eu la chance de rencontrer les gens du littoral, j’ai voulu aller vers les communes du fleuve… »
Un vœu de voyager à travers la Guyane qui s’est réalisé avec d’abord deux participations au Mapa Buku festi, le festival du livre de Maripasoula qui en est à sa 8e édition, puis cette année, une contribution à la première édition du Lobi leysi festi de Papaïchton.
« Je voulais voir la vie des gens du fleuve, c’est cela qui m’intéresse avant tout. Les rencontrer et parler pour mieux comprendre la Guyane »
La connexion avec des collégiens de Papaïchton
La rencontre avec les jeunes s’est faite au cours d’un atelier d’écriture. L’écrivain qui possède 25 ans d’expérience dans ce domaine se demandait quel accueil lui serait réservé. Il n’a pas été déçu :
« Je me déplace pour cela. J’ai donc pu rencontrer 13 élèves de 4ème du collège et j’ai eu une très grande surprise. Ces élèves en majorité des jeunes filles d’abord craintives ont finalement joué le jeu. Au bout de 5 jours, j’avais recueilli une centaine de feuilles. J’ai étudié avec la responsable de la bibliothèque la possibilité de mettre en place l’impression d’un petit fascicule de leurs textes. Mon rôle est de faire que ces jeunes filles qui, jusqu’à présent, n’avaient jamais écrit plus d’une demi-page produisent quelque chose dont elles puissent être fières par la suite. »
Un bémol cependant pour l’écrivain très désabusé qui n’a pas manqué de noter qu’à Papaïchton comme ailleurs sur le territoire hexagonal l’abaissement du niveau des élèves.
« Mais c’était important d’être là pour leur montrer à ces collégiennes qu’elles sont capables d’écrire et aussi de lire autre chose que les mangas, certes utiles pour entrer en littérature mais il faut pouvoir aussi lire autre chose. Mon rôle était de désacraliser tout ce qui est lecture et écriture. Une société digne de ce nom ne peut pas se passer de ces deux piliers pour avancer. C’est impossible ! »
Et de rappeler que le concours d’éloquence qui était aussi au programme du festival s’avère nécessaire :
« C’est important. Les jeunes qui lisent aujourd’hui ne rencontrent pas trop de difficulté à s’exprimer et à lire mais pour les autres cela est beaucoup plus complexe. Sans vouloir affirmer des choses, j’ai vu la différence entre les jeunes de Maripasoula amérindiens, ils lisaient très lentement et à voix basse tandis que ceux de Papaïchton lisaient très vite et de façon saccadée. On parle beaucoup de lecture, d’écriture mais l’élocution c’est quelque chose de fondamental ».
Ces échanges à l’ouest de la Guyane dans la vallée du Maroni où l’espace-temps prend une autre dimension inspirent à Jean-Paul Delfino de nombreuses réflexions :
« Ce qui m’a plu dans cette première édition c’est qu’il y a un fourmillement d’idées et pas uniquement sur la lecture et l’écriture… Tout le travail de la littérature c’est d’ouvrir la porte de la réflexion, prendre des idées, des émotions et ensuite de les analyser et les transmettre à l’autre. La littérature n’est pas figée, c’est quelque chose tournée en direction des autres et dont la principale qualité est de transmettre de l’émotion. Prendre le temps d’écrire c’est prendre le temps de poser ses idées, un luxe que peu de gens se permettent aujourd’hui. »
Le programme de Jean-Paul Delfino invité au Festival international du livre de Guyane
Les échanges avec Jean-Paul Delfino, auteur à succès de 30 romans, pour certains primés de multiples fois y compris « Guyanes » publié en 2023 vont continuer durant le Festival international du Livre de Guyane qui se tient du 27 au 30 novembre au Zéphir.
L’écrivain sera mercredi 27 à 14h 30 au zoo de Monsinéry pour le lancement de Jaguars un livre album qui met en scène un récit initiatique au cœur de la forêt guyanaise.
Jean-Paul Delfino interviendra également durant la matinée professionnelle du jeudi 28 à 11h30 sur le thème : Littérature et Intelligence artificielle.
Enfin dans l’après-midi à 16h30, il animera un café littéraire sur le thème : Quelles difficultés à « BDiser » sa biographie ?