Rendre la jeunesse guyanaise plus curieuse de son histoire
Leïa, par exemple, 10 ans, élève de CM2 est une grande lectrice et les aventures d'Aïyana l'ont passionnée. Et cela tombait bien car Leïa aime les récits où se mêlent l'aventure et le fantastique. Il lui a fallu deux jours pour venir à bout des 100 pages de l'histoire extraordinaire de cette fillette, habitante de la forêt, réfugiée avec une partie des habitants de son village sur les Monts Tumuc-Humac.Pour tout bien comprendre, elle a dû se référer au petit lexique qui figure à la fin du livre et donne la définition de certains termes amérindiens comme : Piaye, Katali, Omiotogosé ou encore Tëpigem. Elle s'est aussi adressée à ses parents pour des explications plus approfondies. Autant de démarches souhaitées par l'écrivaine :
Ce type d'ouvrage est très intéressant pour les enseignants qui peuvent exploiter ces petits romans guyanais en respectant les instructions officielles du ministère de l'éducation... C'est d'ailleurs une prof de lettres qui a fait les fiches en conformité avec les progressions et les compétences. Des collèges l'ont commandé et inscrit sur leur liste des livres à acheter à la rentrée...
La découverte du monde amérindien
Toutefois, Marie George Thébia n'est pas une spécialiste des amérindiens. Elle a donc fait un travail de recherches précis pour faire son choix du peuple, celui de la nation Wayana et articuler son récit :La difficulté, pour moi, c'est qu'il y a beaucoup de nations amérindiennes. Il ne fallait surtout pas mélanger les légendes Wayana, Teko ou Galibi... J'ai fait le choix des Wayanas parce que j'avais été émue par toute une série de livres sortis sur la désespérance des amérindiens. J'ai vu en étudiant leur histoire et leur cosmogonie qu'il y avait eu un repli sur les Monts Tumuc -Humac ... la plus grande difficulté a été de m'inspirer de leur histoire sans les trahir...
Le travail a donc été minutieux à la fois pour l'auteure et l'llustratrice Marie Verwaerde afin de n'offenser et ne surtout pas trahir les Wayanas estimés à 1000 aujourd'hui sur l'ensemble du terrritoire guyanais.
Au 17e la population amérindienne, toutes nations confondues, était d'environ 30 000 en Guyane.
Aïyana, une petite fille intrépide féministe avant l'heure
La petite Aïyana affiche une singularité inspirante. Elle porte sur ses frêles épaules de lourds combats qui en feront une héroïne représentative pour les jeunes lectrices :Je voulais poser mes petites graines dans la tête des jeunes filles d'aujourd'hui parce que je trouve que quelquefois, elles sont un peu trop dans le consensus. C'est un plaidoyer féministe. Tout est possible! Aïyana était partie battue, fille, elle est devenue chef, elle a sauvée son village, elle a réussi à échapper au pire des pièges ... c'est une conquérante, une amazone...
Marie-George Thébia ose aussi dans ce livre aborder subtilement la question des genres avec le personnage de Tupi, un petit garçon qui aime faire la cuisine, meilleur ami de Aïyana.
Une trame historique construite avec les ficelles de l'écriture moderne
Les jeunes lecteurs avec cet ouvrage vont se plonger dans un monde ancien où la nature joue un rôle prépondérant, où les hommes ne sont pas toujours les héros que l'on croit. Ils admireront le courage et la témérité d'Aïyana, s'attacheront à Tupi, riront des facéties du petit singe Saïmiri, s'énerveront des trahisons de Malani et rêveront des Monts Tumuc-Humac, lieu refuge de la nation Wayana.Pour en savoir plus sur Aïyana
Ce livre est donc le second de la collection "Mes romans de Guyane" qui s'adresse aux enfants à partir de 9 ans. Pourvu de belles illustrations dessinées par Marie Verwaerde il fait oeuvre pédagogique.Sur le site www.plumeverte.fr, les enseignants, les parents ont accès à des fiches pédagogiques conçues par Christine Garnier, Professeure certifiée en Lettres.