Ces faits sanglants présumés sont racontés par des photos insoutenables, qui circulent sur les réseaux sociaux, dans le milieu de l’orpaillage clandestin, certaines étant ensuite partagées au-delà de ce public restreint. D’abord le cadavre d’un chef de bande, gisant dans la forêt de Maripasoula : il était surnommé « Sucuri », « anaconda » en portugais du Brésil, pour son tatouage de serpent sur le bras.
Selon nos informations, depuis 2020, Sucuri et ses complices armés prélevaient de l’or dans les chantiers clandestins de la région de Dorlin-Inini-Eaux Claires. Ils auraient à leur actif plusieurs faits criminels. « Sucuri » aurait été victime d’une bande rivale, début janvier. Samuel Finielz, procureur de la république :
« Nous avons des groupes criminels dans la forêt. L’un de ces chefs de groupes a été tué. Cela s’est déroulé manifestement au mois de janvier par un chef rival. C’est un dossier sur lequel la section de recherche de Cayenne travaille intensément. »
Un partage d’or mortel
Selon nos informations, le chef rival s’appellerait « Zé Luis ». Avec quatre complices, il aurait été victime à son tour d’un règlement de compte la semaine dernière au sein même de sa bande, toujours dans le secteur de Dorlin. Cette deuxième affaire est en cours de vérification par les autorités. Samuel Finielz, procureur de la république précise :
« Il y aurait eu un conflit lors du partage d’une levée d’or avec des modalités de partage qui n’auraient pas été acceptées par tout le groupe. Cela aurait dégénéré avec des violences avec armes et des homicides. Au vu des premiers témoignages enregistrés par la section de recherche, il y aurait cinq personnes décédées par arme à feu dans le cadre de ce contentieux de levée d’or… nous avons la quasi-certitude de cela mais tout le travail c’est de localiser les corps et de retrouver un certain nombre de témoins… »
Un appel à témoignages
Une enquête est ouverte pour ces cinq homicides présumés, confiée à la section de recherche de la gendarmerie. Le procureur de la république appelle toutes les personnes ayant des informations sur ces faits à venir témoigner à la gendarmerie de la Madeleine, où est basée la Section de recherche. Ces affaires posent la question du contrôle de l’orpaillage illégal à Dorlin, dix ans après l’épopée sanglante de la bande de « Manoelzinho » dans la zone, qui s’était soldée notamment par la mort de deux commandos du 9ème Rima dans une embuscade, en juin 2012.
Pendant plusieurs années, un poste militaire installé sur place avait limité le retour des garimpeiros. Mais avec la levée de ce dispositif permanent, les orpailleurs clandestins ont repris petit à petit le terrain aux autorités, en dehors d’opérations Harpie ponctuelles dans ce secteur.