La reconnaissance internationale pour Mirtho Linguet. Ce n’est pas la première fois. Ce photographe professionnel Guyanais enchaîne les expositions aux États-Unis. Destination Miami pour son dernier projet : Black Dolls project.
Black Dolls project de Mirtho Linguet est présentée jusqu’au 30 novembre à la galerie Lelia Mordoch. deuxième étape de son périple à Miami. Auparavant, l'exposition a été dévoilée au Festival Tout-Monde.
Un label prestigieux pour une exposition concept déjà présentée à Washington, à la Vivid Gallery du Centre d’Art d’Anacostia et à la Fotoweek DC.
La consécration pour Mirtho Linguet, photographe professionnel Guyanais, qui à 48 ans, peut se targuer d’avoir un parcours exceptionnel dans le monde international très fermé de la photographie.
Une oeuvre photographique
Mirtho Linguet est un être singulier. Un être à part. Il aime à dire qu’il est quelqu’un de vrai, à contre -courant de la pensée unique. Il se dit sans filtre. Une posture qui l’a contraint progressivement à cultiver la discrétion, à refuser d’être dans la lumière, à s’effacer derrière son oeuvre.
Et pourtant... Il pourrait se permettre d’être dans la posture. Photographe professionnel, il a travaillé dans la mode pour des magazines comme Vogue, Cosmopolitan, Madame Figaro... ainsi que pour des agences de publicité. Il a vécu une vie que beaucoup pourraient lui envier : toujours entre deux avions, à côtoyer des filles de rêve, des VIP…
Mais ce monde de paillettes, ne lui ressemble pas. Il décide de retrouver ses vraies valeurs, au pays, de se construire un nouvel univers. La photographie, oui, mais pour construire une œuvre, son œuvre.
En 2006, il revient en Guyane et en 2009 se lance dans "Alchimie". Sa première exposition. D’autres suivront jusqu’à "Poupées noires" ou "Black Dolls project".
Contre le racisme et ses conséquences
"Black Dolls project" tire son inspiration du poème Limbe de Léon Gontran Damas qui traite du racisme et ses conséquences. Un projet couronné par le 1er prix Beaux-arts, décerné par le jury du concours de la Fotoweek DC, composé de personnalités de référence de la photographie : le fondateur de Redux, les directeurs photo du Wall Street Journal, du magazine The Wire, de Thomson Reuters ou de la National Art Gallery.
Mirtho Linguet a trouvé son langage : la photographie. Des photos pour exprimer ses émotions, ses révoltes, ses idées, ses univers…Il suffit juste de regarder.
Mirtho Linguet un artiste engagé
Mirtho Linguet cette expérience à Miami est-elle une consécration pour vous ?ML: Cette expérience à Miami est plutôt une étape dans un processus enclenché.
-Vous avez fait le choix de revenir en Guyane, il y a quelques années, comment mesurez-vous le chemin accompli depuis votre retour ?
ML: Je ne le mesure pas. J'avance, et continue à développer le travail qui se nourrit d'interrogations, il est question de temps, de patience, de persistance, et de persévérance. Demeure la difficulté qui est celle de faire comprendre que mon métier est nullement un passe temps et ce au delà des apparences.
-Vos expositions racontent toujours une histoire, dans quoi puisez-vous votre inspiration ?
ML: Pour répondre, la question du racisme et de ses conséquences de ses effets tragiques sur les personnes qui en sont les victimes du fait de leur couleur de peau, sont les sujets qui me préoccupent, il ne s'agit pas d'inspiration mais de questionnement devant ce qui reste un mystère familier car c'en est un.
- Vous dites que vos sujets d’inspiration restent « bruts », dans la forme, pourtant vous obtenez une photo presque parfaite, comment qualifierez-vous votre style ?
ML: Je photographie comme je pense, à savoir je refuse le subterfuge, le mensonge l'hypocrisie, et le faux semblant, il est question de se rapprocher de la vérité, si celle ci se trouve sublimée au point de révéler le caché alors tant mieux, dans un monde où il est prôné de tromper autrui et de favoriser l'illusion et le mensonge.
-Vous êtes en quête de sens, qu’est-ce qui vous motive ?
ML: Il n'est pas question de quête de sens, mais de compréhension des choses, ce qui me motive c'est de me rendre compte qu'il faille devoir sortir d'un conditionnement.
-L’exposition Black Dolls a remporté un succès international , vous vous y attendiez ?
ML: Pour l'équipe (Focus l'art communique, Inceptivo, G&US et moi même) il y a de la satisfaction, le résultat est conséquent et encourageant pour la suite. Le travail et le concept que propose Black Dolls Project (BDP) ont été exposés dans une galerie à Washington dans le quartier d'Anacostia, comme cela avait été envisagé en amont, il a été organisé un "Talk" (discussion) en présence de messieurs Donald Earl Collins et Ethelbert Miller durant la Washington Fotoweek puis un autre "Talk" a eu lieu à la librairie Sankofa bibliothèque de référence, l'exposition à la galerie Anacostia a été gratifié d'un article dans le Washington Post, de plus une de mes photographies de la série Black Dolls à remporté le 1er prix à la Fotoweek dans la catégorie Fine Art. Autant d'éléments qui montrent que ce travail photographique dans son esthétique interpelle par sa forme, son propos et ses interrogations. Tout cela avec le soutien financier de la DAC et de la CTG porté par l'association Guyanaise d'édition, l'ambassade de France et un partenaire privé (Matériel et Services). A ce jour comme nous projetons de nouvelles actions, toute aide est la bienvenue.
-Quels sont vos prochains projets ?
ML: Poursuivre ce qui est entamé avec le Black Dolls project.