Brésil : la forêt amazonienne victime des incendies et de la pire sécheresse observée

De la fumée s'élève alors que des incendies se propagent dans la forêt nationale de Brasilia, au Brésil, au milieu de la saison sèche, mardi 3 septembre 2024.
Lutter fermement contre les risques climatiques, c'est l'objectif annoncé par le gouvernement brésilien alors qu'une grande partie du pays et en particulier la zone amazonienne subit une des pire sécheresses de l'histoire. Une sécheresse qui se conjugue avec de très nombreux incendies.

C'est la pire sécheresse depuis le début des relevés nationaux, il y a 70 ans. Près des 2/3 du Brésil sont en état de stress.

Certains cours d’eau amazoniens sont carrément asséchés. D’autres sont à leur niveau le plus bas, comme le Solimões (qui baigne 24 villes de l’Etat d’Amazonas). Un problème quand les principaux moyens de communication sont les voies d'eau.

Des habitants transportent de l'eau potable de Humaita vers municipalité de Paraizinho, le long de la rivière Madeira, un affluent de l'Amazone, pendant la saison sèche. État d'Amazonas, Brésil, dimanche 8 septembre 2024.

Rita Gomes, 69 ans, réside à Coari, une commune justement sur le Solimões. Elle raconte ses difficultés de déplacement à pied :

C'est très difficile (de marcher jusqu'au fleuve pour ramasser les produits). C'est dangereux de tomber dans la boue, parfois il y a des raies coincées dans le fleuve, alors nous allons lentement et nous devons passer.

Des millions d’hectares partis en fumée

Cette année, 160.000 incendies ont été enregistrés. Une superficie équivalente à celle de l'Italie a été brûlée, dont 6,7 millions d'hectares de forêt amazonienne (1,6% de la plus grande forêt tropicale du Monde)... Des incendies souvent dus à la déforestation. Leur fumée gêne entre autres la vue et donc la circulation sur les voies encore navigables.

Isabel Lima, petite agricultrice venue d’une communauté voisine vendre ses légumes au marché, déplore les risques encourus lors de ses déplacements si elle les fait tôt :

Cette sécheresse nous fait beaucoup de mal. Nous ne pouvons pas venir ici (en bateau) à l'aube (quand ils avaient l'habitude de monter les tentes). On ne voit rien devant nous avec toute cette fumée. Regardez-moi ça ! On ne voit rien. Le danger, si le canoë se renverse, c’est de couler, de mourir. C'est difficile.

Une fumée qui se répand même jusqu'à São Paulo et dans les pays voisins, rendant l’air vicié.

Un plan national contre les risques climatiques extrêmes

En visite en Amazonie, Luiz Inacio Lula da Silva, le président brésilien a annoncé plusieurs mesures d'urgence comme le dragage de l'Amazone, et d’autres à plus long terme. Il a affirmé prendre la question du climat très au sérieux :

Notre objectif est de créer les conditions nécessaires à l'élargissement et à l'accélération des politiques publiques, en commençant par un plan national de lutte contre les risques climatiques extrêmes.

Une autorité climatique va être créée. Cela avait été promis pendant la dernière campagne présidentielle.

En attendant, des pluies significatives ne devraient pas recharger le Solimões avant octobre...