Brésil : Total lâche son projet de recherche pétrolière au large de l'Amapá

Le projet de recherche pétrolière offshore mené par Total au large de l’Amapá a mobilisé l’attention des défenseurs de l’environnement ces dernières années. Le groupe français vient d’annoncer qu’il se retire de son rôle d’opérateur.
Après plusieurs échecs auprès de l’agence environnementale brésilienne, le groupe Total affirme qu’il renonce à son rôle d’opérateur sur cinq blocs d’exploration pétrolière offshore, à 120 km au large de l’Amapá, tout près de la Guyane.
Un projet qui a mobilisé les défenseurs de l’environnement, au premier rang desquels l’ONG Greenpeace. Car la zone convoitée se situe à proximité d’un vaste récif composé notamment de coraux, allant de l’Amazone à la Guyane.
Guyane Ecologie salue cette décision.
Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie
 

« Nous ne pouvons qu’être contents de la décision, qui n’est pas celle de Total mais celle de l’Ibama, l’agence de l’environnement brésilienne, qui a donc refusé de donner l’autorisation des forages, de cinq forages en face justement de l’Oyapock, par rapport aux risques que ça comportait, aux risques technologiques de voir des fuites et remettre en cause le massif corallien et les espèces halieutiques qui sont dans le coin ».

Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie


Mais Greenpeace ne fait pas la même lecture. Car dans sa déclaration, le pétrolier précise qu’un nouvel opérateur devra être désigné. En attendant, c’est bien Total qui conduira les demandes de ses partenaires, Petrobras et BP.
 

« Ce qu’ils disent dans leur communiqué, c’est que : premièrement, le projet est relancé bel et bien, c’est une confirmation, deuxièmement, ils restent actionnaires, et troisièmement ils vont faire en sortent d’obtenir les licences, même s’ils titrent "se retirer" en tant qu’opérateur. Mais opérateur ou pas, on s’en fout, ils sont dedans ». (16)

Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole, Greenpeace France


Greenpeace considère que l’agence environnementale brésilienne, l’Ibama, a perdu son indépendance depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. Pour l’ONG, Total adapte tout simplement sa stratégie, en faisant appel à un autre opérateur.
 

« Le problème majeur des études d’impact de Total, c’était qu’au moindre accident, fuite, marée noire, les courants faisaient en sorte que le pétrole allait vers les côtes guyanaises ou en tout cas au large de la Guyane. L’Ibama qui a changé de directeur depuis n’a plus le même pouvoir, n’est plus aussi indépendant et ne peut pas dire non aux pétroliers comme il le disait avant ». (19)

Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole, Greenpeace France


Le groupe Total se refuse à tout commentaire, mais confirme conserver pour l’instant 40 % des parts du projet.
A terme, le pétrolier laisse entendre qu’il pourrait se recentrer sur ses intérêts dans les gigantesques gisements en eau profonde, situés plus au sud, au large de Rio.
Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole, Greenpeace France


COMMUNIQUE DE TOTAL