La vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Les affiches pullulent sur les axes routiers : une soirée Carnaval Festival Covid saison organisée le 10 novembre dans un lieu tenu secret. Longtemps les rumeurs de fake news se sont propagées. Finalement cette soirée existe bel et bien. Les organisateurs, le SMEG, l’assument. Ils se sont longtemps tus, stoïques, attendant, la fin de la guerre annoncée par Emmanuel Macron. Ils n’ont rien dit durant 588 jours, voyant leurs activités professionnelles mourir à petit feu. C’est l’appel à projets lancé par l’ARS (l’agence régionale de Santé) qui a provoqué l’indignation de ces responsables de l’événementiel en Guyane. Un appel à projets pour l’organisation de fêtes no covid, avec cinq propositions retenues, mises en compétition.
Une profession au point mort
Après deux ans d’inactivité en raison de la crise sanitaire, le constat est accablant. Des entreprises à l’arrêt, des salariés licenciés, des prêts qu’il faut rembourser, des charges qui courent et des aides insuffisantes. L’événementiel est en cessation d’activité et l’urgence pour ces passionnés est de réagir. Ils ont créé un syndicat le SMEG (le syndicat des métiers et professionnels de l’événementiel en Guyane), il y a quatre mois regroupant l’ensemble des professionnels du secteur. Cette organisation est composée de douze membres fondateurs répartis en trois pôles : les gestionnaires de sites, les organisateurs d’évènements et les prestataires liés au domaine de l’évènementiel. Malgré leurs demandes, ils n'ont jamais été reçus par les autorités.
Au tout début, en conseil d’administration du SMEG, nous avons fait le constat suivant : nous ne sommes pas entendus, nous demandons audience auprès des autorités, nous n’avons pas de réponse, il faut réagir. Il faudrait organiser un événement pour attirer l’attention. Au départ, il s’agissait d’un fake pour alerter les institutions avec toute une stratégie de communication. Et puis, nous recevons cet appel à projet qui rouvre les événements. Là nous avons été choqués, c’était vraiment une crise émotionnelle, comment on peut lancer un appel à projet sans nous consulter alors qu’on demande audience depuis des mois, est-ce un affront ? une maladresse ? une volonté de nuire ? Nous ne comprenions pas. C’est comme cela qu’est né le concept de la soirée. Nous nous appuyons sur les événements annoncés par la préfecture et l’ARS sur les différents médias disant que du 1er novembre au 31 décembre, il y aurait des événements tests, que les salles allaient rouvrir d’ici la fin du mois, charge aux salles de faire respecter un protocole sanitaire strict. Nous avons donc compris que cela va se faire et nous anticipons. Aujourd’hui nous devons faire front commun et surmonter cette crise sanitaire. Au lieu d’être divisés, nous devons être unis pour la survie du monde économique guyanais.
Déjà 1 500 inscriptions
Sur le site dédié à cette soirée, lieu tenu secret, en quatre jours 1500 personnes se sont inscrites comme une preuve de désobéissance collective, l’envie de retrouver la vie d’avant et de dépasser une atmosphère anxiogène. Les organisateurs ont mis en place une stratégie de communication et sont dans l’anticipation.
Nous sommes dans une stratégie de communication. Dans mon métier, la meilleure improvisation c’est quand elle est préparée. Si les mesures de freinage ne s’ouvrent pas comme cela a été annoncé, nous serons face à une situation où les autorités jouent avec les nerfs des Guyanais. Et là c’est très grave. Nous vivons tous une forme de souffrance à des degrés divers, on a un sentiment d’injustice. Aujourd’hui il faut apaiser les gens. Il y a également beaucoup de fêtes illégales, un vrai marché parallèle, un monde économique de l’évènementiel parallèle qui ne semble pas avoir les mêmes difficultés que nous professionnels. Comment pouvons-nous être à l’arrêt, et les autres eux, organisent des événements sans que cela ne choque personne. Nous sommes en charge de famille. L’évènementiel c’est un véritable secteur économique. Il y a les métiers de l’événementiel. Certains d’entre nous depuis deux ans, ont perdu des entreprises, licencié des personnes. Certes il y a les prêts de PGE, mais il faut les rembourser. Si nous n’avons pas d’activité, comment procéder aux remboursements ?
Un protocole sanitaire strict
Les professionnels du SMEG gardent évidement secret le lieu de la soirée, qu’ils délivreront à la dernière minute. Un important protocole sanitaire sera mis en place pour que la soirée se déroule dans les règles. Ils savent bien, qu’ils sont en terrain glissant et prennent des risques.
Nous sommes des professionnels, nous savons faire. Nous l’avons déjà prouvé. En quatre jours, nous avons eu plus de 1500 personnes inscrites. Charge à nous de bien les accueillir en toute sécurité, et dans le protocole sanitaire. Dans ce type de soirée, nous avons des chargés de sécurité. Nous transformons un lieu en ensemble qui peut accueillir du public. Et là nous avons un cahier des charges technique très précis. Nous avons plusieurs lieux prévus, ce sera en fonction du nombre d’inscrits à la soirée. Nous sommes dans l’apaisement et nous voulons faire la démonstration de notre savoir-faire après des années d’interruption.
La soirée Carnaval Festival Covid saison est prévue le 10 novembre, dans un lieu tenu secret. Au programme : Mécènes, Blue Stars, Karnivor. Une soirée pour que la vie reprenne, enfin…