A la décharge de Cayenne les chiffonniers sont de plus en plus nombreux à la recherche de nourriture, un phénomène qui scandalise et inquiète l'opinion publique

La décharge des Maringouins à Cayenne
Des hommes et des femmes vont chercher leur nourriture dans la décharge de l’agglomération cayennaise. Ils sont de plus en plus nombreux à survivre ainsi, poussés par la faim. Les pouvoirs publics tentent de trouver une solution à ce phénomène, mais il prend une ampleur inédite.
Dès les premières heures de la journée, au sommet de la plus grande décharge de Guyane un spectacle désolant. Des hommes et des femmes fouillent les ordures à la recherche de matériaux à revendre, mais aussi de nourriture. Parfois au péril de leur vie.
Les chiffonniers en action près du bull
Les lourds engins mécaniques semblent les frôler. Ils sont souvent très jeunes, comme cet adolescent.

«Des fois on trouve des portables, des fils, de la nourriture. De la nourriture aussi ? Oui de la nourriture »


Sa récolte de la journée est rangée dans un sac à dos qu’il emportera à vélo.
 

« Des carottes, des pommes de terres. Là on peut cuire, juste pour manger. Comme on voit, c’est pas expiré. Bon on peut faire la préparation ».


Comme la plupart, de ces personnes il est aussi chiffonnier. Pour survivre, il revend des fils de cuivre.
 

« Là ce sont des cuivres que je ramasse, ça peut un kilo, deux kilos comme ça ».


Une réalité insoutenable qui fait réagir le député Gabriel Serville

Ils seraient près d’une centaine à venir se nourrir de cette façon chaque jour, contre une quinzaine il y a quelques mois. Une réalité insoutenable qui a notamment fait réagir Gabriel Serville, député (Gauche démocrate et républicaine)
«

Ça c’est une situation qui est indigne  de notre République c'est la raison pour laquelle j'ai voulu alerter toutes les institutions qui, de près ou de loin pourraient intervenir rapidement et mettre un terme à une telle situation qui est désastreuse pour l'image de la Guyane mais désastreuse en terme de santé publique, ce n'est pas normal...

 
Ces dizaines de personnes pénètrent sur le site par l’un des nombreux accès qu’elles ont aménagé dans la clôture. Pour mettre fin à ce phénomène, l’agglomération prévoit une nouvelle décharge, plus éloignée de la ville.
Gabriel Serville, député (Gauche démocrate et républicaine) :
 

« Je crois que l’une des solutions seraient que l’on accélère la signature du décret qui va permettre à la CACL de déporter cette installation de déchets non dangereux très très loin des zones urbanisées »

 

Le projet de décharge éloignée de zones urbaines remis sur la table

Le projet est en cours depuis déjà plusieurs années. Les pouvoirs publics affirment prendre toute la mesure de l’urgence. Un nouveau plan d’action doit d’ailleurs débuter dans les prochains jours. Claire Durrieu, sous-préfète au développement économique et social :

« Dès lundi prochain il y a le CCAS de Cayenne qui se rendra sur site avec la préfecture pour faire une enquête sociale, comprendre d'où elles viennent, où elles résident et pouvoir les réorienter vers des dispositifs d’aide alimentaire »

 
Un immense lieu à fouiller
Ce plan prévoit également un rappel des dangers encourus sur le site, et un avertissement sur le caractère illégal d’une présence dans son enceinte. Un second volet va concerner les supermarchés.
 

« Si on peut collectivement éviter qu’il y ait des produits qui se retrouvent en décharge et faire en sorte qu'ils se retrouvent plutôt dans les circuits d'aide alimentaire tout le monde y gagnera. A la fois les personnes dans les circuits alimentaires et celles qui sont aujourd'hui sur le site et prennent beaucoup de risques ».


Une action menée à la fois par la ville de Cayenne, l’agglomération, l’Etat et l’entreprise qui assure la gestion du site.