C’est un grand pas pour les étudiants guyanais en situation précaire. Elle n’a pas encore de nom mais sera portée par la Maison des Jeunes de Guyane. Une épicerie solidaire étudiante verra bientôt le jour sur notre territoire, une grande première. Son ouverture est prévue pour le mois de décembre. Les locaux seront mis à disposition par le CROUS, à la résidence universitaire de Baduel. L’idée d’une épicerie solidaire fait partie des projets de l’Université de Guyane depuis de nombreuses années mais le projet n’a jamais pu aboutir pour diverses raisons.
En mission repérage
Finalement, Gillermo Joje président de l’association la Maison des Jeunes de Guyane et vice-président des étudiants de l’Université de Guyane, a remis le sujet sur la table cette année. Pour développer ce projet, il a été envoyé en « mission repérage » à 8 000 km, en Hexagone, où des réseaux d’épiceries étudiantes solidaires tels qu’AGORAé et ANDES existent depuis de nombreuses années et se développent. S’il a constaté les bienfaits de ces structures, il a également songé aux différences liées à la réalité locale.
Je compte sur l’honnêteté de nos élus et sur leur foi en ce projet. Avec cette épicerie étudiante solidaire, on espère ainsi lutter contre la précarité alimentaire et hygiénique. G.
Des épiceries solidaires prévues
dans d’autres communes
La structure devrait être financée à plus de 90% par des subventions. Les membres de la Maison des Jeunes de Guyane sont justement dans l’attente de réponses de la part des collectivités mais aussi du Ministère des Outre-mer, qui a été sollicité. Pour l’instant, ils ont reçu des retours positifs mais rien n’est signé. Le projet comprend aussi l’ouverture d’épiceries étudiantes solidaires à Saint-Laurent, à Kourou et à Mana. Pour les stocks de denrées, l’association a fait appel aux différentes grandes surfaces de la place. Le choix final se portera vers le fournisseur chez qui l’offre est la plus intéressante.
Un panier
Tous les étudiants de Guyane (boursiers ou non) pourront se procurer un panier à l’épicerie solidaire. Gillermo Joje estime que « la précarité peut frapper n’importe qui ». L’association de la Maison des Jeunes de Guyane a pensé à un système de click & collect pour ces packs composés de produits alimentaires et d’hygiènes. Avant toute chose, les étudiants devront se présenter à l’association où leur statut d’étudiant sera vérifié une seule fois pour toutes les fois suivantes. Ils devront ensuite passer par une plateforme pour commander leur panier et composer son contenu, avant de le récupérer.
La précarité étudiante ne fait que s’agrandir
Cela fait bien longtemps que les étudiants crient à l’aide, la crise sanitaire n’a fait que renforcer leur précarité. Au mois de janvier, lors de la 2e vague du Covid-19, le Secours Catholique a eu besoin de plus de 600 paniers solidaires pour pallier les besoins des étudiants. Habituellement, l’organisme en distribuait 250 au plus fort de la crise. En février, soit un mois après cette première alerte, 650 paniers contenant des produits alimentaires et hygiéniques de première nécessité ont été distribués aux étudiants devant l’Université de Guyane. L’association Humanity First, à l’initiative du projet, avait pu compter sur l’aide du CCAS de Cayenne, de l’université et de la mairie de Cayenne.
Précarité étudiante : un revenu mensuel
médian de 550 euros
Au niveau national, un jeune de moins de 25 ans sur cinq (soit 1,5M) vit en dessous du seuil de pauvreté. A titre informatif, ce seuil est de 1 102 euros par mois et par personne en France. Par ailleurs, un rapport de 2018 sur les conditions de vie des étudiants de Guyane (réalisé par l’Université de Guyane et l’Agence d’Urbanisme et de développement de la Guyane) indique que le niveau de ressources mensuelles médian d’un étudiant inscrit à l’Université de Guyane est de 550 euros par mois. Cela veut dire que la moitié des étudiants vit avec plus que cette somme et que l’autre moitié vit avec moins de 550 euros par mois.
En parallèle, le budget médian alloué au logement est de 322€ par mois, ce qui laisse un budget médian de 228 euros, pour le reste du mois, par étudiant guyanais. En ce qui concerne les aides, 40% des étudiants bénéficieraient de la bourse et 60% d’entre eux disent recevoir une aide financière provenant de leur famille. En revanche, seuls 22% des étudiants inscrits à l’Université de Guyane indiquent avoir une activité rémunérée toute l’année ou de manière occasionnelle (sans compter les étudiants-salariés de l’ESPE). Au niveau national, ce chiffre est de 35%.