Ce lundi matin, à Macouria, c’est le sujet du moment dans les cours de récréation ou devant les grilles des écoles, au moment de déposer les enfants. Les parents d'élèves évoquent des traces de moisissures, de pain pas frais, de muffins moisis. Dernier épisode en date, le plus marquant : des asticots retrouvés dans du nougat.
Mère d’un petit garçon en classe de CP, Wilna Jean-Pierre est inquiète : "jeudi dernier, mon enfant est revenu en me disant "maman, on m’a donné un petit bonbon dans lequel il avait des larves". Moi, je suis adulte, si cela m'arrive, je laisse passer, mais, pour mon enfant, je ne rigole pas. Jusqu’à maintenant, je ne suis pas rassurée par les repas servis. J’attends de connaitre les suites données à cela."
Le même jour, le 26 janvier, dans un courrier adressé au prestataire des cantines, le maire Gilles Adelson parle d’un "grave dysfonctionnement"…Il évoque "des entrées et des desserts livrés avec des larves » et « une étiquette de boîte de conserve retrouvée dans un bac en inox contenant de la viande".
Dix jours plus tard, les représentants des parents d’élèves sont toujours sous le choc. Les parents évoquent aussi une communication officielle tardive de la mairie, quatre jours après l’incident. La commune dit avoir retiré les nougats dès leur découverte dans les réfectoires, puis alerté le prestataire et les autorités…
Les explications de la Sodexo
Depuis la rentrée de septembre, c’est la société Sodexo Guyane qui supervise la cantine scolaire. Nicolas Aguesse, le directeur, répond point par point aux accusations.
D’abord concernant le pain avarié : certes, il y a eu des retards de livraison. Le problème a été réglé, le prestataire a été remplacé.
Ensuite, au sujet de l’épisode des muffins pas frais, servis en novembre dernier. Qu’en est-il ? Réponse de Nicolas Aguesse. "Les fruits à l’intérieur avait donné la couleur à la pâte. Certains enfants qui n’avaient pas l’habitude d’en manger ont été surpris. Mais il n’y avait pas de muffin avarié."
Pour ce qui est des asticots dans la salade de tomates, selon Nicolas Aguesse, c’est faux. "Par contre, effectivement, dans le service du 26 janvier, des vers ont été retrouvés dans les emballages individuels servis en plus du repas (entrée/plat/dessert)." Le responsable de la Sodexo l’assure : tous les lots ont été bloqués. Plus question d’acheter ce produit.
Mais ce dernier incident sème le doute sur l’ensemble des repas servis aux enfants. Et il en faut un peu plus pour rassurer les parents. Des contrôles sanitaires ont été réalisés.
Des contrôles sanitaires
Outre un audit extérieur mené par un cabinet indépendant, la Sodexo a fait contrôler par l’institut Pasteur l’ensemble des repas servis. "Je tiens à rassurer les parents : ils se sont révélés 100% conformes à la réglementation. Tout a été bien contrôlé pour que cela se passe dans les meilleures conditions", explique Nicolas Aguesse.
Je tiens à rassurer les parents : les contrôles de l'institut Pasteur se sont révélés 100 % conformes à la réglementation. Tout a été bien contrôlé pour que cela se passe dans les meilleures conditions.
Nicolas Aguesse, directeur de Sodexo Guyane
Mais tout ceci révèle aussi des incompréhensions, des informations contradictoires, bref un manque de communication.
Les menus ne sont pas affichés ou trop rarement depuis la rentrée de septembre. Et les parents se demandent, du coup, si ils sont équilibrés. La mairie assure qu’ils sont préparés avec des diététiciennes. Elle se veut transparente. "Dès la semaine prochaine, nous allons mettre en place une commission des menus à laquelle les parents pourront participer. Dés cette semaine, nous ferons en sorte que les menus soient affichés dans les écoles", promet Claude Lemki, 6e adjoint au maire délégué à l’éducation.
Le contrat avec la Sodexo n’est pas remis en cause par la mairie. Des pénalités devraient être infligées au prestataire mis en cause.
Quant aux nougats incriminés, ils ont été vendus en décembre à la Sodexo par la Sofrigu, à Cayenne. Selon le vendeur, ils étaient consommables jusqu’en avril, sous vide, d’un aspect normal, conservés dans un local climatisé. Les deux lots incriminés ont été signalés à « Reflets de France », le fabricant, dans l’hexagone.