"on a passé deux mois ici sans rien, on dormait comme cela le soir au bord de la route avec mes enfants, et en plus mes enfants allaient à l'école. Il y a beaucoup de familles ici, nous on est venus ici, à l'arrière pour nous loger. Nous n'avons rien eu depuis un an, on attend. On va à la Sécurité Sociale, on n'a pas de réponse. C'est pour cela que l'on continue à habiter là."Luis et sa famille ont trouvé refuge tout au bout de ce pont, construit sous les vestiges des anciennes baraques du bidonville. Loin des regards, au bout du chemin, des cases minuscules faites de tôles et de récupérations de toutes sortes où ils habitent depuis un an.
Luis, expulsé :
Maria, expulsée en Septembre 2019 :"ils sont déjà venus pour nous dire que l'on a pas le droit d'habiter ici parce que c'est le terrain de quelqu'un, et vous le voyez, c'est marécageux. Je me demande ce qu'ils vont faire de ce grand marécage, je ne sais pas."
Certains expulsés ont été pris en charge par les services sociaux, c'est le cas de Maria, célibataire avec 5 enfants à charge. Maria habitait avant dans le squat de la Mâtine. Expulsions et destructions en novembre 2019 qui ont fait sortir de ce bidonville 800 personnes. Maria fait partie des familles prises en charge. Elle réside depuis 3 mois dans ce meublé et sera bientôt bénéficiaire d'un logement social."c'est ici que j'habite depuis 3 mois, ici c'est la salle de bain."
Maria, expulsée :
Combien sont-ils à être relogés après une expulsion? Un chiffre très difficile à connaître. Les services sociaux de Guyane ont actuellement des directives très précises."j'aurai un T5 mais il faut que j'attende que l'on m'appelle, bon j'attends que l'on me téléphone. J'espère depuis 3 mois. Mes enfants seront mieux logés, avec une chambre pour chacun d'eux. Il y aura de la sécurité dans l'appartement, car à la Mâtine il n'y avait pas de sécurité, c'était une maison de bois."
Albert Rogier, directeur du Centre Communal d'Action Sociale de Rémire-Montjoly :
Mais l'obligation au relogement se heurte à la réalité guyanaise, les habitations font cruellement défaut sur le territoire. Des familles attendent ainsi depuis des années, l'attribution d'un appartement. Au regard de l'augmentation de la population, il faudrait construire en Guyane 4400 logements par an, seulement 1400 sortent de terre chaque année, loin du compte, alors que la préfecture de Guyane annonce le démantèlement d'un bidonville tous les mois."les directives de la préfecture, c'est la prise en charge et le suivi du relogement de ces personnes dès lors que les critères d'éligibilté sont valides."