Squat : trouver un logement après l'expulsion

Des centaines de familles sont aujourd’hui concernées en Guyane par des expulsions et la destruction du bidonville dans lesquelles elles résidaient. La préfecture de Guyane a annoncé une montée en puissance du nombre des expulsions. Mais où vont les expulsés après la démolition de leurs maisons?
Il y a un mois vivaient encore ici 400 familles, que sont-elles devenues? Certaines ont trouvé refuge auprès de leurs proches, mais la plupart sont à la recherche d'un toit. C'est ainsi après chaque destruction d'un bidonville en Guyane. L'ancien squat du Cateco, destruction Mars 2019, le terrain est aujourd'hui vide de toute occupation illégale, et bien souvent les expulsés ne vont très loin, car les enfants vont à l'école du quartier. C'est le cas de cette famille expulsée, il y a près d'un an. Elle vit aujourd'hui à quelques mètres de là.
Luis, expulsé :
"on a passé deux mois ici sans rien, on dormait comme cela le soir au bord de la route avec mes enfants, et en plus mes enfants allaient à l'école. Il y a beaucoup de familles ici, nous on est venus ici, à l'arrière pour nous loger. Nous n'avons rien eu depuis un an, on attend. On va à la Sécurité Sociale, on n'a pas de réponse. C'est pour cela que l'on continue à habiter là."

 

Luis et sa famille ont trouvé refuge tout au bout de ce pont, construit sous les vestiges des anciennes baraques du bidonville. Loin des regards, au bout du chemin, des cases minuscules faites de tôles et de récupérations de toutes sortes où ils habitent depuis un an.
Luis, expulsé :

"ils sont déjà venus pour nous dire que l'on a pas le droit d'habiter ici parce que c'est le terrain de quelqu'un, et vous le voyez, c'est marécageux. Je me demande ce qu'ils vont faire de ce grand marécage, je ne sais pas."

Maria, expulsée en Septembre 2019

"c'est ici que j'habite depuis 3 mois, ici c'est la salle de bain."

Certains expulsés ont été pris en charge par les services sociaux, c'est le cas de Maria, célibataire avec 5 enfants à charge. Maria habitait avant dans le squat de la Mâtine. Expulsions et destructions en novembre 2019 qui ont fait sortir de ce bidonville 800 personnes. Maria fait partie des familles prises en charge. Elle réside depuis 3 mois dans ce meublé et sera bientôt bénéficiaire d'un logement social.
Maria, expulsée :

"j'aurai un T5 mais il faut que j'attende que l'on m'appelle, bon j'attends que l'on me téléphone. J'espère depuis 3 mois. Mes enfants seront mieux logés, avec une chambre pour chacun d'eux. Il y aura de la sécurité dans l'appartement, car à la Mâtine il n'y avait pas de sécurité, c'était une maison de bois."

Combien sont-ils à être relogés après une expulsion? Un chiffre très difficile à connaître. Les services sociaux de Guyane ont actuellement des directives très précises.
Albert Rogier, directeur du Centre Communal d'Action Sociale de Rémire-Montjoly

"les directives de la préfecture, c'est la prise en charge et le suivi du relogement de ces personnes dès lors que les critères d'éligibilté sont valides."

Mais l'obligation au relogement se heurte à la réalité guyanaise, les habitations font cruellement défaut sur le territoire. Des familles attendent ainsi depuis des années, l'attribution d'un appartement. Au regard de l'augmentation de la population, il faudrait construire en Guyane 4400 logements par an, seulement 1400 sortent de terre chaque année, loin du compte, alors que la préfecture de Guyane annonce le démantèlement d'un bidonville tous les mois.
©M.Berthomé