Interdiction de la chasse à Roura : que dit vraiment le nouvel arrêté municipal ?

Église Saint-Dominique de Roura (Guyane)
Suite à plusieurs signalements de riverains inquiets d'entendre des coups de feu et de voir des chasseurs en arme déambuler dans le bourg, la mairie de Roura a décidé, le 5 septembre, d'interdire la chasse avec arme à feu aux abords des zones habitées de la commune.

Peut-on encore chasser des iguanes à Roura ? Un arrêté municipal daté du 5 septembre et partagé sur les réseaux sociaux a suscité de nombreuses réactions, souvent d'incompréhension de la part des riverains.

Si le texte mentionne bien une interdiction de chasser, celle-ci ne concerne pas l'ensemble de la commune comme certains habitants ont pu le croire, mais seulement "les zones et lieux habitables du bourg", les "sites touristiques" - la crique Gabriel par exemple - et les "zones protégées" de la commune comme la réserve naturelle nationale de Kaw-Roura.

Si la rédaction de l'arrêté peut prêter à confusion, les zones d'habitations hors du bourg - à l'entrée de la route de Kaw par exemple - mentionnées dans un article à part de l'arrêté sont bien concernées par l'interdiction. Le but est à la fois "de préserver la faune locale et de garantir la sécurité de tous", justifie la mairie dans son communiqué. 

"Nous n'interdisons évidemment pas la chasse sur l'ensemble de la commune mais seulement auprès des zones habitées car nous estimons qu'il n'est pas normal de voir des gens se promener avec un fusil, qui n'est parfois même pas cassé, au milieu des habitations, au même endroit où les enfants jouent dehors", justifie Jean-Claude Labrador, le maire de Roura. 

Cet arrêté fait suite à plusieurs alertes lancées par des habitants inquiets d'entendre des "coups de feu", à proximité de leur habitation ou de voir déambuler des chasseurs armés près de leur jardin.

La mairie évoque "sept alertes" sur les "deux dernières semaines" alors même que la capture d'iguane, espèce la plus chassée dans le bourg, n'est plus autorisée depuis le 1er septembre - elle reprendra le 1er janvier, à la fin de la période de reproduction. Ce qui rendait ces actions de chasse totalement illégales, même avant la publication de l'arrêté.

Un bourg qui s'urbanise

"Je ne suis ni pour, ni contre la chasse en soi mais elle ne peut pas être tolérée dans les rues. Il y a des risques, des balles qui peuvent ricocher. Si la chasse doit se faire, c'est à la main, sans armes", estime un habitant de longue date à l'origine d'une des alertes. L'arrêté concernant les armes à feu, la capture manuelle des lézards sera toujours autorisée à condition de le faire pendant la période adéquate.

La chasse à l'iguane est interdite pendant la période de reproduciton, du 1er septembre au 31 décembre

  

SI la chasse au fusil, des iguanes ou, plus à la marge, des oiseaux dans le bourg, est loin d'être un phénomène nouveau, elle devient de plus en plus problématique à mesure que Roura s'urbanise - la population a doublé en 25 ans, atteignant désormais 3500 habitants.

Pour faire respecter cette restriction de chasse, la mairie annonce que la police municipale effectuera des contrôles et appelle l'Office français de la biodiversité (OFB) à accroître sa présence sur la commune.

Des biens sans maîtres

Roura compte par ailleurs s'attaquer au problème des maisons abandonnées et à leurs terrains non entretenus où prolifèrent les lézards. La commune annonce réfléchir en ce moment au recrutement d'un poste chargé de recenser les "biens sans maître" sur la commune afin de les réquisitionner.

Concrètement, il s'agit des biens en succession ouverte depuis plus de trente ans et ceux sans propriétaires connus dont les taxes foncières n'ont pas été acquittées depuis plus de trois ans. La commune peut, à l'issue d'une procédure, récupérer ces biens et choisir de les restaurer ou de les détruire, et éviter ainsi que ne s'y développe un vivier d'iguanes faisant de l'œil aux chasseurs locaux.