Le Centre spatial guyanais en situation d'échec
Le Centre Spatial Guyanais est visiblement dans la tourmente avec une activité spatiale européenne au ralenti depuis plusieurs mois, en raison des incidents qui s'accumulent pour Arianespace et ses différents lanceurs. Mais Marie-Anne Clair, la directrice du CSG relativise :... Nous avons un peu perdu le sourire en 2020 entre la crise Covid et l'échec Vega de la semaine dernière. Mais, on ne désespère pas, il y a beaucoup de choses qui se préparent pour le futur, ce n'est pas le début de la fin , c'est le début des difficultés effectivement...
Pour la directrice, l'échec fait aussi partie de l'activité spatiale, il faut en tenir compte et savoir rebondir. Sur le lanceur Vega, il faudra trouver l'anomalie et la corriger.
En 2019 un budget de 140 millions d'euros a été voté pour rénover la base en vue de l'arrivée d'Ariane 6, les perspectives existent, donc.
Toutefois, à l'échelle européenne, certains acteurs du spatial, s'interrogent sur la nécessité de continuer à effectuer des tirs à proximité de l'équateur. Ce qui rend le CSG contournable au bénéfice de l'Afrique.
Sur ce point, Marie-Anne Clair oppose un autre point de vue :
J'ai plutôt entendu parler d'un certain nombre de pas de tirs potentiels en Europe continentale, notamment en Suède, en Norvège, aux Açores... des sites pour des petits et micro lanceurs qui n'existent pas encore sur le marché, en cours de construction. Ils ont également choisi Kourou comme base de lancement ... notamment RFA qui, selon le type d'orbite, sera à Kourou où en Norvège...
Le spatial européen fait face à la concurrence féroce de l'américain SpaceX
Le CSG qui vit une période difficile de son activité fait aussi face à une concurrence féroce de l'américain SpaceX qui surfe, lui, sur une vague de succès et occupe désormais la place de leader du spatial.Une situation délicate qui inquiète les européens qui surveillent leur concurrent depuis des années. La réponse est apportée par la fusée Ariane 6 qui aura un coût d'achat deux fois inférieur à celui d'Ariane 5 mais précise la directrice :
Je ne vais pas vous faire de la langue de bois, la situation n'est pas confortable. La donne a changé et les américains sont clairement rentrés dans le monde commercial et nous imposent une compétitivité accrue...
Une situation sociale tendue
A cela s'ajoute une situation sociale tendue à la base spatiale où les agents s'attendent à un plan social.L'un est consécutif de l'autre. C'est vrai que la base de nombre de lancements par an inquiète les salariés de la base. Mais nous n'avons pas que la baisse des cadences de lancements nous avons aussi des projets en préparation avec la rénovation du centre .. on travaille beaucoup à se diversifier . Nous rencontrons les organisations syndicales début décembre et nous allons discuter avec eux de la situation. Il y aura des décisions à prendre. Nous essaierons de les rendre les plus faciles possibles pour les salariés...
La mise en place d'un groupe de travail Cness/Arianespace pour rationnaliser le travail fait partie des inquiétudes des personnels qui y voient la supression annoncée de postes de travail donc d'emplois. La directrice y voit avant tout :
Non il ne faut pas y lire suppression de postes car il y a de nouveaux projets. Nous avons besoin d’ingénieurs ce n'est pas nouveau. Nous discutons avec Arianespace de la meilleure façon de mener en commun les activités que nous partageons. Il y a une interface entre ces deux entités. Nous essayons de rationaliser les activités... La question du nombre de lancements va conduire à des difficultés mais ce groupe de travail, de mon point de vue, pas du tout...
Toutefois, le CSG a passé un nouveau marché avec une société qui propose une réduction des effectifs de 30%, ce qui correspond à la suppression de 9 emplois. Sur ce point, la directrice admet que les discussions sont en cours. Parmi les personnes concernées certaines sont en âge de la retraite, d'autres ont des projets personnels sur lesquels elles pourraient être aidées.
En conclusion, Marie-Anne Clair déclare que le Cnes demeure un des moteurs de l'activité sociale, notamment, en Guyane :
Nous avons énormément de démarches d'aides dans le développement économique et social sur un certain nombre de sujets . L'exemple emblématique c'est le Fablab de Kourou orienté sur l'utilisation des données de satellites de façon à pouvoir développer des applications sociétales comme google map. En Guyane les jeunes et les moins jeunes ont tout ce qu'il faut pour pouvoir se lancer dans ce nouveau marché de la donnée...