« La Guyane et l’or XIXe – XXIe siècles « a été édité au mois de septembre. C’est un livre de 200 pages avec 500 documents à l’intérieur, distribué gratuitement dans tous les établissements scolaires par la Collectivité Territoriale de Guyane. Déjà les inscriptions au concours « Le Jeune Historien Guyanais » affluent se réjouit Jacqueline Zonzon, professeure d’histoire et membre de l’association des professeurs d’histoire-géographie.
Une connaissance de l’histoire guyanaise essentielle pour tous les élèves d’où qu’ils viennent…
« Aujourd’hui nous avons plus de 1900 candidats : 1650 pour le primaire entre 250 et 300 pour les collèges et attendons une quarantaine d'inscriptions de l’Université. C’est dans l’enseignement primaire qu’il y a une très forte mobilisation de quelques conseillers pédagogiques et des enseignants. Les candidats sont très nombreux à Saint-Laurent, Mana, Kourou, Macouria, Montsinéry-Tonnégrande, Matoury, Rémire-Montjoly et Régina. Cela est plus difficile ailleurs. »
L’engagement assidu de l’association des professeurs d’histoire-géographie dans la réalisation du concours porte sur deux principes jamais remis en cause :
« Nous avons assuré onze éditions successives avec la sortie d’un ouvrage chaque année et avec de plus en plus de candidats au concours. Il nous est apparu indispensable que les élèves connaissent l’histoire de la Guyane. Cela nous paraissait fondamental pour tous les élèves d’où qu’ils viennent pour leur permettre de mieux s’intégrer dans la société guyanaise. Il faut absolument connaître le passé de l’ensemble du pays dans lequel ils vivent. C’était notre principe de base. Pour notre deuxième principe, une année sur deux nous souhaitions alterner une question d’histoire générale et une question d’histoire propre à l’esclavage. Car l’esclavage a quand même été déterminant dans le fondement de la société guyanaise, donc une année sur deux nous avons travaillé sur l’esclavage et le reste du temps sur les thèmes plus généraux de l’histoire guyanaise. »
L’or : élément majeur de la société guyanaise
Pour 2024, la thématique de l’or a semblé judicieuse d’autant qu’elle s’appuie sur une particularité bien guyanaise explique Jacqueline Zonzon :
« Au lendemain de l’abolition de l’esclavage alors que les autres colonies esclavagistes de plantations ont continué leur parcours de colonies agricoles cela n’a pas été le cas de la colonie guyanaise. La Guyane avec la découverte de l’or en particulier, il y aura aussi le bagne, a complètement rompu avec cet aspect de colonie agricole pour s’orienter vers une colonie minière. La découverte de l’or et le développement de la recherche aurifère ont amené de nouvelles personnes en Guyane qui a produit le mélange de la population guyanaise. Les Guyanais eux-mêmes se sont lancés dans la recherche aurifère à l’intérieur des terres au 19e siècle vers les années 1880 puis sont arrivées des vagues de migrants saint-luciens, antillais, surinamais, brésiliens. Des vagues qui continuent aujourd’hui de façon différente. »
La professeure explique à quel point il est nécessaire d’apporter aux élèves les éléments d’analyse sur ce que l’orpaillage a pu amener comme transformation de la société guyanaise au fil des siècles :
« Nous avons voulu montrer que la Guyane est liée à l’histoire de l’or depuis 1855 avec la découverte de l’or sur l’Approuague mais qu’aujourd’hui il y a toujours un élément extrêmement important entre la recherche aurifère légale et illégale. Nous avons voulu mettre en lien la vie des premiers chercheurs d’or et la vie actuelle des orpailleurs légaux et illégaux, les méthodes de travail d’autrefois et d’aujourd’hui. Nous voulions donner aux élèves les éléments entre hier et aujourd’hui afin qu’ils réfléchissent à l’apport que peut avoir ou pas l’or dans la société guyanaise. L’or a eu un apport énorme dans les traditions notamment avec la fabrication des bijoux qui étaient portés par beaucoup de personnes ce qui a été complètement modifié aujourd’hui. »
Un regret : l’engagement timide du rectorat malgré le bilan très positif de ce concours
En général le concours se termine aux alentours du 10 juin et la CTG procède à la remise des récompenses pour 1000 à 1200 élèves indique Jacqueline Zonzon. Les professeurs se remettent à écrire dès le 1er juillet afin que le prochain ouvrage sorte début septembre.
Un nouvel ouvrage verra-t-il le jour pour cette année ? Cela n’est pas certain :
« Nous réfléchissons à la pérennité du concours car il nous semble que les instances académiques ne sont pas extrêmement préoccupées par ce sujet. Nous souhaiterions un soutien plus marqué non pas des enseignants mais du rectorat. ».
En clair, l’association des professeurs d’histoire et géographie voudrait une institutionnalisation de ce concours au niveau de l’académie afin qu’il soit pérennisé quelles que soient les personnes en poste.
Nota Bene : cet ouvrage qui s’adresse au public scolaire est aussi un ouvrage de vulgarisation pour le grand public à se procurer en librairie.