#Confinement : Moi Savon, je jure de servir !

Mes chers amis, je dois vous avouer que je jubile. Enfin de l’action depuis l’apparition des gestes barrière. En tous cas pour moi et pour mes congénères.
Depuis un mois, je suis soudainement devenu le partenaire santé idéal. Pire, indispensable !
Moi qui m'étais habitué depuis des lustres au mépris, à l’ignorance et au rejet !
En pain, en liquide, en gel, qu’importe, il y a des cercles où je n'étais franchement pas le bienvenu. Sous peine le cas échéant de provoquer la peur. Vous imaginez, la peur !On m’a viré des shampoings, shampooings sans savon, dégagé des crèmes lavantes, crèmes lavantes sans savon, sorti des gels douche, gels douche sans savon, évacué des savons eux-mêmes, savons sans savon !!!
Et je m’y étais fait, me contentant d’apprécier l’idée que des gens peut-être moins sensibles, plus soucieux de lavages efficaces, moins fortunés (parce que tous ces produits SANS coûtent plus chers), moins influençables aussi optent pour du vrai savon, du savon AVEC savon. 

Quel ne fut donc pas mon étonnement, ces encouragements à se laver les mains fréquemment, le visage, le corps, les vêtements, les surfaces, les outils, les objets … Sans restriction.
Savon avec savon de préférence. Me voilà donc au cœur de l’attention car on veut de l’efficacité.
J’entends même : «Qu’importe la qualité de l’eau, c’est le savon qui compte ! » Waouh. 
On parle de fabrication et de rupture de gel hydroalcoolique mais pas de savon puisque les stocks sont énormes.
Du savon sous toutes les formes possibles ne manque pas.
Ouvrez les réserves, distribuez-en à la terre entière.
Parfumés, colorés, soyeux. Faites entrer couleurs et senteurs dans les foyers et autres milieux professionnels.

Ne se laver qu’une fois par semaine pour « préserver le microbiote cutané » et un peu de saleté, entrer et sortir des toilettes sans se laver les mains et pourquoi pas au passage serrer une main ou deux, tous les manquements aux règles d’hygiène élémentaires sont très sérieusement et partout dans le monde en même temps mis à l’index.
Du savon, il en faut coûte que coûte. Le monde entier me tend les bras. Je suis le bienvenu, je suis plébiscité. On me réclame partout. Je tiens ma revanche.
C’est mon heure de gloire. Je n’en reviens pas et j’en suis heureux. 
Enfin plus de propreté.

Quand j’entends une responsable de la santé dire publiquement qu’elle ne se lavait pas les mains dix fois par jour avant la pandémie du covid-19, j’ai les molécules en ébullition et je me dis que j’ai des pains de savon sur la planche !

Comme pour tout et quelque soit le sens, c’est l’abus qui nuit. Alors merci de vous en souvenir et de ne pas me reléguer dans les bacs de rangement qui meublent votre débarras une fois la menace du covid-19 dissipée.
Je veux croire que d’ici là, j’aurai gagné votre confiance et que les habitudes de propreté auront définitivement pris leurs quartiers chez vous et chez les malpropres.